Les roupilleurs se posent des questions. Il convient donc de leur apporter des réponses.
1) Quel temps fit-il ce matin ? Un bon temps pour rouler : plutôt doux, sans vent, sans pluie. On a certes roulé dans l’humidité, mais pas sous les eaux : les nuages avaient vidé leur sac pendant la nuit, il ne restait rien à déverser ; on a eu de la brume, mais aussi du soleil.
2) Combien pour en profiter ? Onze Randos au départ plus un Ostrogoth de nos amis, un Francis esseulé, abandonné par sa moitié, le toubib se faisant porter pâle (un comble). Ce sont choses qui arrivent dans tous les couples… te bile pas, Francis, tu le reverras ton Jean-Mimi. Moi, c’est le Patou qui m’a fait faux bond, le faux frère. Gégé ayant tôt terminé sa visite de courtoisie, et Francis étant pressé de rentrer (un brin chagriné, tout de même), c’est à dix que l’essentiel du parcours fut effectué.
3) Qui s’est offert ce bon bol d’air ? Les deux Guillaume (qui vont devenir officiellement membres du club – depuis le temps qu’ils roulaient à nos crochets, c’est bien le moins) ; et les uniques Christophe, Stéphane, Marc, Amico, Alain (autre néo-Rando), Gaby, Jean-Marie B., et moi-même. La crème de la crème, c’est vrai, nous sommes d’accord.
4) Et le tempo, quel fut-il ? Excellent, ni trop lent ni trop élevé, un bon petit tempo d’hiver, juste de quoi entretenir nos précieux organismes, et de quoi pédaler à l’unisson. L’hiver a ses bons côtés. On ne se déglingue pas la carcasse. On a le temps de causer, et on ne s’en prive pas.
5) Des incidents ? Aucun, ni glissade ni crevaison ; et pas non plus de conducteur cinglé, ni d’animaux sauvages nous coupant la route, ni de chasseurs nous prenant pour des lapins. On en a aperçu un, de chasseur, il avait une veste multicolore si voyante qu’il devait faire fuir de très loin le gibier ; et à en juger par sa trogne de poivrot, sûr que son haleine ne devait pas non plus les attirer, les sobres bêtes. J’ajoute qu’à Domèvre-en-Haye, il n’y avait pas foule dans les rues, pas un seul couillon qui se serait trompé de date, puisque ce n’était pas le jour de la très fameuse « foire aux roubignolles ».
Je réponds maintenant à la question que personne ne m’a posée : qui ai-je rencontré sur la route lors de ma petite balade solitaire de vendredi ? Un jeune cycliste qui m’a d’abord doublé, puis attendu, au motif que ce serait plus sympa de faire route ensemble. Et de bavarder. J’ai donc appris que ce petit jeune appartenait à une famille de champions, étant le neveu de Pascal et Jean-Michel Lance, et le fils de Patrick. Lui-même fait de la compétition (avec succès), il vient t’intégrer le team Macadam cowboy. Sans pour autant songer à une carrière pro. Mais ce qui m’a touché, outre que le garçon est affable et courtois, c’est qu’il mène parallèlement des études de philosophie (il est en Master 2e année), à Nancy, sur le campus où j’ai poursuivi jadis les mêmes études (avant de me convertir aux Lettres) … il y a de cela un demi-siècle. Etrange rencontre, par-delà les années. J’aurais pu le prendre pour une sorte de double, un autre moi-même, s’il n’y avait pas entre nous une petite différence : lui, dans le cadre de sa préparation hivernale, il est allé grimper le raidard de Villey-le-Sec sur le grand plateau !
Reynald