Archives de l’auteur : Reynald

• Sortie du 25 octobre : Une question d’heure

Passage à l’heure d’hiver réussi, ouf ! A priori, personne ne s’est pointé une heure trop tôt. Un bon début pour une bonne balade.
Ils étaient tous là, ou presque, 15 sur la passerelle du RV, plus le trio de Bouxières ensuite (pour la belote, qui fait le quatrième ?… on ne l’a jamais su), plus le pèlerin de Champigneulles, plus le petit nouveau, le Chti-qui-mouline, qui avait manqué le départ, lui, mais qui a bénéficié d’une crevaison précoce pour recoller. Donc, ce sont 20 paires de gambettes qui se sont lancées dans un périple tout ce qu’il y a de roulant.

Ciel assez gris, température plutôt douce, belles couleurs d’automne. On pédale dans l’huile. Groupés comme jamais. Même après la pause. Faudra attendre les reliefs de la fin de parcours pour que la belle harmonie se défasse. On aura roulé « comme un seul homme », me souffle Christian (qui sait ce que c’est que l’esprit d’équipe). Ni anars, ni énervés chez les Randos, ça se confirme. Ceci dit, ce parcours très roulant a quand même proposé un dénivelé de 700 mètres (en comptant la côte de l’avant-départ).

Mais à 20, on n’est pas resté longtemps : le Jacqou des Vosges est seulement venu nous narguer avec son engin à assistance électrique ; dès Toul, il regagne sa tanière, accompagné de Jicé, qui lorgne sur sa batterie. On le comprend, ça fait envie, moi je commence à en rêver, mais j’ai une excuse, je vais bientôt entrer dans le grand âge… alors, quelques watts de ce genre-là en plus, histoire de ne pas se faire exploser le palpitant et de garder la jambe légère, faudrait être fou pour se les refuser.

Un peu plus loin, c’est notre valeureux Gégé qui décide de s’arrêter et de rentrer seul. Pour un peu, on s’inquiéterait, mieux vaudrait qu’il soit accompagné, surtout s’il se prend à batifoler dans la campagne au risque de rentrer un peu tard à la maison… Aux dernières nouvelles, il n’est effectivement pas rentré très tôt, mais en bon état… Comme quoi, le passage à l’heure d’hiver, ça perturbe, y compris dans les chaumières : hier, fallait pas que les épouses ou les proches nous attendent une heure plus tôt vu que nous étions partis une heure plus tard !
A ce sujet, je me pose une question : chez vous, on s’inquiète à partir de combien de minutes de retard ? Une minute, cinq minutes, dix, quinze, trente, quarante-cinq minutes, ou plus ? En cas de retard, les chères et tendres, elles attendent un coup de fil au bout de combien de temps ?
On est content de savoir qu’elles s’inquiètent, mais on ne souhaite pas non plus qu’elles s’alarment trop vite.

Allez, je sais que certaines me lisent, alors, je leur répète ce que leur sportif de mari n’a pas manqué de leur faire valoir : il y a bien des raisons qui peuvent expliquer un retard, et qui ne sont pas toutes graves, ou franchement dramatiques (c’est arrivé, c’est vrai). Une série de crevaisons, une erreur de parcours, un incident mécanique, des conditions climatiques défavorables… une envie de flâner (c’est rare), d’admirer les villageoises (c’est encore plus rare, je le jure), de contempler les paysages (tout arrive), ou le désir de ne pas vous fâcher en rentrant trop tôt (quelle délicatesse !)… Parfois, l’heure ce n’est pas l’heure.

Au fait, la semaine prochaine, l’heure du rendez-vous c’est 9h – et cela durera pendant 4 longs mois. Un moyen de se souvenir qu’on passe toujours à 9h en novembre ? Bien sûr, ça crève les yeux : « novembre », ça désignait le neuvième mois dans l’ancien calendrier romain (« novem » signifiant neuf en latin).
Donc, au neuvième mois on part à neuf heures. Élémentaire.
Même si depuis l’époque de Jules César et Astérix le neuvième est devenu le onzième, ce qui est contrariant.
Allez, à dimanche prochain, 1er novembre, à 9 heures !

• Sortie du 18 octobre : Pas d’énervés chez les Randos !

Brève mise au point, pour commencer : mon allusion aux « énervés » de dimanche dernier n’a pas plu aux intéressés. Je le regrette. Toutes mes excuses. Toutefois, je continue de penser qu’on aurait pu se regrouper du côté de Port-sur-Seille. Certes, ça lambinait quelque peu à l’arrière, mais prendre parfois le temps de discuter, ou de lever la tête, ça fait aussi partie des charmes du vélo en groupe, n’est-il pas vrai ? Et puis, le ton de ma chronique était plutôt léger, comme presque toujours, je chambre volontiers, mais en évitant de dramatiser ou de blesser quiconque. Sourions plutôt de nos petits travers, de ceux de Pierre, Paul ou Jacques comme des miens.

Il reste que sur le fond j’ai toujours prôné moi-même que chacun y mette du sien : savoir pédaler en dedans quand il le faut pour les uns, faire l’effort de rester au contact pour les autres (du moment que le profil du parcours s’y prête). Autrement dit, ni énervés devant, ni énervés derrière…
Je m’explique : à l’origine le mot « énervé » signifiait privé de nerfs, donc de force, d’énergie – avant de prendre le sens presque opposé d’anormalement nerveux, de très excité. L’énervation fut aussi au Moyen âge un supplice consistant à brûler les tendons (appelés « nerfs ») des jambes et des genoux… Sûr qu’ensuite on n’était pas vaillant !

Pas question, vous l’aurez compris, de faire du vélo en étant « énervé », que ce soit au sens ancien du terme, ou au sens moderne. « Pas d’énervés chez les Randos ! », voici une devise qui résume l’affaire, et n’en parlons plus.

Un mot maintenant sur la sortie d’hier : 15 au départ, puis 18 une fois repris le gréviste d’Azelot (humour, je précise, des fois que…), le flingueur de pancartes convalescent, et le vénérable Georges. Jean-Mimi se propose de faire le balai, il est tout vêtu de noir, ce qui fait de lui le plus bienveillant des All black, pas comme ceux de la veille qui nous ont mis une dérouillée historique au rugby. Grâce à lui, et à la quasi-absence de côtes, le peloton arrive groupé à la pause de Moriviller : ni énervés mous ni énervés fous ; ça baigne.

Ensuite, chacun joue sa partie : le président et ses gardes du corps optent pour un petit raccourci des familles. Un peu plus loin, notre convalescent (Franck) s’offre en solo un mini-raccourci, évitant le secteur de Borville, escarpé, et bien joli. Et puis, et puis… ça dégringole sec sur Loromontzey, tant est si bien que la petite route sur la droite qu’il fallait prendre, tous la manquent… sauf bibi (merci à Franck, qui m’avait averti de la chose). Jacques et les deux Pierre seront les seuls à s’en aviser, ils me rattraperont un peu plus loin, on formera un quatuor tranquille, jusqu’à ce que Jacques s’arrête pour s’alimenter, avec l’idée d’attendre ceux qui se sont plantés… Mais ceux-ci (ce qui reste du peloton) auront filé vers je ne sais quelle destination : Villacourt ou Saint-Germain, ou Pétaouchnok, avant de revenir sur Bayon ? Le fait est qu’on ne les a pas revus, les écervelés, les perdus, qui n’étudient pas le parcours, faut croire.

Résultat des courses : 3 groupes, dont un seul qui aura fait le parcours prévu, plus Franck que le quatuor dont je faisais partie reverra sur la fin, plus Jacques qui aura attendu (et retrouvé ?) les paumés de Loromontzey… C’est rassurant, on sait briser la routine chez les Randos, on innove de semaine en semaine. Et tout cela, sans s’énerver le moins du monde.

PS : je vous joins une image représentant « les Enervés de Jumièges », d’après une légende qui veut que la femme de Clovis II ait fait « énerver » ses deux fils pour cause de trahison envers leur père… on avait le sens de l’autorité parentale, à l’époque.

Les énervés de Jumièges

• Sortie du 11 octobre : Vive l’anarchie !

L’anarchie du jour, elle a commencé pour moi par le choix des fringues : une tenue de fin d’été pour un 11 octobre très frisquet, ça fait désordre. Ciel très gris, vent de nord-est bien glacé, thermomètre en berne, tout ce qu’il fallait pour qu’un estivant attardé se les gèle pendant l’essentiel de la balade. Et il n’a pas réussi à se réchauffer, l’estivant. C’est de ma faute. Mea maxima culpa, comme dirait le pèlerin de Champi.

Mais ce qui ne fut pas de ma faute, c’est le joyeux bordel qui a régné ce matin : si on avait voulu démontrer que rouler groupés est un défi permanent, on ne s’y serait pas pris autrement. Il y a des jours comme ça, on se dégroupe à qui mieux mieux. Au pied de la longue montée de Morey, je les ai pourtant titillés, les cadors, en leur disant, chiche, on reste tous ensemble : ça a marché… pendant 20 mètres, 30 peut-être, et puis que voulez-vous, c’est si peu naturel d’en faire moins quand on a l’habitude d’en faire plus… Bref, on a fait comme d’habitude, on s’est éclaté.

Ensuite, c’est fou ce qu’il y avait de fourmis dans les jambes : même sur du plat, elles créent vite des écarts, les fourmis, sans que derrière ça joue pour autant les escargots. Arrivés à bon Port (sur Seille), le mauvais plan recommence : l’impatience est telle chez les quelques énervés du jour que, même pour quelques mètres de retard, quelques malheureuses secondes, il n’y a pas moyen de les convaincre et de recoller les morceaux. Si bien que ces énervés, on ne les reverra pas. Ils auront le renfort de ceux qui, un à un, se détachent sur la belle petite route qui mène à Griscourt. Probablement que les uns et les autres comptent sur la pause pour que s’opère le regroupement général. Mais… la pause, à ce que j’ai su, elle a été tout ce qu’il y a de symbolique : ceux de devant, ils ont posé un pied à terre, « on dirait qu’on fait la pause », ô la bonne blague, et sont repartis aussi sec !

Résultat : pas de regroupement, du monde dans la pampa, du chasse-patate en veux-tu en voilà. Heureusement, derrière notre vélo-balai du jour, l’expert Michel, veille et s’emploie à ne perdre personne. Aussi, après la pause, la vraie pause (effectuée près de Dieulouard), c’est un vrai deuxième groupe (de 10 unités), comme on n’en avait pas vu depuis longtemps, qui s’est formé et qui a pu rentrer en bon ordre : heureuse compensation au désordre régnant ! Comme quoi l’anarchie a ses bons côtés.
Mais il ne faudrait pas en abuser. Sinon, ce ne sera plus de l’anarchie, ce sera la chienlit !

« Chienlit », ah le joli mot, longtemps oublié, ressuscité par le Général, à nouveau oublié, et redécouvert ces jours-ci. Le mot est à l’origine masculin et désigne un personnage du Carnaval de Paris (le grand Rabelais y fait allusion) : il porte une chemise de nuit et il a le derrière barbouillé de moutarde – c’est pourquoi il s’écrivait aussi « chie-en-lit »… n’est-ce pas fort parlant ? Se faire traiter de chie-en-lit n’était donc pas un compliment. Devenu féminin, le mot désigne la pagaille, le désordre. Le fourbi, le grand n’importe quoi.

A votre place, les Randos, je ferais gaffe : ne vous exposez pas à être traités de chie-en-lit ! Ce n’est pas très classe. Et en plus, c’est un cas de divorce.

Reynald

• Sortie du 4 octobre : En attendant la ballade

Il y a balade et ballade, ce sera le thème du jour.
On peut se balader à pied, on peut le faire à vélo, dans les deux cas on se promène : à la lettre, on se porte en avant, de préférence selon un rythme tranquille ; on peut même flâner ou musarder, on prend alors du bon temps. Avec la balade, on se transporte, tandis qu’avec la ballade on est transporté : poétique ou musicale, sur ses deux ailes la ballade vous emmène ailleurs et vous touche. Souvenez-vous, vous avez sans doute appris cela à l’école :
– la « Ballade des dames du temps jadis », avec son allusion à « Jeanne la bonne Lorraine / Qu’Anglais brûlèrent à Rouen », et son célèbre refrain « Mais où sont les neiges d’antan ? »

– ou la « Ballade des pendus », signée du même François Villon (mauvais garçon et poète incomparable) et chantée elle aussi par Georges Brassens : « Frères humains qui après nous vivez / N’ayez le cœur contre nous endurcis »…

Car de poème la ballade est devenue chanson : on connaît la Ballade irlandaise » de Bourvil ou la « Ballade des gens heureux »…chantée par Gérard Lenorman.
D’où cette question qui vient à l’esprit : ne pourrait-on pas écrire une « Ballade des Randos heureux », une sorte d’hymne du club ? Allez, à vos plumes !

Mais, autre question : est-ce qu’il se balade, le Rando, quand il roule ? Prenons un exemple.
Hier matin, petite affluence au départ : nous sommes neuf à ne pas avoir manqué le changement d’horaire (8h30), neuf licenciés plus une vieille connaissance (Marc Henquel), plus un petit nouveau (Jérôme Minatel, un cyclo du Nord, désormais installé à Nancy, et qu’on devrait revoir parmi nous). Puis douze avec le pélerin musclor de Champigneulles ; puis treize avec Franck – saluons son retour, après un gros pépin de santé, et de même le retour de Georges, notre senior très émérite. Enfin, après Dombasle, nous voici seize, une fois repris les frères Collard et le fonctionnaire d’Azelot.

Ce qui nous donne un vrai peloton. Et qui mérite un vélo-balai, que je me dis : aussitôt dit, aussitôt fait, me voici balai, ça m’arrange bien, avec le rhume que je me trimballe, sûr que je vais bientôt manquer d’oxygène. Alors, autant se balader à l’arrière : mais oui, un Rando peut se balader, suffit d’attendre les attardés, de grimper les côtes à allure modérée, et de compter sur ceux de devant pour attendre à leur tour, jusqu’à ce que la jonction s’opère. Le pied. Le balai se balade.
Donc, il faudrait penser à composer aussi une « Ballade du vélo-balai »… A vos plumes !

Mais les autres, de Randos, ils se baladent, oui ou non ? Après tout, autant vous poser la question vous-même… quel est le seuil, de vitesse et d’effort, au-delà duquel vous cessez de vous balader ? Je vois d’ici l’embarras… autant de réponses que de pédaleurs.
Tout ce que je sais, c’est qu’hier après la pause, une nouvelle fois je n’ai pu compter sur un deuxième groupe pour prolonger la balade, vu que les habitués ont encore choisi de raccourcir la distance, et que le train de ceux qui ne musardent pas était décidément trop élevé. Balai j’étais, balayé je fus.

Mais ayant eu la bonne idée de crever (à Leyr, l’air vint à manquer… facile), j’ai eu le plaisir d’être secouru par une experte escouade de dépanneurs (on a mis cinq minutes pour extraire la chambre, mais faut dire que le Michelin, c’était du béton, et que la chambre collait de partout). Cet imprévu a permis aussi au Patou des Corbières de nous rattraper (on avait cru qu’il avait pris le raccourci, alors qu’il faisait du chasse-patate). Il était content, le Patou. Il a pu se faire mal ensuite, à dévaler jusqu’à Custines, vent de face et gros braquet. Faut ce qu’il faut. Faut faire chanter la meule et danser la plaque.

Ah oui, je ne l’ai pas dit, une ballade peut aussi se danser (ça vient du bas latin « ballare », d’où provient le « bal », bal du samedi soir, des vampires, des débutantes, des faux-culs… y a le choix).
Bref, chers baladeurs, vrais ou faux, devenez balladins, c’est mon invitation du jour. Ou baladins, puisque l’orthographe étant ce qu’elle est (historiquement variable et parfois fort peu logique), c’est plutôt ainsi qu’on l’écrit… si bien qu’on ne sait pas toujours sur quel pied danser.

• Sortie du 27 septembre : Le retour du tonton flingueur

Le rédac-chef m’a dit : vas-y, pour ton retour parmi les fanas de la petite reine, c’est à toi de jacter, et tu nous fais ça aux petits oignons. Je me suis pas fait prier, je vous ai torché la bafouille que voici que voilà.

Première sortie d’automne… mais je vais pas vous la jouer « sanglots longs des violons » ou « Voici que la saison décline », ça vous foutrait le cafard. Non, rien que du concret, du pris sur le vif, et du réjoui : ben oui, ça a été une bath virée, avec ciel bleu et soleil de feu. Même si au départ, on se les gèle un peu.
Affluence moyenne, j’en compte 13, des pédaleux, tout fringants dans leur habit de lumière; et 13 c’est un peu inquiétant des fois qu’on soye superstitieux. Histoire de pas se faire du mouron, on se dit que faudrait du renfort, on compte sur les gus qu’ont souvent du retard à l’allumage, ou sur ceusses qui se gourent de rencard. On verra bien, allez, en voiture Simone, c’est parti pour la bande des 13 ! Et tant pis pour ceux qui roupillent.

Qui qu’est là, que vous vous demandez ? Eh, bien, sachez bonnes gens qu’il y a là… voyons, que je n’en oublie pas :
il y a là Pierrot-la-science, Patou des Corbières, Jicé-le-Chti, Amiko-le-kostaud (monte tout sur la plaque, le zig), Minimax (mini plateau, maxi grenouille) ; et aussi : Yves le big boss de la confrérie, Mika-la-bûche (faut voir les molgoms du gazier), Gégé-l’inoxydable (qui s’est fait un gros bobo à la mimine dans un tunnel, je vous demande un peu : « c’est pas mon année », qui m’dit). Je reconnais aussi Cri-cri Kia Ki-en-veut, et pis le fameux Gaby Malto (docteur toute spécialité), Marco Credito (le mafioso du braquet), et Christian-la-belote (abandonné de ses aminches). Avec mézigue, ça fait le compte.

On aurait pu passer à 14, rapport à un coup de fil de la maison Poulaga : mais le fonctionnaire, il était en rade du côté d’Ochez, quand nous on traversait Vézelise… alors le boss et le galonné (Minimax soi-même), ils ont préféré l’attendre, le Jean-Marie, et rentrer peinards. Ils aiment ça, rouler peinards.

On n’est donc plus que 11 après le raidard de l’antique cité vézelisoise, un raidard maousse, un de ces murs… un vrai mur des lamentations, à moins que ce soit le genre de mur qu’on a envie de lapider des fois que Satan il serait caché dedans (j’ai vu ça à la télé, y ‘avait foule, mais je sais plus où ça se passait, les mecs… vous, vous savez p’t’être). Mais le plus raide dans l’histoire, c’était le vent qu’on s’est pris en pleine poire, une soufflante à vous décorner les boeufs, un mistral de par ici… un mistral perdant, qu’il aurait dit, le pote Renaud. Et pour peu qu’il se mette à souffler de côté, ce vachard, tintin pour rester groupés, ça s’éparpille faut voir comme. Interminables qu’elles sont, les montées cap à l’est, vers Crantenoy et plus loin vers Ferrières : il en faut du jarret, pour fendre la bise et rester au contact. Mais grâce au Pierrot et à l’Amiko, y a tout de même un peu d’abri pour les faiblards.

Sur la fin, la bande des 13 (qu’étaient plus que 11) s’est encore dégraissée, le Patou filant vers un repas de famille (qu’il a prétendu), et le Gégé décidant de rouler à sa main, si je puis dire. Quant au Jicé, du côté de Tonnoy, il a préféré aller se grimper le col du Minou, vu que ça lui donne des frissons, ce col doux, on peut pas le lui reprocher. On l’a revu plus loin, il était aux anges. C’est ce qu’il y a de bien avec le vélo, d’une façon ou d’une autre on prend son pied : suffit d’être un peu maso. Ou carrément maso. Ou moyennement maso. Bref, y a le choix.

C’est bien pourquoi j’ai repiqué au truc, moi aussi j’aime me faire mal pour me faire du bien. A une condition : garder l’équilibre, faire gaffe à ne pas tomber ! Pas tomber, jamais, nulle part, ni en plaine, ni en montagne, et pas même dans un tunnel. Maso mais équilibré, c’est la devise du cyclo.
Le pote au secrétaire

• Sortie du 20 septembre : Passe l’été, vient l’automne

Dernière sortie estivale de l’année, fraîcheur et grisaille automnales au départ de la balade du jour. Une sortie de transition, en quelque sorte. Eh oui, il faut déjà faire son deuil de l’été, et se consoler comme on peut : il y aura encore de belles journées ensoleillées, et des paysages tout en couleurs. Il y aura de belles et franches pédalées, et de moindres efforts à fournir, puisque les parcours iront diminuant. Passera l’hiver, reviendra le printemps… mais si le temps des saisons est cyclique, celui des cyclistes, hélas, ne l’est pas : un an de plus, c’est ce qui nous attend tous, et ça finit par compter… Trêve de mélancolie ! Un mot sur l’escapade matinale.

Eté Automne

Belle affluence, 19 au départ, puis 21, une fois récupérés les deux partants plus matinaux, Yves et Bernard (il y en avait bien un troisième, qu’on a aperçu tout à la fin, mais Jean-Yves est définitivement devenu un éclaireur qui n’éclaire que lui). Une première moitié de parcours vallonnée, et donc un peu difficile à gérer. Mais somme toute, ça ne se passe pas trop mal : le vélo-balai Christophe fait bien son boulot, ceux de devant mettent parfois la pédale douce, on s’attend, on rejoint Crézilles tous ensemble pour la pause, par la très charmante route forestière d’Ochey. Et cela après avoir traversé la énième brocante de l’année… C’est fou cette manie qu’on a d’étaler ses vieilleries et de traquer la bonne affaire. Peuvent pas faire du sport, les Français, le dimanche matin ? Comme tout bon Rando qui se respecte, en somme.

Après la pause, deux groupes, selon l’habitude, et s’immiscer dans le premier, c’est risqué, c’est ce que je me dis, j’y vais quand même, mais avec l’idée de créer le moment venu un groupe 1bis, ce qui se produira entre Fontenoy et Aingeray. Avec la complicité du très sage Patrick et du très amical Amico. Le retour ne sera donc pas trop douloureux, les dernières grimpettes s’effectueront sur un tempo raisonnable. Du moins en ce qui nous concerne, mais je ne doute pas que les Kostauds se seront tiré une bonne bourre, sinon c’est même pas la peine de sortir la bécane, tandis que les sages du deuxième groupe auront eu tout loisir de tailler une bonne bavette – au risque d’arriver assez tard, puisque la longueur du parcours et son dénivelé (105 km et 968 m escaladés à mon compteur), la crevaison de Christian également, n’auront permis à personne, je pense, d’être rentré pour midi.

Mais il fallait bien qu’on profite à fond de la dernière sortie de l’été !
Reynald

• Sortie du 13 septembre : Une leçon de sagesse

Non, je ne vais pas vous chambrer : la pluie était annoncée, vous êtes restés à la maison, vous avez été sages, vous n’avez pas pris le risque de vous enrhumer, ou de glisser sur la chaussée… Vous vous êtes préservés pour des jours meilleurs. Des prudents, des sages, vous dis-je, des modèles de sagesse !

Donc, si on vous traite de gros dégonflés, de pantouflards, ou pire de velléitaires (j’y vais, j’y vais pas), n’en croyez rien, ignorez, dédaignez, restez calmes. Et même, si vous êtes venus à Brabois sur le coup de 8h et que vous avez trouvé l’atmosphère humide, au point de renoncer, dites-vous que vous avez donné ainsi un mémorable exemple de sagesse.
Et si vous n’en êtes pas convaincus vous-mêmes, répétez aussi longtemps qu’il le faudra : non, je ne suis pas un gros dégonflé !

Des pas sages, des imprudents, il y en eut quatre sur le grand parcours pour représenter le club, et quelques-uns peut-être sur le petit (Max et Joseph étaient là dès 8h). Quatre et non six, puisque les très sages Gaby et Christian s’avisèrent que la bruine s’était mise à baigner le départ de la randonnée. Autant dire que je me suis retrouvé en bonne compagnie : Pierre le Maître des parcours, Michel le VVB (le Véli Very Best), Amico l’Ami des Randos – auxquels s’ajoutent deux émérites VVV, Jacques Kempf, le Tchatcheur intarissable, et Gérard Conreaux, qui, si j’ai bien compris, s’est lui aussi pris récemment une grosse gamelle.

Ce qui donnait une équipe de six pédaleurs (des imprudents, oui, vous avez tout compris, des pas sages, ou, allez savoir, des pas dégonflés) ; un petit groupe où les rôles étaient distribués au mieux : Pierre, Michel et Jacques pour prendre les relais, les deux convalescents pour les suivre, et Amico dans le rôle du berger veillant à ne perdre personne.

Toutes les conditions étaient réunies pour qu’on assiste à cet événement rare : des costauds qui réussissent à rouler en dedans quand ça grimpe, un rythme régulier, sans le moindre à-coup, un groupe qui reste uni tout du long … Un petit miracle, et un exemple à suivre. D’autant que ce parcours d’une bonne centaine de bornes était bigrement vallonné (en partant de Nancy, et donc en me tapant la montée de Brabois, cela m’a fait près de 1500 m de dénivelé !).

Un parcours agréable, souvent forestier, et, j’allais oublier l’essentiel pour tous ceux qui ne mirent pas le nez dehors, ou pas longtemps, un parcours quasiment sans pluie : la bruine du départ devient une franche averse lors de la descente sur Maron, et puis… et puis, plus rien, que du sec, au point qu’on enlève les impers dès Pierre-la-Treiche, et qu’on ne les remettra pas. Seul bémol, à l’arrivée, même scénario qu’au départ, la bruine est de retour, et la plongée sur Nancy est bien humide.

Les bénévoles de l’Aremig n’ont guère de chance, leur manifestation se passe rarement sous le soleil.
Et avec tous ces sages qui ne veulent pas se mouiller…

• Sortie du 6 septembre : Une échappée au long cours

Première sortie de septembre, première fraîcheur. Des retours de vacances, quelques réapparitions, dont celle du commissaire-qui-roule, et celle de Radio-Tour, ce dernier après plusieurs années d’abstention (il a pris du poids, mais il dévide toujours le même refrain). Une vingtaine d’amateurs au départ, avant que le peloton ne s’effiloche : VVV Gégé trouve que son vélo manque de nerfs et s’en retourne bientôt, le président doit rentrer vite pour raison familiale et ses fidèles lieutenants l’accompagnent.

Puis survient l’incident du jour vers le km 38, un peu avant la charmante bourgade de Barbonville (où la double allée de beaux arbres à l’entrée n’a pas encore subi la bitumisation galopante des bas-côtés qui ravage les communes rurales) : Cri-cri-six-cylindres est victime d’une crevaison, le peloton amenuisé l’assiste, vient le moment de gonfler la nouvelle chambre, et comme je m’avise qu’il y a là nombre de costauds qui ne vont pas manquer de carburer ensuite pour rattraper le temps perdu, je prends un peu d’avance, de même que Patou des Corbières.

Et nous voici tous deux pédalant, devisant, cheminant peinardement, en attendant que les Kostauds nous sautent sur le râble. La jonction devrait se faire lors de la montée vers Charmois. Mais rien de tel ne se produit : on se dit qu’on ne roule pas si mal, le vent arrière aidant. On s’approche d’Einvaux, le vent est devenu défavorable, on traînasse, mais toujours pas de jonction : on se dit que d’autres ont dû crever, que des garnements ont jeté des punaises sur la route (après notre passage). On pioche ensuite comme on peut dans les incessants coups de cul du parcours (mon compteur affichera 1120 mètres de dénivelé à l’arrivée), mais nous autres échappés ne sommes toujours pas repris, du côté de Méhoncourt (mais on court ?), de Romain, puis de Haussonville (on s’y hisse) : on se dit que derrière ils exagèrent, qu’ils n’en fichent pas la rame, ou qu’ils en ont plein les bottes.

Dans la belle descente sur Velle, on freine un peu, on leur laisse une chance, mais toujours rien, pas un pour nous rattraper, pas même un Gaby : on se dit qu’ils ont dû céder à la tentation, celle de s’arrêter et de marchander dans les brocantes et autres rutilants vide-greniers qui parsèment le parcours. Tant pis pour eux, on continue, on avale la côte de Benney, on dévale la descente sur Ceintrey, on se pousse du col à Pulligny, et on les imagine, les traîne-savate, suant et suffocant pour nous rattraper enfin… Frolois, on ne fait que le frôler (en préférant l’autre rive du Madon), on file sur Bainville, on se retourne, toujours rien. On rentre par Brabois, trop certains qu’à Maron on ne retrouvera personne. Tant pis, on aura fait 60 bornes en tête, tranquilles, efficaces, un peu inquiets tout de même pour nos petits camarades.

Ma rapide enquête du début d’après-midi me rassurera : rien de grave à l’arrière, Cri-cri avait re-crevé, puis son pneu arrière avait fait des siennes, et le groupe avait perdu plus de temps qu’il n’aurait fallu pour mettre un terme à notre échappée au long cours. Aussi bête que cela. N’empêche, on aura vérifié qu’il suffit de rouler régulièrement pour arriver à bon port. Quant au mythe des costauds, m’est avis qu’il a pris  du plomb dans l’aile.

• Sortie du 30 août : En progrès

Après la sortie du retour (en ce qui me concerne), la reprise continue… et la surprise se répète : à défaut d’avoir la socquette légère, la bonne surprise c’est de ne pas être à la ramasse, et de parvenir tant bien que mal à suivre les petits camarades. Même les grimpettes ont été hier matin moins laborieuses, et le tempo souvent assez vif du peloton était supportable. C’est vraiment le bon côté des arrêts prolongés : on fait des progrès à chaque sortie, on se sent de mieux en mieux, on profite à fond du plaisir de tourner les jambes… Pourvu que ne revienne pas trop vite la sensation de plafonner ! Celle d’avoir déjà retrouvé ses bonnes vieilles limites. Mais n’en demandons pas trop, et carpe diem !

Le retour, ce fut aussi celui de quelques vacanciers : 8 têtes nouvelles par rapport au dimanche précédent, quelques 19 pédaleurs au départ, ou presque, puisqu’il faut d’abord rattraper la nouvelle avant-garde du groupe, non plus Jean-Yves mais Joseph, qui se plaît à s’échapper en solo dès potron-minet. En deux semaines, c’est donc la quasi-totalité des licenciés que j’aurai eu le plaisir de revoir.

Gérard se doit à ses invités du jour et tourne casaque le premier (ses invités, j’ai idée que ce sont de valeureux vieux cyclistes, des obsédés de la pédale, du cul sur la selle, et de la main au panier… mais ne me faites pas dire ce que je ne dis pas). Joseph, ensuite, nous salue bien. Voici donc le peloton réduit à 17 unités, mais pas pour longtemps : à l’approche de la côte d’Uruffe, pourtant bien modeste et agréablement ombragée, les habituels amateurs de raccourcis filent droit sur Vaucouleurs. Mais sans prévenir, ce qui ne se fait pas : devant, on s’inquiète, Amico part même à leur recherche, on temporise, jusqu’à ce qu’on se rende à l’évidence. A la pause d’Ugny, toujours personne. Et moi qui comptais sur un deuxième groupe pour rentrer selon un tempo raisonnable…

C’est à Pagny qu’on retrouve les 4 resquilleurs, en train de faire le plein à la station-service, le plein d’eau. Il faut dire que le soleil commence à cogner très fort. Les costauds, eux, n’ont pas soif, ils embrayent, ils en rajouteront même un peu, à ce que j’ai su, en passant par Liverdun, histoire de compenser leur excès de vitesse.

Derrière, pas d’excès de cette sorte, mais un exploit : le grand Max a fait le pari qu’il tiendrait l’équilibre en roulant à 2 km/h, et c’est vrai, j’en témoigne, il y est parvenu… Il a réussi à rendre les faux plats de la fin de parcours tout à fait interminables. Et ceci malgré un vent favorable qui risquait à chaque instant de le précipiter vers l’avant. Les costauds devraient en prendre de la graine : rouler petit petit, c’est possible. La vérité, c’est que Patrick et moi, on n’a pas été capables d’observer ce tempo improbable, on a fini par s’échapper, sans le vouloir.

A l’arrivée, 105 km au compteur, et 928 mètres d’ascension : c’est bien ce que je pressentais, pour une reprise, cela aurait pu être pire. Et j’en viens à penser qu’on devrait toujours se ménager de longues pauses pendant l’année, rien que pour le plaisir de s’y remettre et de progresser.
On se console comme on peut.

• Sortie du 23 août : Le retour

Eh oui, tout a une fin : une convalescence de plus de trois mois, et un silence presque aussi long. Donc, était venu pour moi le temps de rejouer des manivelles et, par voie de conséquence, du clavier. C’est mon destin : quand je pédale, je cause. Quand je m’abstiens, je me tais, n’ayant rien à raconter, ça paraît logique. J’ai donc le plaisir de vous saluer tous, ceux que j’ai vus ce matin, et ceux qui n’étaient pas là.

Je ne pensais pas revenir aussi vite (façon de parler), après seulement deux sorties cette semaine, 65 km seul, et 85 km dans le sillage protecteur de Jean-Luc. Mais ces deux essais m’avaient plutôt rassuré. Et le parcours de ce matin était d’abord longuement plat, l’idée étant de ne pas effectuer la suite en totalité. J’avais aussi parcouru un bon nombre de kilomètres durant mes trois semaines de vacances, sur ma bicyclette de promenade. Mine de rien, comme elle est lourde et équipée de pneus assez larges, ça finit par faire travailler les guibolles. Mais que du plat, pas la moindre montée.

Ce fut donc un grand plaisir que de renouer avec le peloton des mordus. Si j’avais pu douter d’avoir retrouvé le bon rendez-vous, le doute a été vite dissipé : on m’accueille avec quelques plaisanteries grasses, l’un des présents parle d’une sortie récente à 35 km/h, un autre prend immédiatement les devants, à la Gaby, et précisément c’est ce cher Gaby qui joue les éclaireurs. Je suis bien chez les Randos. Tout est comme avant, sauf le beau vélo tout neuf de Pierre, le bronzage de quelques gambettes et la coquette moustache du Président.

Et les costauds demeurent les costauds, tandis que les amateurs de raccourcis continuent de raccourcir. Si bien que le peloton d’une quinzaine de membres se sépare en plusieurs groupes dès Maidières, avant même la pause, et que la longue mais assez facile montée vers Viéville s’opère en petits paquets. Ensuite, le cap est mis sur Jaulny. Sauf pour bibi, et pour Nono. Et ça, c’est la bonne affaire du jour : au lieu de rentrer seul, contre un vent de plus en plus vif, me voici abrité, encouragé, bichonné par le généreux pèlerin de Compostelle. Quelques poussettes dans les côtes ne sont pas de refus, car le difficile c’est bien de se remettre à grimper. Et sur la route de Thiaucourt, puis de Mamey et de Martincourt, puis de Manonville (on fait ce choix plutôt que celui de la Petite Suisse), et jusqu’à la sortie de Dieulouard, ça ondule, ça manque de plat.

Mine de rien, notre « raccourci » s’avèrera plutôt longuet : 104 km pour moi, et 800 mètres de dénivelé. Pour une reprise, ça fait beaucoup. Mais fallait bien fouetter la bête ! Sinon, on s’écoute, on rechigne, on renonce, on grossit, on déprime… la pente fatale !
Donc, la bête n’est pas morte, la forme va revenir, et la fin de saison sera magique !

J’espère que de votre côté vous ne serez pas trop rincés par vos exploits estivaux : manquerait plus que ça que je sois obligé de vous attendre et de vous pousser !

Reynald