Devinette : quel est l’animal que le brouillard fait sortir de sa tanière ?
Non, ce n’est pas le sanglier, ni le renard, ni le canard sauvage.
C’est le Randonneur nancéien, de l’espèce des bipèdes sans plume, comme disait Aristote (véridique, c’est ainsi qu’il définissait l’homme, le grand philosophe : soyez donc flattés) !
La preuve : ce matin, un brouillard à couper au couteau, visibilité minimale, fraîcheur de saison… Résultat : on a rarement été aussi nombreux à pédaler de concert. Au rendez-vous, on est déjà 24, dont trois invités : Marc H., Bernard S. et un petit nouveau, Gérard Fleschel, qui nous avait contactés dans la semaine, grâce à notre site – il avait l’habitude de rouler avec un ami (qui ne peut plus rouler), et il ne serait pas mécontent de trouver des compagnons de sortie. Bienvenue à lui !
Puis Nono le Champi nous rejoint grâce à la crevaison du jour, celle d’un récidiviste : Jean-Mimi, ou tu achètes des pneus neufs, ou tu cesses de rouler sur des trucs pointus ; en plus, tu es prié de réparer du premier coup, vu qu’en deux semaines, tu viens de nous faire une double double (comme on dit au basket). Bref, un bon quart d’heure de retard, va falloir mettre la gomme, qu’on se dit. Mais dans la purée, c’est pas évident, on n’y voit vraiment pas grand chose.
A ce sujet, une bonne remarque de Jean-Marie, chargé de la sécurité dans le Bureau actuel: certains ont pensé à mettre leur éclairage (offert gracieusement par le club), pas tous, loin de là, mais ce qui fait vraiment la différence quand on n’ y voit goutte, c’est le gilet réfléchissant. Il a mille fois raison, Jean-Marie, à l’arrière du peloton, on ne distinguait pas les feux rouges posés sur les vélos, mais ces gilets, ou ces vestes, jaunes fluo, oui, très bien. Et la circulation automobile était loin d’être nulle ce matin, le danger était réel. Donc, la prochaine fois que le brouillard vous fait sortir du plumard, pas même besoin de réfléchir : le réfléchissant ! Le gilet fluo ! Comme ça, y aura au moins quelque chose qui réfléchit sur le biclou…
Des Randos de sortie dans la purée de pois de ce matin, il y en a eu au moins deux autres, puisqu’on a eu le plaisir d’apercevoir Patrick C. (oui, le célèbre Doigteur), convalescent depuis si longtemps, et même Minimax sur la fin, qui avait dû hésiter à partir en manœuvre par un temps pareil (dans l’Armée, on est brave mais prudent). Le compteur est donc monté à 27 participants. Vive le brouillard !
A moins que, me souffle Patrick (l’autre, le Patou des Corbières), que l’explication soit plus prosaïque : c’était la première sortie qui démarrait à 9h… pas besoin de se lever tôt !
Malgré la visibilité presque nulle, et grâce à notre très expert et mutualiste vélo-balai de la Toussaint, Marco le Kosto, on a réussi à atteindre la pause de Pettoncourt tous ensemble, après avoir été plus occupés à discuter le bout de gras qu’à admirer les paysages – absents, les paysages, disparus, envolés – et comme aurait pu ajouter un confrère d’Aristote (Berkeley, qu’il s’appelle, un angliche) : si être, c’est être perçu, ce qu’on ne perçoit pas, comment être sûr que cela existe ? Qui nous dit que la lampe du frigo est éteinte quand la porte est fermée ? Ou que l’épouse est à la maison quand l’époux n’y est pas ? Ou que Dieu existe alors qu’on n’en a jamais vu la barbe ni les mollets ?
Vous avez une semaine pour vous plonger dans cet abîme métaphysique. C’est redoutable. Mais vous n’en serez que plus réfléchissants ! Souvenez-vous, l’homme est un roseau réfléchissant, qu’il disait, le Blaise.
Après la pause ? Un petit groupe à l’arrière, un autre petit groupe à l’avant du peloton principal, vu que les Bouxiérois avaient un tournoi de belote à midi, avec gain d’une caisse de Saint-Véran à la clé, on comprend donc leur hâte – au fait, on a la réponse : le 4e à la belote, c’est le Bernard, le Montagnard émérite. On est contents pour eux. Bref, on a fait trois groupes après la pause, deux petits et un grand. Mais Gégé le Valeureux, il avait pris un chemin de traverse : de peur de rentrer trop tard à la maison ? Non, je plaisante, j’ai eu des retours de mon message aux épouses de la semaine dernière : elles comprennent très bien qu’après l’heure c’est encore l’heure, et que du moment qu’on est de retour avant la nuit, et qu’on ne sent ni la vinasse ni le parfum, on est pardonnés… Merci, mesdames, vous êtes admirables, on reste ensemble.