• Sortie du 11 octobre : Vive l’anarchie !

L’anarchie du jour, elle a commencé pour moi par le choix des fringues : une tenue de fin d’été pour un 11 octobre très frisquet, ça fait désordre. Ciel très gris, vent de nord-est bien glacé, thermomètre en berne, tout ce qu’il fallait pour qu’un estivant attardé se les gèle pendant l’essentiel de la balade. Et il n’a pas réussi à se réchauffer, l’estivant. C’est de ma faute. Mea maxima culpa, comme dirait le pèlerin de Champi.

Mais ce qui ne fut pas de ma faute, c’est le joyeux bordel qui a régné ce matin : si on avait voulu démontrer que rouler groupés est un défi permanent, on ne s’y serait pas pris autrement. Il y a des jours comme ça, on se dégroupe à qui mieux mieux. Au pied de la longue montée de Morey, je les ai pourtant titillés, les cadors, en leur disant, chiche, on reste tous ensemble : ça a marché… pendant 20 mètres, 30 peut-être, et puis que voulez-vous, c’est si peu naturel d’en faire moins quand on a l’habitude d’en faire plus… Bref, on a fait comme d’habitude, on s’est éclaté.

Ensuite, c’est fou ce qu’il y avait de fourmis dans les jambes : même sur du plat, elles créent vite des écarts, les fourmis, sans que derrière ça joue pour autant les escargots. Arrivés à bon Port (sur Seille), le mauvais plan recommence : l’impatience est telle chez les quelques énervés du jour que, même pour quelques mètres de retard, quelques malheureuses secondes, il n’y a pas moyen de les convaincre et de recoller les morceaux. Si bien que ces énervés, on ne les reverra pas. Ils auront le renfort de ceux qui, un à un, se détachent sur la belle petite route qui mène à Griscourt. Probablement que les uns et les autres comptent sur la pause pour que s’opère le regroupement général. Mais… la pause, à ce que j’ai su, elle a été tout ce qu’il y a de symbolique : ceux de devant, ils ont posé un pied à terre, « on dirait qu’on fait la pause », ô la bonne blague, et sont repartis aussi sec !

Résultat : pas de regroupement, du monde dans la pampa, du chasse-patate en veux-tu en voilà. Heureusement, derrière notre vélo-balai du jour, l’expert Michel, veille et s’emploie à ne perdre personne. Aussi, après la pause, la vraie pause (effectuée près de Dieulouard), c’est un vrai deuxième groupe (de 10 unités), comme on n’en avait pas vu depuis longtemps, qui s’est formé et qui a pu rentrer en bon ordre : heureuse compensation au désordre régnant ! Comme quoi l’anarchie a ses bons côtés.
Mais il ne faudrait pas en abuser. Sinon, ce ne sera plus de l’anarchie, ce sera la chienlit !

« Chienlit », ah le joli mot, longtemps oublié, ressuscité par le Général, à nouveau oublié, et redécouvert ces jours-ci. Le mot est à l’origine masculin et désigne un personnage du Carnaval de Paris (le grand Rabelais y fait allusion) : il porte une chemise de nuit et il a le derrière barbouillé de moutarde – c’est pourquoi il s’écrivait aussi « chie-en-lit »… n’est-ce pas fort parlant ? Se faire traiter de chie-en-lit n’était donc pas un compliment. Devenu féminin, le mot désigne la pagaille, le désordre. Le fourbi, le grand n’importe quoi.

A votre place, les Randos, je ferais gaffe : ne vous exposez pas à être traités de chie-en-lit ! Ce n’est pas très classe. Et en plus, c’est un cas de divorce.

Reynald