La mode est aux emplois fictifs. Cette mode est contagieuse : désormais, sous n’importe quel prétexte, le cycliste du dimanche matin fait valoir son droit de retrait. Il s’abstient, il déserte, il chôme, et tout cela aux frais du contribuable. Je veux dire de ceux qui contribuent à la survie du club. Ceux qu’une vague menace de pluie n’effraie pas et qui font un emploi réel de leur cher vélo .
Et au train où vont les choses, le cycliste fictif du dimanche, c’est un retrait en espèces qu’il va bientôt exiger. Pauvre France ! Tiens, c’est cela qu’il faudrait proposer à qui vous savez : un retrait, mais en espèces, il y a des chances qu’il ne cracherait pas dessus.
Bref, ce matin, nous étions tout de même dix à faire du vélo réel, et à braver non la pluie (pas une goutte de toute la sortie) mais le vent, pas fictif pour un sou. Le général Gégé, en reprise après sa chute domestique, et le colonel Max, d’astreinte et donc tenu de ne pas s’éloigner de Nancy, ont pris des raccourcis, tandis que les autres se sont mangé le vent et les rafales du parcours complet : le fringant Marcel, l’explosif Christophe, Amico-la-plaque, Pierre-le-chrono, Marc-le-dabe, le très jeune Guillaume et le moins jeune Eric, tous deux en reprise et à la peine, comme moi-même pour qui la grande forme n’est pas pour demain, si j’en crois mes chétives sensations.
Le vent, il n’a pas cessé de nous tourner autour, de côté et de face le plus souvent, et si rarement de dos, le salopard. Heureusement, comme la nouvelle directive européenne était entrée en application (je vous en ai touché un mot la semaine dernière), on a tenu à économiser nos énergies cyclistes, en nous abritant les uns les autres, et comme l’on pouvait. Il a fallu s’accrocher, mais le cycliste réel, lui, il s’accroche !
Par ailleurs, le fait est que le soleil l’a assez vite emporté sur les nuages, et qu’il nous a mis du baume sur les mollets. Cela ne fait pas avancer plus vite, mais dans la lumière on se sent mieux.
Dimanche prochain, au lieu de mariner dans votre plumard, amis randos qui êtes en perdition, faites un emploi non fictif de votre cher biclou. La France vous en sera reconnaissante.