• Sortie du 5 mai : Ascensionnelle et bénie des Dieux

Quelques mots sur la sortie du 200 km Audax du 5 mai 2016 :
Les Randos ne détestent pas le comique de répétition : chaque année, le jour de l’Ascension, ils grimpent, ils s’élèvent, ils touchent au ciel… mais à la différence du Christ, ils redescendent sur terre. Disons que leur gentille façon de célébrer l’Ascension n’est pas très catholique. Pour autant, elle n’est pas non plus halal, kasher ou zen. Laïque, tout simplement, et même un peu païenne sur les bords, si l’on invoque les Dieux anciens, ceux qu’ils ont réussi hier à mettre dans leur poche, à commencer par Éole et Hélios.
Éole pour le vent superbement favorable du retour, Hélios pour le franc soleil qui a régné toute la journée. Dire que cette journée fut bénie des Dieux est peut-être excessif, mais il y a du vrai là-dedans, après la longue période de temps pourri et de sorties gâchées qu’on vient de subir. Une preuve supplémentaire, c’est que personne n’a terminé cette journée aux urgences de Lunéville – j’avoue que je ne pouvais pas ne pas y penser, après ma peu clémente chute de Saint-Clément de l’an dernier. Pas de bobos, pas d’accident, ni d’incident (tout juste deux petites crevaisons sur la fin, pour faire plus vrai, puisque ne pas crever n’est pas vélo).

Association d’idées : à mon retour chez moi hier, on montre à la télé cette couverture décoiffante de Siné Mensuel, pour évoquer le décès du célèbre caricaturiste (Siné, qui se savait très malade) : « Mourir ? Plutôt crever ! » Bien envoyé, et j’ai presque envie d’en faire ma devise de cycliste vieillissant… Pas vous ?

Une belle journée donc, avec quelques routes nouvelles ou en tous cas peu habituelles pour la plupart des participants : la vallée de la Bruche de Schirmeck à Urmatt, puis la longue montée forestière vers le Nideck, le col des Pandours puis celui de Valsberg, le rocher de Dabo, le plan incliné d’Arzviller, les jolies routes vallonnées du retour, et quelques secteurs de pistes cyclables (loin des voitures et des assourdissantes motos, une vraie calamité, celles-ci). Deux lieux de restauration agréables et revigorants, et des grimpettes, des descentes, et encore des grimpettes. A mon compteur, 2400 m de dénivelé tout de même, ça compte, ça use. Et on se l’est tous dit, si le vent du retour avait été défavorable et tout aussi fort, quels dégâts, quelle détresse ! Et que de prétendants à une petite place dans la fourgonnette (qui a un peu servi, d’ailleurs, secourant quelques victimes de pannes de jambes ou de douleurs malséantes) !

En attendant l’assistance électrique, réservée aux plus de 70 ans, vive l’assistance éolienne, gratuite, écologique, efficace, le secret du vrai VAE. La limite d’âge pour moi, ce sera dans deux mois (déjà ? Je ne le crois pas). Pas de quoi être fier, je sais, mais on se console comme on peut, à l’idée de troquer un VAE pour un autre VAE. Et songez-y, après le repas, quand Brigitte eut convaincu son Gérard de faire avec elle le retour en voiture, j’étais tout de même le doyen de la randonnée. Un peu de respect, jeunes gens ! Et songez à vous cotiser, en répétant tous en chœur : un VAE pour le doyen, un VAE pour le doyen !
Vivement le prochain 200 km Audax, je sens que je vais voler, vent favorable ou pas. Au fait, on n’a pas respecté la moyenne de référence : même moi, qui ne me suis pas dépouillé dans les montées ni décarcasser lors du retour, j’ai 23,4 de moyenne à mon compteur (et 213 km). Excès de vitesse. Mais disons que c’est la faute à Éole, qui s’est dépensé pour nous sans compter.

Maintenant, repos. Et ne faites pas les malins, vous aussi vous êtes un peu tannés, vous aussi avez besoin d’un bon massage, vous êtes prêts à payer le prix fort pour un bon massage (je sens que Brigitte, qui s’y connaît, va s’enrichir. L’odeur du Baume Saint-Bernard me monte au nez, un vrai délice).
Et merci aux trois valeureux accompagnateurs.
Quant aux deux fugueurs de la fin de parcours (je suis charitable, je ne les nommerai pas), souhaitons-leur de se remettre la tête à l’endroit. Il y a des choses qui ne se font pas. Mais je sais, avec la fatigue, on ne s’appartient plus. Admettons qu’ils étaient vraiment très fatigués, et qu’ils avaient vraiment perdu la boule, les deux fugitifs. L’année prochaine, on les nommera capitaines de route, ils ne pourront pas se faire la malle.
Reynald

Mourir ?