Le 21 Avril 2025
En passant par Clémery et Vézelise
Les plus vieux s’en souviennent peut-être, Clémery fut naguère rendue célèbre grâce à son pape, le regretté Clément XV. Michel Collin, pour l’état-civil, était un prêtre qui avait pris sur lui d’excommunier Jean XXIII, en dénonçant l’usurpateur du Vatican, et à la mort de ce dernier il s’était proclamé pape, le seul et légitime ministre de Dieu sur terre. Il faut ajouter qu’ il avait aussi excommunié le directeur départemental des impôts qui lui réclamait une forte somme d’arriérés ! On peut être à la fois illuminé et réaliste. Durant son règne lorrain (1963-1974), ce pape auto-proclamé avait des fidèles qui convergeaient vers le « petit Vatican » de Clémery depuis la Belgique, l’Allemagne, la Suisse, l’Italie et même depuis le Canada et les Etats-Unis. Comme quoi la crédulité est vraiment sans frontières.
Je me souviens les avoir vus débarquer en autocars sur la place Stanislas, dans des tenues improbables et distribuant des tracts et leur journal, intitulé « La vérité », bien entendu. Il semble que certains fidèles ont continué leur « mission de prière », et le père Joseph a longtemps veillé à entretenir le souvenir de « l’élu du ciel ». Une statuette de la Vierge Marie dite « corédemptrice », posée sur un toit assez bas, est toujours visible depuis la route principale, au lieu-dit « Les 4 fers ». Le jour où vous n’aurez pas la tête dans le guidon, vous l’apercevrez, et en serez illuminés.
Assez souvent nous passons aussi près des magnifiques halles en bois de Vézelise. Leur histoire commence au XIIIe siècle, elles ont été plusieurs fois reconstruites, et elles ont pris leur visage actuel par décision du duc de Lorraine en 1599 : encadrées par l’Hôtel de Ville et l’Auditoire de Justice, ces halles en bois se présentent sous la forme d’un vaisseau à quatre nefs et à plusieurs travées. La base des madriers en bois de chêne repose sur des grosses pierres plates provenant des carrières voisines d’Houdreville. Construite sur deux niveaux, les halles possèdent un étage abritant dès l’origine un grenier à grains, lui aussi construit en bois (chêne et sapin).
Endommagées en mai 1940, elles furent immédiatement restaurées, et le 30 novembre 1942, classées au titre des monuments historiques. En 1997, de nouvelles restaurations leur redonnèrent un coup d’éclat. Enfin, depuis 1999, l’ancien grenier à grains a été converti en salle socioculturelle. Elles méritent un coup d’œil, et même un peu plus : un jour où rien ne presse ?
Reynald