Archives de l’auteur : Reynald

• La mousson d’automne (25 sept. 2016)

Première sortie d’automne, dernière grande sortie avec départ à 8h ; dès la semaine prochaine on passe à 8h30, les jours raccourcissent et nos parcours aussi. Mais pour moi ce sera parcours zéro dimanche prochain, car je causerai littérature du côté de l’abbaye de Seuilly, sur les terres du grand François Rabelais – dont au passage je vous livre cette pensée toujours actuelle :
« Ami, vous noterez que par le monde y a beaucoup plus de couillons que d’hommes, et de ce vous souvienne. »

Une bonne pensée au passage pour le moine rabelaisien des Dolomites, alias le Toubib décoiffant.
A dire vrai, on ne s’aperçoit guère que l’automne est venu tant la douceur perdure, et la lumière. Certes, un peu frisquet au départ, mais si agréable ensuite, pour les 20 pédaleurs du jour, dont, et c’est un petit événement pour notre bien vieux club, un amateur d’à peine 18 ans qui souhaite ne plus rouler seul (il a déjà l’expérience d’un club FFCT). Le jeune Guillaume Gebel s’est, ma foi, très bien adapté, même si sur la fin il était tout à fait rincé (sa distance habituelle, c’est plutôt 80 km). La semaine prochaine, ou la suivante, nous accueillerons un autre jeune homme, Juan Lasso, 27 ans. Avec Stéphane, Jérôme et son « frère », l’autre Guillaume, le club a donc bien entamé une cure de rajeunissement. Je dis bien : « le club ».

Le grand moment de la sortie, ce fut non seulement l’ascension de la Butte de Mousson, mais le fait d’avoir poursuivi l’effort jusqu’aux ruines de l’ancien château. Une idée d’Amico, qui fit l’unanimité, du moins chez ceux qui s’étaient hissés jusqu’au village. Quatre y avaient renoncé, hélas pour eux (mais, que voulez-vous, « les invités », les « faut que je sois rentré de bonne heure »), et un cinquième (l’homme de Dinard) dut rebrousser chemin, faute de disposer d’un développement approprié à la rude, à l’infernale grimpette de Mousson. Autant cette pente est rébarbative, hostile (et mal goudronnée, qui plus est), autant le panorama qui se découvre tout au sommet mérite absolument le détour (et il n’y a que du 12% maxi sur la fin, contre les 17-18% de la Butte, ce qui est presque reposant). Il n’y a pas de meilleur endroit pour admirer les vallées de la Seille et de la Moselle, et le site de Pont-à-Mousson dans son entier. Je propose qu’on y repasse l’an prochain, par beau temps, mais de préférence en montant par le côté Lesménil, ce sera moins dissuasif.

Je sais, certains seraient frustrés : le truc, le hochet, le titre de gloire, c’est de monter de gros raidards, ou des cols bien longs, bien durs. Et de pouvoir ensuite en parler. De même que le Ventoux fait le vantard, la Mousson fait mousser.

L’ancien château de Mousson, bâti au Moyen âge, résume une page d’histoire universelle : symbole de résistance au pouvoir central, en une époque où la Lorraine n’est pas encore française, il fut démoli sur l’ordre de Louis XIII et de Richelieu, en même temps que d’autres châteaux de la région et que les fortifications de Nancy … une forme de terrorisme d’État. Rien que de très banal. A partir des quelques ruines qui subsistent, il nous reste à imaginer la splendeur de la construction sur cette hauteur.

Un dernier mot : à l’avant, quand personne ne fait office de capitaine de route, quand personne ne prend sur lui de réguler le tempo, c’est un peu la foire… ça va vite, ça attend, ça repart sec, ça attend à nouveau. Et peu importe que, comme aujourd’hui, le retour s’effectue contre le vent. Ce serait si simple et tellement plus confortable de s’y prendre autrement … Mais je sais, le mal est sans remède. A moins que de bonnes âmes se mettent un jour, et tour à tour, à jouer les capitaines de route avisés ?
Reynald

• Sortie du 3 juillet : Les carrefours

Le départ dès 7h30 a permis à nouveau d’emprunter des routes plus lointaines, au-delà de Landécourt et de Franconville, dans les marges de la plaine des Vosges. On a pu d’ailleurs en apercevoir la fameuse ligne bleue, et le massif du Donon. Le parcours concocté par Pierre Valois, qui avait inclus malicieusement un petit détour par le village du même nom, était fait de petites routes bien agréables, parfois vallonnées, mais sans grande difficulté. Une vraie réussite.

Tout le monde n’étant pas en vacances, ce sont 18 gros travailleurs du cycle qui ont profité de cette longue et belle sortie, dans l’harmonie la plus totale : sauf erreur de ma part, les 18 sont restés groupés de bout en bout, les uns se permettant tout au plus de ralentir parfois la cadence et de prendre quelques raccourcis, les autres s’arrêtant ou ne s’arrêtant pas lors de la crevaison du jour, ou lors de la perte de quelques éléments. Ce qui prouve simplement qu’il ne faut pas en rester à une conception trop étroite de la notion de groupe… Disons qu’il y a des groupes compacts et des groupes qui le sont moins. Ayons l’esprit large. Et admettons qu’aux carrefours on puisse se tromper de route.

Il est vrai que pour parcourir 120 bornes et se taper 1000 m de dénivelé en respectant les horaires, il ne faut pas trop lambiner. Mais s’obliger à rentrer pour midi lors d’un très estival dimanche de juillet, m’est avis que c’est un peu bêta. Prendre le temps d’apprécier chaque kilomètre parcouru, chaque point de vue sur les champs et les bois, les vaches et les moutons, sur les villages et les églises, ce n’est pas une mauvaise façon de faire du vélo, me semble-t-il (pas comme ces tarés qui nous ont doublé sur la fin, la tête dans le guidon, et qu’on a vu se disloquer un peu plus loin).

Ces jours-ci, plusieurs hommes célèbres ont disparu, Michel Rocard, le cinéaste Michael Cimino, l’humaniste Elie Wiesel. Les médias en parlent d’abondance ; mais, à quelques exceptions près, ils ont souverainement ignoré la mort (à l’âge de 93 ans) de l’un des plus grands poètes français contemporains, Yves Bonnefoy. Comme un clin d’œil, je me permets de recopier ici cette petite réflexion qu’il a proposée sur les carrefours. Vous savez, les carrefours, qui sont une réalité si problématique pour les cyclistes que nous sommes (on va où, tout droit, à gauche, à droite ? T’es sûr, pas de regret ?) :

J’ai souvent éprouvé un sentiment d’inquiétude à des carrefours. Il me semble dans ces moments qu’en ce lieu ou presque : là, à deux pas sur la voie que je n’ai pas prise et dont déjà je m’éloigne, oui, c’est là que s’ouvrait un pays d’essence plus haute, où j’aurais pu aller vivre et que désormais j’ai perdu.

• Sortie du 26 juin : Rouler en papy

Jeudi, c’était la canicule, les randonneurs du Luxembourg s’en souviendront. Hier dimanche, retour à la normale : beau temps mais rien de trop, un temps propice pour le vélo. Quatorze nous sommes au départ, et quasiment autant à l’arrivée, une fois résorbée la séparation des deux groupes. Puisqu’elle se fit, la séparation, un peu après l’endroit prévu, mais avant les deux « juges de paix » qui se dressent entre Vic-sur-Seille et Châteaux-Salins. Deux raidards qui de toute façon séparent plus qu’ils ne rapprochent.
Des raidards qui nous ont fait songer aux forçats du BRV : nous, nous avons pu en baver pendant quelques brèves minutes, mais eux, ce fut pendant combien de temps ? Et combien de fois ? Mais ils sont si jeunes, si costauds, si vaillants, les Randos montagnards, qu’ils ont dû n’en faire qu’une bouchée, des cols vosgiens. Je me trompe ?

Ensuite, plaisir de retrouver les routes presque lointaines de la Moselle ; des routes étroites, vallonnées, anonymes parfois, puisqu’on fait des économies de pancartes du côté de Hampont ou de Dalhain … Ce qui oblige à demander son chemin. Faut dire que précédemment on faisait le parcours dans l’autre sens, on avait ses repères. On a même perdu, un court moment, le maître des parcours (Pierre) et son fidèle lieutenant (Jean-Claude) : le premier a des excuses, il revenait direct de Toronto ; le second n’en a pas, son « décalage » n’a rien d’horaire. Mais cette fois, on n’a pas perdu Philippe, il y a du mieux. Ni perdu Patrick le kiné à l’arrière (dans son cas, l’exploit est double, vous m’aurez compris).
Et pendant ce temps-là, ils perdaient qui, et encore qui, les fêlés du BRV ?

La route était longue pour un parcours débutant à 8h, mais en juin la forme est là, les kilomètres s’ajoutent aux kilomètres, on ne voit pas le temps passer, on n’est pas pressé de rentrer. Mais gare, autrefois c’est le pinard qu’on appelait le brouille-ménage : désormais, ce pourrait bien être le vélo. Toutefois, réfléchissons : c’est de leur faute, elles n’ont qu’à s’y mettre, au vélo ! Et l’assistance électrique, elles y ont pensé ? Et leurs maris, ils attendent quoi pour la leur offrir ?
Tout problème a sa solution. N’est-ce pas, les allumés du BRV, vous qui avez multiplié les aides au pédalage, ne dites pas le contraire.

Confidence : depuis mercredi, 22 juin 2016, je peux me permettre de rouler en papy. Donc, jeudi et hier dimanche, malgré ma forme éblouissante du moment, j’ai roulé en papy. Car il est né, enfin, le divin enfant, mon premier, mon unique petit-fils. Il est très beau, il pèse 4 kg, sa maman (ma fille) et lui-même se portent bien. Il est né à Bruxelles. Je vous fais grâce de vos blagues belges.
Annonce : je vous envoie dans la foulée une invitation pour « l’excursion » de cette semaine.
Reynald

• Excursion du Luxembourg (23 juin)

La météo enfin favorable a permis la réalisation du projet Luxembourg. Douceur au départ, conditions idéales, on se promet une belle et grande journée. Ils se frottent les mains, les heureux expatriés du jour : Patrick N., Jean-Marie S., Gaby, Francis, Philippe et moi-même.
Mais bien vite la température monte, comme la route, et dieu que ça monte dans le premier gros et long raidard de la journée, ça monte et ça chauffe. Déjà on a compris : ce sera une belle journée, mais dans le genre caniculaire, une journée à « chasser la canette » et à chercher l’ombre. Donc, dans l’après-midi surtout, nous avons recherché les routes ombragées, moins vallonnées que celles qui étaient prévues, nous avons multiplié les arrêts pour nous asperger d’eau ou remplir nos bidons. Après tant de journées fraîches depuis le début de l’année, ce brusque cagnard a vraiment été une épreuve.
On s’est donc contenté de 1330 m de dénivelé au lieu des 2400 m prévus, pour une distance semblable (131 km au lieu de 135). Et on s’est tapé deux côtes à la fois longues et très pentues (plus de 10 % et jusqu’à 15%), que la prochaine fois on pourra éviter. Disons qu’on a fait une reconnaissance, qu’on a pris nos repères.

Ce qui n’enlève rien à l’essentiel : le Luxembourg est un petit paradis pour le vélo ! Nombreuses petites routes très bien entretenues, peu de circulation (parfois plus de cyclistes que d’automobilistes), pistes cyclables un peu partout, au long des rivières souvent (une vue très rafraîchissante, hier), parfois sur l’emplacement d’anciennes voies ferrées et … toujours sans barrières ! On croit rêver, se passer de barrières, c’est possible !

Quant au paysage, dès qu’on monte un peu, il prend de l’ampleur, il offre de beaux points de vues sur un mélange de champs et de forêts, sur les petits villages avoisinants. On monte à 400 m et plus (465 m hier), ce n’est pas de la haute montagne ni même de la moyenne, mais le contraste des reliefs (plaine sous les 150 m) suffit à se remplir les yeux, et à se faire mal aux pattes ! On traverse aussi de très belles petites villes, comme Vianden, Diekirch ou Larochette, on se repose dans les vallées ombragées de la Sûre, de l’Alzette ou de l’Ernz noire. Quant à Echternach, un regret : nous n’avons pas eu le temps de flâner dans le coeur ancien de la cité, ses vieilles pierres, sa place centrale et ses ruelles (a fortiori pas eu le temps de monter jusqu’au point de vue  très élevé qui domine la ville, ni d’aller se promener au bord du lac).

Nous nous sommes restaurés à Diekirch, en terrasse, et à l’ombre, dans le vieux quartier piétonnier. Y déguster la bière locale, je vous laisse deviner quel plaisir ce fut… Même que certains en ont repris. A ce sujet, vous savez comment on dit « Occupe-toi de tes oignons » en allemand ? Kummere dich um dein Bier, c’est-à-dire : Occupe-toi de ta bière ! A replacer le moment venu.

Anecdote : lors du retour, Philippe s’est arrêté, sans prévenir (le coquin) à l’entrée d’un village (Angelsberg) pour aller quérir de l’eau, et nous un peu plus loin auprès de deux dames compatissantes. Pendant qu’on s’abreuvait, Philippe est passé sans nous voir, et sans que nous le voyions. On l’a cherché, attendu, avant d’observer qu’il y avait au carrefour tout proche une pancarte indiquant la direction d’Echternach. On en a conclu qu’il avait filé par là en pensant rouler derrière nous… On ne l’a jamais rattrapé, mais il est arrivé une demi-heure après nous ! Explication : en suivant les pancartes, il s’est tapé quelques grosses côtes que nous avions soigneusement évitées en passant par la vallée de la Müllerthal. Moralité : toujours rester groupés !
Autre anecdote : il y avait une seule racine sur les pistes cyclables : j’ai cru bon de faire sa connaissance, à 100 m d’Echternach, notre « point de chute ».

Réflexion concoctée par Francis et moi-même lors du voyage de retour : étant donnée la distance (150 km,1h45 de trajet) de Nancy à Echternach (une localité par elle-même très belle et qui permet d’aller découvrir le centre et le nord du Luxembourg, les régions les plus jolies), il serait plus judicieux d’y aller pour deux jours, avec une nuit d’hôtel ou en chambre d’hôtes. On programmerait une grosse sortie le premier jour, et une sortie allégée le second. A creuser. Et à faire par un temps ensoleillé mais nettement moins chaud.
Autre solution (mais qui ne laisse pas le temps de faire autre chose que du vélo) : partir de Nancy dès 6h du matin.

Je joins à ce bref compte rendu, un choix de photos :
1) Vianden et le château qui domine la ville
2) Mes cinq compagnons (sur le pont de Vianden)
3) La pause de Diekirch
4) Les dames d’Angelsberg (de la « montagne des anges »), les bien nommées qui eurent pitié de cyclistes altérés
5) Une image d’Echternach

Vianden Compagnons Putscheid Diekirch

AngelbergEchternach

• Sortie du 19 juin : Bientôt l’été !

Deuxième sortie de l’année avec départ à 7h30 : on a donc pu aller un peu plus loin que de coutume, en frôlant Vaucouleurs, en empruntant quelques routes champêtres de la Meuse, en traversant le décor de western qui précède Pagny-la-Blanche-Côte, la bien nommée, avant de rejoindre la cure d’Uruffe, de sinistre mémoire – mais comme j’ai déjà évoqué le curé libidineux et meurtrier qui l’occupa, je passe. N’empêche, avec le mage de Marsal, le pape de Clémery (l’auto-proclamé Clément XV) et cette brebis égarée d’Uruffe, on tient là un fameux trio !
On a moins l’occasion de passer par la Vologne, sinon vous auriez droit à un résumé de l’affaire Grégory.

Comme l’été se fait attendre, on a eu droit un petit crachin au départ, rapidement dissipé, et à une fraîcheur qui, elle, nous a gentiment accompagnés tout du long. Échapper aux coups de soleil, c’est appréciable.
Nous étions 16 à profiter de cette belle et longue sortie, assez vallonnée (117 km et 1220 m de dénivelé à mon compteur) ; 12 pour ce qui est du parcours complet, les 4 autres préférant écourter. Mais ils auraient été avisés de le déclarer bien fort, cela aurait évité à quelques bonnes âmes de les attendre en vain. La séparation, prévue à Blénod, s’était effectuée tout naturellement à la faveur de la longue côte qui agrémente le village (pardon, le bourg, 4400 habitants tout de même). La logique était donc de continuer sans attendre la pause de Chalaines. On a encore du mal parfois avec les propres règles que nous nous sommes fixées.

Comme la sortie fut rondement menée, on a failli rentrer beaucoup trop tôt : le petit détour par la charmante route montante qui relie Chaudeney à Villey-le-Sec fut donc le bienvenu. En outre, cela a permis aux valeureux qui vont se taper le BRV dimanche prochain d’ajouter quelques mètres de grimpette à leur préparation. On aura une pensée pour eux : Marco, Cri-cri, Nono, Michel (et Jacques, qui n’était pas là ce matin). Qu’ils pensent à « s’alimenter », comme disait Jacques Anquetil…

• Sortie du 5 juin : Pas de vélo sans sel

Premier rendez-vous de l’année à 7h30, première occasion de dépasser les limites habituelles de nos escapades : un petit tour en Moselle, au-delà de Réchicourt-la-Petite, avec le pays du Saulnois, les communes de Blanche-église (le point le plus éloigné) et de Marsal, l’antique cité du sel. Il faut en dire un mot.
« L’or blanc » y a été exploité dès avant l’occupation romaine, et la cité lui doit son ancienne prospérité. Elle comptait encore 1200 habitants vers 1850. Elle a été souvent convoitée à travers son histoire, et à une époque où la Lorraine n’était pas encore française, elle a été accaparée par Louis XIV, et fortifiée par l’inévitable Vauban. La Fontaine, mieux inspiré quand il écrivait ses fables, s’est fendu d’un poème à la gloire de l’accapareur (fallait mériter la pension royale).

Du passé salin de Marsal témoigne le musée du sel, que nous n’avons pas pris le temps de visiter. Musée logé dans la Porte de France, sous laquelle nous sommes passés, cela ne vous aura pas échappé (voir photo). Mais pour moi comme pour certains d’entre vous, le sel de l’histoire, si je puis dire, c’est l’affaire du « mage de Marsal » : un illuminé qui fut soupçonné d’avoir fait disparaître ses deux enfants (fin1968), alors qu’il invoquait un enlèvement par des ravisseurs mystérieux. Il fit de la prison, pour mauvais traitements supposés, et de l’hôpital psychiatrique, mais le fait est que l’affaire ne fut jamais élucidée et se termina, en 1974, par un non-lieu. Le mage, c’était Daniel Gérard pour l’état civil, mais il se faisait appeler Swami Matkormano, tandis que sa femme Josyane jouait le rôle de la prêtresse Alfeola (qui fut elle aussi internée), dans un culte inspiré de l’hindouisme… On avait de l’esprit naguère en Lorraine, quand le mage de Marsal faisait concurrence au pape de Clémery.

Quant à la balade elle-même, disons qu’elle a rassemblé quelques 18 allumés du pédalier, qu’elle fut agréablement vallonnée et rondement menée, dans la douceur et sous le soleil. La forme est là, c’est manifeste, le peloton se désagrège peu, le mois de juin commence bien, il flotte un petit air de jeunesse.

Un mot sur les « excursions du jeudi » : la dernière, avancée à mercredi pour cause de météo, a réuni 7 participants, elle a permis (c’est le but) de découvrir des routes nouvelles, au-delà d’Hattonchâtel, du côté de Jarny et de Gorze. Sous le soleil, là aussi, et dans la bonne humeur. Jeudi prochain, place à la sortie VVV de Gérard ; la semaine suivante (rappel), le 16 juin, l’inédit et formidable Tour du Luxembourg, au départ d’Echternach (précisions suivront) : réservez votre journée !
Reynald

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• Sortie du 22 mai : Aux pommes !

Une grande première en 2016 : il faisait doux dès le départ de la randonnée ! Le soleil était aussi au rendez-vous, et il a eu la bonté de nous accompagner tout du long. Quand un vilain nuage noir est venu nous menacer sur le coup de 11h, le vent l’a chassé. Nous, c’est-à-dire les 13 présents, bientôt réduits à 12 puisque l’électrique Vosgien n’était venu là que pour nous narguer un court moment avec sa Cancellera Bike (il a fait le Jacques, en somme). En fait, un quatorzième avait mis le nez dehors, qui a fait la course en tête et en solitaire, qu’on n’a rattrapé que du côté de Xeuilley : Jean-Marie B., bien connu comme étant à la fois le champion d’Azelot, le délégué présidentiel et le représentant du Pont fleuri.

Donc, nous ne fûmes jamais plus de 13 à pédaler ensemble, la faute aux absents : les « Ardéchois » de Gégé, les fondus du plumard, les excusés, les inexcusables, les déficients, les empêchés, les pêcheurs à la ligne, les Bouxiérois, les vététistes, les ratons-laveurs et les éléphants roses. Oui, ça fait du monde.

Le vent défavorable, les côtes, l’incapacité absolue pour les costauds de « rouler en dedans » n’ont pas permis que nous roulions constamment groupés jusqu’au lieu prévu de la séparation en deux groupes (Colombey-les-Belles). Pour mémoire, le nouveau contrat (décidé en AG), c’est que les plus rapides peuvent prendre leur envol une fois parcouru le premier tiers de la sortie, ce qui leur laisse, si je compte bien, les deux tiers restants pour s’éclater. Pas si mal. Mais ce qui est attendu de tous en retour, c’est de jouer le jeu du peloton unique avant la séparation. Être attendus en haut des côtes, pour les moins véloces, est une chose, être abrités en est une autre, encore plus appréciée. Le répéter est lassant. Et d’ailleurs, à chaque fois je dis que c’est la dernière fois que je le dis. Je cesserai donc de le dire quand je me tairai. De même que les absents ne le seront plus quand ils seront là. Un peu de philosophie, ça ne peut pas faire de mal.

Je note qu’après l’hommage rendu aux Belles de Colombey, le paradoxe est qu’il n’y a pas eu moyen de se séparer, malgré les efforts de lenteur de ceux de l’arrière. On n’a pas cessé de se regrouper, à la faveur des carrefours (c’est où qu’on va ?), des obstacles naturels (la fameuse passerelle de Goviller – que l’intrépide Jérôme a évité en passant à gué, et sans se noyer), à la faveur aussi de la pause de Laloeuf, puis du fort vent devenu favorable qui nous a tous propulsés comme un seul homme, quel bonheur !
Aux pommes, cette virée qu’on a fait là, j’peux pas mieux dire !

Un bien beau parcours, qu’ils ont dit, ceux qui le découvraient, les petits nouveaux et les intermittents. Je souscris, et confirme que cela vaut la peine de partir parfois de Brabois pour aller un peu plus loin qu’à l’habitude. Ce sera le cas également lors des deux sorties de juin avec départ à 7h30 (les 5 et 19 juin), une excursion vers la Moselle (en Pays du Saulnois), et une autre vers la Meuse. Deux longues sorties à ne pas manquer. Rouler pour voyager et découvrir, c’est plutôt mieux que rouler pour rouler, non ?
D’ailleurs, je vais convier à quelques sorties « exotiques » ceux qui seront ou se rendront disponibles en semaine, histoire de bien profiter des meilleurs moments de l’année. Et de voir du pays. Précisions vont suivre.
Reynald

• Lundi de Pentecôte : La pomme de la concorde

Savourons, savourons la pomme, le club des Randos était ce jour comme une pomme.
Un grand prophète l’avait prédit : comme une pomme intègre, d’un seul tenant, un bloc compact, composé de onze compagnons unis, on se croirait revenu au bon vieux temps. Onze chevaliers de la manivelle, et même douze apôtres du braquet pendant un court moment (avec l’apparition de Gégé, ou de son double, on ne peut trancher, sachant qu’il a effectué hier une grande partie de la Guy Cividin) : n’empêche que c’était un clin d’œil aux douze apôtres qui furent visités par l’Esprit Saint, raison pour laquelle l’Église fête la « Pentecôte » – c’est-à-dire le « cinquantième jour » après Pâques, vous ne pouvez plus dire que vous ne le savez pas si vous lisez régulièrement cette chronique. On pédale et on s’instruit, c’est la devise du club.

Donc, étaient revenus goûter la fraîcheur de la mi-mai huit des amateurs de Côtes-de-Toul. Détaillons : deux des gros rouleurs d’hier, Cri-cri et Marco, auxquels il convient d’ajouter ceux qui étaient venus à l’Arsenal à vélo, les Jean-Mi, Jean-Claude, Christian ; et les moyens rouleurs d’hier, Pierre E., Philippe et moi-même. Et à ces huit récidivistes se sont ajoutés Michel, Stéphane et Jérôme. Vous savez tout, les estivants, les pionceurs, les petites natures, qui avez reposé vos petits mu-muscles au lieu de faire grossir la pomme.
Il est vrai que si l’on avait été davantage, on ne serait pas restés groupés, le naturel serait revenu au galop. Merci, par conséquent, aux abstentionnistes. Et savourons, savourons la pomme.

Sachez tout de même, les pantouflards, qu’on a pris un pied terrible ce matin : beau parcours, bien vallonné (près de 900 mètres de dénivelé, autre chose que les défuntes « côtes » de Toul), agrémenté de champs de colza à perte de vue, d’arbres fruitiers en fleurs, de paisibles troupeaux, de bêtes sauvages gambadant dans les champs, d’accortes villageoises sur le pas de leur porte, de fanfares saluant notre effort… le lundi de la Pentecôte est une fête, et vous l’avez manquée !

Dimanche prochain, on fêtera la pomme de la concorde revenue, du moins on essaiera, cela va valoir le coup de participer à l’événement. RV au Buffalo grill, ce qui donne le ton d’une sortie où il faudra monter avant de penser à descendre. Il suffira de pédaler en dedans quand ça monte, et de monter en régime quand ça descend. Tout de même pas compliqué !

• Les Côtes-de-Toul (15 mai) : Comme un oignon

Pelons, pelons l’oignon, le club des Randos était ce jour comme un oignon.
La première couche est celle des lève-tôt, des gros rouleurs qui s’élancent sur « le grand parcours », 125 km, ce qui est beaucoup et bien peu pour de forts appétits ; ils sont une poignée, ils ont un peu froid, mais leur énergie les réchauffe, les Cri-cri, Gaby, Marco, Patou, et je ne sais qui d’autre (Amico, Jean-Luc ?).
La deuxième couche est toute fine, elle se réduit à une unité, un Pierre venu de Nancy à vélo et devant y retourner dans des délais impératifs. Seul, le voici parti. Mais avançons, pelons, pelons l’oignon.
La troisième couche est composite, elle ne résiste pas longtemps, la douzaine d’éléments qui la composent se dispersent bientôt. Elle se dépiaute donc en d’autres couches.
Une pour le duo de Bouxières, le duo qui fonce et qui ne repassera pas par Toul, faut pas pousser qu’ils disent, le Mousse et le Beaujolman.
Une autre couche pour les as du Pont fleuri, qui ne foncent pas du tout, eux, qui s’arrêtent, hésitent, et laissent filer le petit groupe des moins endormis. Ceux-ci repartent du ravito quand ceux-là y arrivent. Un se divise en deux, disait le président Mao.

Epluchons, effeuillons, et voici donc réunis le Jean-Mi et le Jean-Claude, qui plus tard s’en repartiront, séparément, vers leurs pénates sans repasser par l’Arsenal, eux non plus. Ils abandonneront  le Jean-Marie S. et le secrétaire, qui finiront pas se retrouver seuls, une fois perdu le petit nouveau de Tonnoy (Philippe, qu’il s’appelle, ex-Meusien et néo-Tonnagien, qu’on avait rencontré la semaine dernière et qui est venu en 2e semaine). Que de feuilles éparpillées ! Mais on aura aperçu Guy dans son VAE, je dis bien « dans » et non « sur », puisque c’est dans sa Renault Zoé toute électrique qu’il se balade, l’Africain des Baronnies.

Si vous avez bien compté, pelez, pelez l’oignon, on en est à sept ou huit couches, pas moins, enlevées tour à tour, chacune emportée au gré du vent. Et je n’ai pas de vue d’ensemble, il est probable que d’autres couches, d’autres feuilles se sont séparées en chemin.

L’oignon qu’on épluche est réputé pour ses effets lacrymogènes. Pleurons donc, pleurons sur l’unité perdue… Autrefois, le club n’était pas un oignon, il était d’un seul tenant, on pratiquait le rouler-ensemble, du moins le plus souvent. Mais je vous parle d »un temps où les Côtes-de-Toul n’étaient pas encore devenues les Plaines-de-Toul, où l’on partait parfois pour la journée (180 km), où l’on découvrait donc des routes nouvelles et nombre de grimpettes. Heureux temps !
Mais, n’en doutez pas un instant, demain l’oignon friable aura cédé la place à une pomme consistante : seule la peau peut s’en séparer.
Deux groupes, ça c’est raisonnable. Et ce n’est même pas fatal.
RV porte Désilles à 8h.

• Sortie du 8 mai : Une randonnée de charme

Première sortie vraiment printanière, une certaine douceur dès 8h, un bon soleil ensuite, un vent plutôt discret… on n’avait pas connu pareille fête depuis bien longtemps. Ce qui a poussé quelques abstentionnistes de plus ou moins longue durée à réapparaître : Eric, dit le commissaire Maigret, enfin remis d’une vilaine sciatique, Patrick, le kiné au doigt d’or, Jacques, le Vosgien ailé, Franck, le dentiste carpinien (eh oui, je n’invente rien), Marcel, de retour de son stage dans le Beaujolais (bonjour les dégâts). Nombre de pédaleurs de l’Ascension étaient également au rendez-vous, quelques-uns manquaient, dont le président et ses fidèles compagnons du Pont fleuri, tandis que d’autres l’avaient manquée, la traditionnelle et immanquable grande randonnée annuelle de notre club. En tout, une bonne vingtaine de pédaleurs ont répondu présents, pour parcourir la vallée de la Moselle, dans les deux sens, du tout plat rive gauche, puis du petitement vallonné rive droite.

Ce fut donc un parcours peinard, avec un semblant de grimpette à mi-chemin, à l’occasion de l’aller et retour au Haut du Mont, lieu de mémoire de la bataille de Lorraine en 1914, large point de vue sur la vallée, sur la cité de Charmes (celle des Carpiniens, vous avez la réponse) et les contreforts des Vosges. Une sortie d’abord très fluide, unitaire, rapide mais sans excès, jusqu’à ce qu’à la vue de la grimpette, Stéphane se dise « Plutôt crever ! ». Et donc il creva, répara, et recreva. D’où un certain émiettement du peloton au retour, les uns attendant le facétieux crevard, les autres, peu sûrs de leur état de forme, préférant aller de l’avant. Mais tous, à n’en pas douter, ont apprécié à sa juste mesure cette première sortie presque idéale, cette randonnée qui ne manqua pas de charme.

Comme c’était le 8 mai, on a aperçu des cérémonies de la Victoire. Ce qui me fait dire, une fois de plus, que si le vélo est toujours une leçon de géographie, et de topographie, c’est toujours également une leçon d’histoire, il suffit de creuser un peu. Un seul exemple, la cité de Charmes, deux fois traversée aujourd’hui : dès le Xe siècle, on y édifia une enceinte fortifiée pour se protéger des raids hongrois ; en 1475, elle fut pillée et incendiée par Charles le Téméraire, alors en guerre contre le duc de Lorraine ; deux siècles plus tard, Lorrains et Français ne mettaient toujours pas leurs oeufs dans le même panier, et la ville fut à nouveau incendiée, par les Français (en 1635). Pour mémoire, le rattachement définitif de la Lorraine à la France ne remonte qu’à 1766. A l’échelle de l’Histoire, nous sommes des Français de fraîche date. Et puis, les deux guerres mondiales sont aussi passées par Charmes. En septembre 1944, alors que pour eux la fin est proche, les Waffen SS pillent, brûlent, massacrent, et déportent plus de 150 personnes, dont une centaine ne reviendra pas.

Soyons plus légers : saviez-vous que la levrette fut une spécialité de Charmes ? Et que la levrette figure toujours dans son blason ? Mais ne vous méprenez pas, la levrette était une confiserie chocolatière… vous allez me dire… je vous arrête !
Charmes vit naître Maurice Barrès, dont je vous ai conté naguère le périple à bicyclette le long de la Moselle, un pionnier, en somme. Et comme nous sommes aussi passés par Chamagne, j’espère que vous avez eu une pensée pour le peintre Claude Gellée, dit « Le Lorrain », natif du lieu, et éventuellement pour la royale Ségolène, autre native, sans oublier que notre Patou des Corbières a joué là enfant avec les nombreux frères de la future candidate à la présidence de la République. Eh oui, la grande Histoire et la petite histoire, on s’y promène dès qu’on enfourche son vélo.
Reynald
PS : j’ai oublié de donner dans mon compte rendu sur la sortie de l’Ascension d’indispensables précisions (Marcel, le beaujolman, me l’a fait remarquer) : nous étions 18 pédaleurs, nous avons mangé de la flammeküche et du baeckoeffe, Alsace oblige, nous n’avons pas glissé sur la neige de la Schneethal ni été mordus par le loup de la Wolfsthal.
Et ceci en cadeau, le blason de Charmes et sa description : D’azur à la levrette d’argent, tenant en ses pattes une croix de Lorraine d’or.

Blason de Charmes