Beaucoup de réveillonneurs, peu de réveillés : six nous étions, pour accomplir le pèlerinage de Noël, frère Marcel et frère Christian, le chanoine Gabriel, le père Stéphane, le révérend Pierre et le scribe. Le pèlerin de Compostelle, Noël de son prénom, manquait à l’appel : une honte. Ce que nous avons fait ? Nous avons roulé et prié pour vous (qui confondez fête de la Nativité et grosse bouffe, autre sujet de honte).
Ce saint dimanche était aussi le dernier dimanche de l’année, et le premier après le solstice. On est entré dans l’hiver, les jours rallongent, on va vers la lumière. C’est pourquoi bien des fêtes antiques, et donc païennes, se déroulaient en cette période : Saturnales, culte de Mithra, culte du Soleil (Sol invictus)… et plus tardivement le Noël chrétien, la date du 25 n’ayant été retenue qu’au IVème siècle pour fixer la naissance de Jésus. C’est donc le passage du solstice, le retour du soleil et de la lumière qui dans tous les cas était l’événement décisif. Et qui le demeure. Ce matin, malgré les nuages, nous avons eu notre moment de soleil.
Dimanche prochain on aura basculé dans l’année nouvelle. L’an 2017, après Jésus-Christ. Pour mémoire, c’est seulement au VIème siècle, que le moine Denys a inventé cet étrange calendrier fondé sur un calcul approximatif de l’année de naissance du Christ. On s’est donc mis, dans l’Occident christianisé, à redater toute chose après coup, l’avant et l’après JC. En réalité, on s’est aperçu un jour que le bon moine s’était trompé de 6 ou 7 ans dans ses calculs : trop tard, son calendrier s’était imposé quasi universellement.
Dès le siècle suivant, la nouvelle religion instaurée par Mahomet allait à son tour se donner un calendrier, la date-pivot étant celle de l’Hégire (l’exil à Médine des premiers disciples et de leur prophète), date qui correspond pour nous à l’an 622 – et qui a été elle aussi fixée après coup, par le calife Omar. Comme de leur côté, les Juifs continuent de se référer à une date bien plus ancienne, mais elle aussi fixée tardivement (au IVème siècle de notre ère), on peut tirer de toute cette affaire une grande leçon de relativité.
L’an prochain nous serons donc en 2017, mais aussi en 1438 et en 5777. Il suffit de s’entendre, mes amis, mes frères, mes sœurs, quel que soit le nom qu’on invoque : Dieu, Allah, Yahvé… Ou le Soleil (dont le point commun avec le vélo n’échappe à personne : les rayons font leur force). Fêtez et festoyez en paix !
Reynald
PS 1 : dimanche prochain, il y aura surabondance de réveillonneurs, avinés et empâtés, et pénurie de réveillés. Moi, je me ferais bien une petite sortie de récupération dans l’après-midi. Si la météo est favorable, si le cœur vous en dit, et l’estomac, rendez-vous à 13h30 Porte Désilles.
PS 2 : Francis a pu rentrer chez lui, il peut alterner lit médicalisé, déambulateur, fauteuil roulant et béquilles… tout le monde ne peut pas en dire autant. Son moral est bon, même si son bassin le bassine.