• Sortie du 8 mai : Une randonnée de charme

Première sortie vraiment printanière, une certaine douceur dès 8h, un bon soleil ensuite, un vent plutôt discret… on n’avait pas connu pareille fête depuis bien longtemps. Ce qui a poussé quelques abstentionnistes de plus ou moins longue durée à réapparaître : Eric, dit le commissaire Maigret, enfin remis d’une vilaine sciatique, Patrick, le kiné au doigt d’or, Jacques, le Vosgien ailé, Franck, le dentiste carpinien (eh oui, je n’invente rien), Marcel, de retour de son stage dans le Beaujolais (bonjour les dégâts). Nombre de pédaleurs de l’Ascension étaient également au rendez-vous, quelques-uns manquaient, dont le président et ses fidèles compagnons du Pont fleuri, tandis que d’autres l’avaient manquée, la traditionnelle et immanquable grande randonnée annuelle de notre club. En tout, une bonne vingtaine de pédaleurs ont répondu présents, pour parcourir la vallée de la Moselle, dans les deux sens, du tout plat rive gauche, puis du petitement vallonné rive droite.

Ce fut donc un parcours peinard, avec un semblant de grimpette à mi-chemin, à l’occasion de l’aller et retour au Haut du Mont, lieu de mémoire de la bataille de Lorraine en 1914, large point de vue sur la vallée, sur la cité de Charmes (celle des Carpiniens, vous avez la réponse) et les contreforts des Vosges. Une sortie d’abord très fluide, unitaire, rapide mais sans excès, jusqu’à ce qu’à la vue de la grimpette, Stéphane se dise « Plutôt crever ! ». Et donc il creva, répara, et recreva. D’où un certain émiettement du peloton au retour, les uns attendant le facétieux crevard, les autres, peu sûrs de leur état de forme, préférant aller de l’avant. Mais tous, à n’en pas douter, ont apprécié à sa juste mesure cette première sortie presque idéale, cette randonnée qui ne manqua pas de charme.

Comme c’était le 8 mai, on a aperçu des cérémonies de la Victoire. Ce qui me fait dire, une fois de plus, que si le vélo est toujours une leçon de géographie, et de topographie, c’est toujours également une leçon d’histoire, il suffit de creuser un peu. Un seul exemple, la cité de Charmes, deux fois traversée aujourd’hui : dès le Xe siècle, on y édifia une enceinte fortifiée pour se protéger des raids hongrois ; en 1475, elle fut pillée et incendiée par Charles le Téméraire, alors en guerre contre le duc de Lorraine ; deux siècles plus tard, Lorrains et Français ne mettaient toujours pas leurs oeufs dans le même panier, et la ville fut à nouveau incendiée, par les Français (en 1635). Pour mémoire, le rattachement définitif de la Lorraine à la France ne remonte qu’à 1766. A l’échelle de l’Histoire, nous sommes des Français de fraîche date. Et puis, les deux guerres mondiales sont aussi passées par Charmes. En septembre 1944, alors que pour eux la fin est proche, les Waffen SS pillent, brûlent, massacrent, et déportent plus de 150 personnes, dont une centaine ne reviendra pas.

Soyons plus légers : saviez-vous que la levrette fut une spécialité de Charmes ? Et que la levrette figure toujours dans son blason ? Mais ne vous méprenez pas, la levrette était une confiserie chocolatière… vous allez me dire… je vous arrête !
Charmes vit naître Maurice Barrès, dont je vous ai conté naguère le périple à bicyclette le long de la Moselle, un pionnier, en somme. Et comme nous sommes aussi passés par Chamagne, j’espère que vous avez eu une pensée pour le peintre Claude Gellée, dit « Le Lorrain », natif du lieu, et éventuellement pour la royale Ségolène, autre native, sans oublier que notre Patou des Corbières a joué là enfant avec les nombreux frères de la future candidate à la présidence de la République. Eh oui, la grande Histoire et la petite histoire, on s’y promène dès qu’on enfourche son vélo.
Reynald
PS : j’ai oublié de donner dans mon compte rendu sur la sortie de l’Ascension d’indispensables précisions (Marcel, le beaujolman, me l’a fait remarquer) : nous étions 18 pédaleurs, nous avons mangé de la flammeküche et du baeckoeffe, Alsace oblige, nous n’avons pas glissé sur la neige de la Schneethal ni été mordus par le loup de la Wolfsthal.
Et ceci en cadeau, le blason de Charmes et sa description : D’azur à la levrette d’argent, tenant en ses pattes une croix de Lorraine d’or.

Blason de Charmes