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• Sortie du 23 novembre : Hygiène de vie

Faut que j’te raconte, ça faisait des mois qu’i m’ tannaient pour que je fasse du biclou avec eux, les randos de Nancy. Alors, à force qu’i z’insistent comme des maboules, j’ai emprunté le matos à mon frangin, et j’ai fait ni une ni deux… pas dégonflé le mecton, ce matin, je me suis pointé à leur rencart. Un drôle de cirque, faut voir ça, y’en avait plein, fringués comme des chtroumpfs, équipés comme des pros, perchés sur leurs machines dernier cri, t’imagines pas le progrès … du bol que le vélo du frangin faisait à peine ses 8 kilos, t’imagines, si je m’étais pointé avec la bécane du paternel, tu sais celle qu’il a piqué aux Fritz en 42…16 kilos de ferraille, faut s’les traîner.

J’te cache pas qu’au début, j’ai morflé, c’est pas qu’ça roulait bien vite, mais que veux-tu, quand on clope ses 2 paquets par jour, qu’on se descend ses trois boutanches de rouquin, sans compter le carafon de brouille-ménage, le « sport », comme ils disent, c’est pire que l’turbin. Tu vas m’dire, forcément, c’est aussi du travail à la chaîne, le vélo… je rigole, mais n’empêche, qu’est-ce que ça fait mal aux guiboles, pis aussi au dos, et le joufflu, c’est le bouquet, vu qu’on est assis sur une selle qu’est pas plus large que le bifteck de la cantine.

Petit à petit, je m’y suis fait, j’ai pigé comment qu’i fallait s’y prendre : surtout pas de vent, bien à l’abri, « dans les roues » qu’ils disent, j’te demande un peu, dans les roues… et pis j’ai dit, les poussettes c’est pas de refus, faut pas vous gêner les gars, j’vais pas me vexer. Sur le tas, y’en a qu’on été ben complaisants, z’ont eu pitié. J’vous revaudrai ça, qu’j’ai dit…les promesses ça coûte pas cher. C’est pour dire que j’suis pas resté en rade, et qu’j’ai même pas mis à pied à terre, enfin pas longtemps, on a sa fierté, tout d’même.

C’est pas tous des jeunots, les mordus de la petite reine, loin de là, y’en avait même un qu’avait 80 piges, i paraît, tu te rends compte. Pis fallait voir comment qu’il moulinait des gambettes, l’ancêtre, t’en avait qui tiraient la langue pour ne pas s’faire larguer. La moyenne d’âge doit dépasser allègrement les 60 balais… z’ont pas dû beaucoup se fatiguer au boulot quand i z’étaient jeunes, pas comme mézigue… frais comme des fonctionnaires qu’i sont, tout frais tout roses comme des premiers communiants.

A moins que… ouais… à moins que ce soit le biclou qui les conserve, précisément… « l’hygiène de vie », qu’i m’dit toujours le toubib, vous y pensez à votre hygiène de vie… pour sûr que j’y pense, mais que veux-tu, j’sais pas refuser… moi, on m’offre un canon, je dis jamais non, j’ai de l’éducation, mon prince, j’sais m’tenir… enfin, jusqu’à un certain point, des fois j’attige, j’me tiens aux murs, même que la bécane du paternel j’la retrouve pas… obligé de rentrer à pinces… mais avec tous les zigzags, ça en fait du chemin.

Bon, je crois que je vais m’acheter une conduite… et un bon vélo. Parce qu’au fond, je les envie, les croulants qui pètent la forme. J’dis pas que je les suivrai partout… vu qu’i en a un qu’est un peu philosophe sur les bords qui m’a expliqué : y a des pacifistes, dans le lot, des pères tranquilles, des contemplatifs, mais y en a aussi pour qui c’est jamais assez dur… en-dessous de 10%, une côte, c’est de la rigolade, il leur faut du raide, du pentu… et du bien long dans le dur, col après col, et chrono en mains, comme des pros, j’te dis, ah ça rigole pas… des forcenés. Alors, le philosophe (i s’appelle Kierk, Kierk Hegaard, un drôle de nom, doit être né à Anvers, à moins qu’il soye danois), i m’a sorti une phrase qui m’a drôlement fait réfléchir : i m’a dit, pour ces gaillards-là, « ce n’est pas le chemin qui est difficile, c’est le difficile qui est le chemin… »

Je répète, t’as bien entendu : ce n’est pas le chemin qui est difficile, c’est le difficile qui est le chemin.

Ah, c’est beau comme de l’antique, une phrase comme ça… pour faire réfléchir, ça fait réfléchir…

Reynald, qui a reçu les confidences du néophyte du jour.

• Petit mot du 11 novembre

Pas de sortie pour moi ce matin, donc pas de compte rendu. Mais en ce jour du 11 novembre, on peut se souvenir qu’il y eut bien des soldats cyclistes en 14-18 : chasseurs, estafettes, éclaireurs.
Voici quelques éléments d’information glanés sur le Net :

L’infanterie cycliste française doit son apparition au Lieutenant Henri Gérard. Il comprend que la structure même de la bicyclette est la grosse objection qui sera toujours opposée à faire du cycliste un combattant. Le lieutenant entreprend des recherches sur la transformation de la bicyclette pour la rendre plus maniable en toute circonstance. Il y réussit. La bicyclette pliante « Gérard » est née. Elle est exposée au Salon du Cycle à Paris en décembre 1894.
Les premiers cyclistes militaires combattants apparaissent en France en 1895 lors des grandes manœuvres. La création des premières unités cyclistes, sous forme de compagnies ou pelotons, remonte à 1899.
Le chasseur cycliste, au début du conflit, est un militaire d’active, sélectionné sur ses aptitudes physiques. Il est équipé du fusil d’infanterie Lebel. Il ne porte pas de capote ni de havresac. Tout ceci contribue à en faire un combattant rapide, leste et très mobile.

A partir 1915, les réservistes de la cavalerie remplacent progressivement une partie des chasseurs cyclistes qui rejoignent un BCP [Bataillon de Chasseurs à Pied] en renfort. En juin 1916, l’effectif des GCC [Groupe de Chasseurs Cyclistes] est réduit de moitié. En 1918, l’effectif est reporté cette fois ci à son maximum. C’est alors le retour des GCC au premier plan. Un GCC comprend : 10 officiers dont un médecin, 407 sous-officiers, caporaux et chasseurs, 18 chevaux et 7 voitures.

A l’origine, la bicyclette pliée, conçue par le lieutenant Gérard, pèse 17 kg. Le diamètre des roues est de 65 cm, le pédalier principal est muni de 23 dents, celui arrière de 9 dents ce qui permet un développement de 5,5 m. Sa hauteur est de 0,75 m et sa longueur 1,5 m. Cette hauteur, adaptable, permet au chasseur cycliste, en cas de mauvaise surprise, de poser les pieds au sol et de faire feu sans descendre de machine. Les bicyclettes sont toutes montées sur pneumatiques Michelin. En effet, ce pneumatique possède des atouts majeurs: une vitesse supérieure, le silence, et il épargne les trépidations, au contraire des caoutchoucs creux.

En 1910, la pliante passe à 16 kg nue et 18,5 kg avec paquetage (collet, gamelle, nécessaire de réparation). C’est encore 3 kg de plus que le fantassin équipé. L’objectif demeure donc l’allégement de la machine. En 1914, les chasseurs cyclistes perçoivent la pliante « Gérard », ramenée au poids de 13 kg. Equipés ainsi, les cyclistes ont une vitesse moyenne de 10 à 12 km à l’heure. Ils sont capables de parcourir des étapes d’une moyenne de 60 (le minimum) à 100 km.

Et voici quelques photos, qui vous donneront une petite idée des « sorties » auxquels les malheureux étaient voués :

Eclaireurs cyclistes Soldats cyclistes

• Sortie du 9 novembre : Nancy ça roule

Enfin un temps de saison ! On commençait à désespérer… Cette douceur, ce soleil, cette ambiance estivale qui n’en finissaient pas, ça devenait presque inquiétant. Voici les pendules remises à l’heure. Un bon petit coup de fraîcheur, la tenue d’hiver pour tout le monde, du thé chaud dans les bidons (je présume). Il était grand temps. Tout le monde était donc ravi.

Ce qui ne change pas, c’est le succès de nos sorties : pas moins de 28 citoyens pédaleurs à un moment donné, il est vrai avec l’adjonction de quelques étrangers au club, venus apprécier la qualité de nos prestations. Et, parmi eux, Elle, la cycliste  pour nous la plus fameuse de Lorraine, Elisabeth (Antoine), dont le rapport poids/puissance ne cesse de faire notre admiration : elle grimpe comme un cabri et roule comme une lionne … oui, ce sont des images : même si les animaux sont devenus récemment des « êtres sensibles », nos quasi-semblables, ils ont encore des progrès à faire pour tenir assis sur un vélo, la plus formidable invention humaine. Il fallait que ce soit dit.

Cette fraîche et revigorante sortie a vu aussi le retour du grand Max, qui n’avait plus pédalé depuis des mois : sa chère grenouille lui est demeurée fidèle, on est rassuré, son état de forme était ce qu’il devait être, pas si mal au début, moyen moyen ensuite, déliquescent pour terminer. Ne te décourage pas, Max, ça va revenir. Et comme tu l’as constaté, tu as pu bénéficier du précieux soutien de ceux qui t’ont escorté dans le redoutable faux-plat du retour. On le sait, dans certains cas, un faux-plat ce n’est rien moins qu’une vraie côte. Elle a vu aussi, cette sortie, l’amicale visite du néo-Lillois, Hervé aux-grands-pieds, qui n’a pas encore découvert les routes du Nord, ses pavés légendaires, ses célèbres « murs ». Dire qu’il avait la frite, ce serait trop dire, mais tout de même, sa pratique de la course à pied lui a évité de « grenouiller » à l’arrière.

Une remarque sur la cohésion du groupe : le grand nombre du début et la nature du parcours n’ont pas rendu les choses faciles, le vélo-balai du jour, le remarquable Marc DG, a eu du boulot, d’autant qu’une crevaison précoce de notre « infirmier d’honneur » a contribué à faire éclater le peloton, reformé peu à peu du côté de Liverdun. Oui, j’accorde ce titre à Jean-Luc, qui s’est montré très prévenant avec moi dans la remontée sur Nancy : j’ai souhaité ralentir pour faire redescendre le cardio, il a estimé qu’en ex-infirmier responsable il ne devait pas abandonner un patient. Un patient potentiel, ouf, vu que ça allait bien pour moi, mais encore mieux en baissant d’un ton, après une longue séquence très rondement menée. Les « gros » de devant, ça déménage, on ne le dira jamais assez. Ce qui m’a permis de revoir sur la fin ceux qui avaient évité à Toul de se taper la boucle de Chaudeney. Je progresse, comme secrétaire : j’ai pédalé dans les deux groupes aujourd’hui, ce qui me permet d’évoquer l’un et l’autre. Ce qu’il ne faut pas faire, tout de même !

Une remarque sur le parcours : on a noté qu’il faisait beaucoup de zig et autant de zag, qu’il intégrait aussi deux boucles (par Toul et par Gondreville). Ce qui donne un peu mal à la tête. Je sais que l’avantage, de novembre à février, c’est qu’on s’éloigne peu de Nancy, et qu’en cas de pépin on y revient plus vite. On pourra en reparler : qu’est-ce qu’il faut privilégier (dans ces sorties de transition entre deux années) ?

Enfin, un mot sur un événement passé totalement inaperçu, qui n’a pas fait la une des journaux, que ni les radios ni les télés n’ont commenté. Un événement pourtant extraordinaire… non, je n’ose pas le révéler, sauf si vous insistez.
Vous insistez.
Donc, en un mot comme en cent, en cette année 2014, votre secrétaire a atteint, pour la première fois de sa vie de cycliste, la barre mythique (pour lui) des 10 000 km. Il dit sa reconnaissance à tous, puisque sans émulation ça ne se serait pas produit. Avec une pensée particulière pour Gérard, le grand organisateur des VVV (ardéchois, alpins et vosgiens).

J’ai encore été trop long. Mon petit doigt me dit que Dominique et Jean-Claude ont décroché après le premier paragraphe. Je ne le ferai plus. Vous aurez ainsi plus de temps pour faire de vraies bonnes lectures. Tiens, pour une fois, le prix Goncourt, je vous le recommande : Lydie Salvayre est une formidable romancière !
Reynald
Secrétaire non perpétuel de l’Académie de la Bicyclette nancéienne

• Sorties des 1er et 2 novembre : La fête de la vie

Soleil et douceur, encore et toujours. J’ai vérifié : nous sommes bien en novembre. Nous ne rêvons pas. Il est presque dommage d’être passé à l’heure d’hiver et aux petites sorties de trois heures. Il reste que de telles sorties, de n’être pas de saison, sont doublement jouissives. Le vélo est une fête, et on en oublie les galères.

Hier, les 12 estivants à vélo ont carrément eu chaud, une fois dissipé le brouillard de Brumaire, d’autant que le parcours très vallonné exigeait des efforts répétés. Aujourd’hui, le parcours tranquille et l’allure modérée ont permis d’apprécier pleinement les plaisirs de cette arrière-saison bénie des dieux du cycle. Heureux week-end : le contraire d’un temps de Toussaint, et une fête des morts qui sonne comme un hymne à la vie. Mais nos amis disparus, nous pensons à eux, la tristesse demeure.

Grande affluence ce matin, pas moins de 25 amateurs, en comptant quelques invités : Cri-cri Six-cylindres avait décidé d’être vélo-balai, et pour avoir un peu de boulot, il avait organisé une journée « portes ouvertes » (c’est lui qui me l’a dit). Nous avons fait connaissance d’un Philippe de « Laxou ça roule » (un vététiste ami de Francis), et d’un autre Philippe qui avait découvert notre site pas plus tard qu’hier et qui souhaite ne plus rouler seul ; et nous avons aussi aperçu quelques rouleurs qui ont fait un bout de chemin avec nous. La preuve que le vélo et le club se portent bien. Mais toujours pas de recrues féminines : sur ce point, on ne progresse guère.

Aujourd’hui, alternance oblige pour le rédacteur de ces lignes, j’ai pris le deuxième wagon après la pause, une manière de parachever une sortie très « relaxation ». Et comme Patrick Corne nous avait rejoints lors de la pause, j’ai pu tailler une bavette avec lui : en deux mots, il espère bien s’adonner à nouveau à son sport préféré, après des années de galère consécutives à sa chute. On aura plaisir à le retrouver en bonne forme (non, ce n’est pas mon petit doigt qui me le dit). Autre blessé récent, Jean-Claude Collard est lui aussi venu respirer l’air du peloton ; accompagné de son frère, notre trésorier émérite, dont c’est la forme qui a sévèrement chuté cette année, faute de pratique. Mais on sent bien que la résurrection est proche pour eux tous. Pour peu qu’ils mettent à profit les petites sorties d’hiver (si l’hiver finit par arriver).

Pour rire, et pour dissuader les postulants, j’ai proposé qu’on attribue en fin d’année un prix du Gros Bourrin. A l’inverse, un article que vient de me transmettre Gérard sur l’art de rouler en groupe inviterait à créer un prix de « l’esprit chevaleresque » : vous voyez ça d’ici, les plus costauds se mettant au service des moins forts, et inversement, ces derniers acceptant que les cadors aient aussi leurs bons moments pour s’exprimer… Voici qui ressemble beaucoup à ce qu’on essaie d’obtenir dans le club : en demeurant groupés d’abord, en levant le pied dans les montées, puis en coupant le peloton en deux groupes roulant à des rythmes différents. Par conséquent, je me dis qu’on devrait avoir beaucoup plus de candidats au prix du  Rando Chevaleresque (que tous peuvent convoiter) qu’à celui du Gros Bourrin, réservé à une partie des licenciés et moins flatteur : vous ne pensez pas ?

Bonne semaine,
Reynald

PS : à éviter si vous voulez pédaler rond :

velo-roue-carre

• Sortie du 26 octobre : Heure d’hiver, douceur printanière

Vous en serez bien d’accord : heure d’hiver, douceur printanière. Ciel couvert, puis dégagé, grand soleil pour finir : est-ce que l’année va se terminer comme elle a commencé, pour le plus grand plaisir des cyclistes ? Le temps est si clément qu’ils étaient à nouveau 22 à en profiter, auxquels se sont ajoutés 5 non licenciés, des « étrangers » bien connus de nous, plus un petit nouveau, qui devrait prendre une licence l’an prochain. Jean-Luc avait raison, chez les Randos, c’est le plein emploi. Les présents étaient à peu près les mêmes que lors des sorties précédentes, mais je n’ai aperçu ni Jean-Yves (parti trop tôt en éclaireur, à l’heure d’été ?) ni Gégé. Et toujours pas de Max. Du mou dans les manivelles ?

Un qui l’a trouvé, son nouvel emploi, c’est Didier (Wernert), qui s’est proposé de lui-même pour goûter enfin aux joies du vélo-balai. Comme tout le monde suit facilement (au début) ça baigne pour lui, malgré l’importance du peloton. Quand viennent les premières côtes, à partir de Liverdun, et dans la traversée de la petite Suisse, sa vigilance permet qu’on ne perde personne en route. Mission accomplie, donc, d’autant qu’il a bien sûr montré l’exemple auparavant, lors de la crevaison du petit Pierre (le roi Merlin) à la sortie de Pompey, en s’arrêtant (mais la victime bénéficiera d’une escorte d’une douzaine de potes jusqu’au regroupement général sur les hauteurs de Liverdun). J’ajoute qu’il sait aussi manier la paluche, le Didier-balai, comme Gaby, Marc et quelques autres, pour ce qui est de procurer d’utiles poussettes aux rêveurs qui oublient parfois de pédaler rude. Décidément, c’est sympa une sortie des Randos, on y glane des distinctions fort honorifiques : vélo-balai émérite, pousseur d’excellence, relayeur parfait…

La vérité oblige à dire que parfois on s’y dispute aussi le titre de Gros Bourrin… et ça ne manque pas de cuisses pour y prétendre, à ce titre envié, vu que pédaler en dedans quand ça monte, c’est un truc qui n’est vraiment pas naturel. Donc, on le sait, on l’a dit mille fois, ils en remettent une couche, les prétendants au titre, dès que l’occasion se présente de faire mal aux copains. C’est ainsi, incorrigibles, qu’ils sont, des sales gosses. Des nostalgiques de la compétition, probablement.

Bon, vous allez me dire qu’on n’est jamais obligé d’aller dans le premier groupe après la pause : c’est vrai, mais ma conscience professionnelle, vous y avez pensé ? Faut bien que je pratique l’alternance pour pouvoir parler tantôt des costauds de devant, tantôt des flâneurs de l’arrière. Aujourd’hui, j’étais donc en mission à l’avant. Mais je vous rassure : à part le tronçon qui relie Jézainville et Griscourt, propice aux coups de flingue, c’était jouable, même les petites cylindrées pouvaient suivre sans se mettre à la planche. Ceci compte tenu de ce qu’ils ont tout de même le souci, les costauds, de préserver l’intégrité du groupe. Ils s’emballent, puis ils se disent qu’ils ont encore fait une connerie : alors, ils ralentissent, ils laissent revenir, ou carrément ils attendent. C’est une solution.

Une dernière précision sur ce point : comme un de nos « invités » du jour s’est employé assez souvent à forcer l’allure, je me suis quand même permis de lui faire une remarque. Vous devinez laquelle. Oui, une sortie organisée par un club, c’est une sortie organisée par un club. Pas par « les Saint-Pierre » ou « les Champigneulles », par exemple. Vous voyez qu’il faut bien que je me sacrifie de temps en temps pour aller prêcher à l’avant la bonne parole du club. Mais, évidemment, je ne peux rien dire de ce qui s’est passé à l’arrière après la pause. Faudrait songer à me donner un adjoint. A étoffer le comité de rédaction.

A ce sujet, j’ai fait quelques mises à jour sur notre site, en particulier en alimentant la rubrique « Citations ». Et comme vous avez été privés d’images depuis un bout de temps, en voici une (ci-dessous) : une solution pour notre prochain 200 et les longues sorties.

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• Sortie du 19 octobre : Plein soleil

C’est bien par sa présence, cette fois, après deux épisodes de plein brouillard, que le soleil a brillé. Et brillé comme il ne l’a pas souvent fait en juillet et août. Une sortie estivale en somme, quelque peu décalée, et d’autant plus appréciée. Une sortie toute en douceur, lumière légèrement tamisée, tiédeur de l’air, ambiance feutrée… rien de trop, pour une fois, que du modéré, du tempéré, du modeste, mais tellement délicieux. Si un jour on fait du vélo au paradis, c’est peut-être ce genre de sensations qu’on éprouvera, non ? On peut rêver. Je rêve. Mais je ne demande pas le Pérou, vous l’aurez noté.

J’ai à nouveau compté 22 participants pour cette estivale escapade, les mêmes que la dernière fois, à deux ou trois unités près, il me semble, puisque ni Franck ni Bernard n’en étaient, non plus que le jeune Xavier, mais qu’à l’inverse le tonton flingueur de Bouxières a fait son grand retour parmi ses amis lorrains, après avoir écumé les routes de France (bref, on a eu le bonjour de Marcel, et de Charlotte, évidemment). Et les autres  « revenants » du jour, voyons, voyons… je vote Cri-cri V8, mais je ne suis sûr de rien, et il m’en manque un. Ce dont je suis sûr : c’est Jean-Luc, un autre petit gars de Bouxières, qui s’est porté volontaire pour jouer le rôle de vélo-balai, au motif qu’il n’avait pas encore eu l’occasion de le faire, vu qu’il a cette année plus bâti que pédalé. Examen de passage réussi, parfaite vigilance, aucune perte à déplorer.

La douceur de l’air, la beauté de la campagne et des bois, le relief peu accidenté du parcours, tout invitait à lever la tête, et à ne pas abuser du braquet. Du moins jusqu’à la pause : nul doute que le premier groupe s’est ensuite dérouillé les gambettes, pendant que le second a continué d’admirer les premières couleurs de l’automne. Et, personnellement, comme aujourd’hui j’ai écouté la voix du bon sens, rien ne m’a obligé à me fourrer la tête dans le guidon. Ce fut donc pour moi comme pour pas mal de monde une des sorties les plus jouissives de l’année. On s’en souviendra.

Le mot du jour, signé Jean-Luc (comme quoi on peut manier le balai et réfléchir en même temps) : « les Randos, c’est le plein emploi » (au vu du grand nombre de participants). Un exemple pour ceux qui nous gouvernent. Et en plus on turbine le dimanche, retraités compris. Remarquable, vraiment. Une leçon d’économie appliquée.

A dimanche prochain (ou à jeudi, pour ceux qui en ont le loisir : le rendez-vous de jeudi dernier a bien marché – si la météo est bonne, on le reconduira – confirmation suivra d’ici mardi).

• Sortie du 12 octobre : Du brouillard sur les Bermudes

C’est à nouveau dans le brouillard que débute la balade, pour 22 volontaires, pas moins, si j’ai bien compté. Pas facile de compter, d’ailleurs, dans cette brouillasse opaque, épaisse, et très humide, qui permettait rarement d’apercevoir à la fois la tête et la queue du peloton. Plusieurs avaient mis une chasuble fluo tout à fait appropriée, et quelques-uns un feu rouge : exemples à suivre, dans ce type de circonstances. Ne lâchons rien sur le plan de la sécurité : les automobilistes ne font jamais de cadeau, et ils sont toujours pressés, on l’a maintes fois vérifié. Un automobiliste pas pressé, ça s’appelle un piéton.

Parmi les présents, on a eu le plaisir de compter un « revenant », Francis-ça-roule, en déficit de kilomètres, tout désigné a priori pour rester à l’arrière… mais le bombarder vélo-balai, je n’aurais pas dû, je le confesse : trop dur de faire l’élastique à l’arrière, de prendre du vent, quand on n’a pas de bonnes jambes, outre qu’il fallait aujourd’hui voir à travers le brouillard. C’est ainsi qu’on a perdu sans s’en apercevoir quelques éléments de la troupe, retardés par un ennui mécanique. Mais là où Francis rattrape magistralement le coup, c’est en s’offrant une crevaison qui permet aux égarés de recoller ! Vraiment bien joué ! Egarés, les égarés le furent doublement, en réalité, pour avoir commis une erreur de parcours. Comme quoi, bien l’étudier la veille, le parcours, demeure une sage recommandation. Surtout quand on va du côté de Saffais, Vigneulles et Barbonville, qui forment une sorte de triangle des Bermudes où immanquablement les GPS s’affolent et les repères s’inversent. Bizarre, vraiment bizarre. Mais le constat est là : il n’arrive pas qu’on ne s’y perde pas. Même par beau temps.

Autre participant occasionnel, le VJV Xavier (Valeureux Jeunot du Vélo), qui roule peu mais fort, ça s’est encore vu ce matin. Son secret ? Je ne le connais pas, faudrait enquêter, pour au moins trouver l’adresse de son soigneur (vous savez, le genre à qui on s’en remet les yeux fermés, et qui vous fait des trucs à l’insu de votre plein gré). Ceci dit, vu le rythme tenu par le premier groupe (après la pause), on peut se demander si pas mal de costauds ne la connaissent pas déjà, cette adresse.

Bon, je plaisante, les costauds sont costauds parce qu’ils sont costauds, c’est aussi bête que ça. Et ceux qui ont formé le deuxième groupe ont fait preuve de bon sens (pas comme moi). Mais ce constat de l’inégalité des forces (qui n’est pas nouveau) confirme qu’il faut que chacun y mette du sien pour que le rythme adopté avant la pause ne soit ni trop vif (sinon ça grogne) ni trop lent (ça grogne aussi). Et que l’un des rôles des membres du Bureau est d’y veiller le mieux possible.

Pour le reste, pas grand chose à dire des lieux traversés aujourd’hui : le soleil a percé le brouillard à 10h08 (c’est beau, l’exactitude), avant de disparaître à nouveau, si bien qu’on n’a eu qu’une idée incomplète de la superbe route forestière qui relie Landécourt et Franconville – faudra y repasser par temps clair. Une fois le soleil vraiment revenu, il y a eu conflit (dans le groupe de devant) entre regard sur le paysage et tête dans le guidon. Personnellement, c’est fou ce que j’ai pu le voir, mon guidon. D’où le programme de ma prochaine sortie : lever la tête. Il serait trop dommage de manquer les couleurs de l’automne.

• Sortie du 5 octobre : Un PPP d’octobre

Plaisir de retrouver le peloton après deux semaines d’absence. Le peloton, on peut s’y abriter, ce n’est pas négligeable, on y peut papoter à loisir avec l’un puis avec l’autre, on peut même oublier qu’on pédale – ce qui rend l’exercice plus facile. Bref, ça change de la sortie et de l’effort solitaires. Si le club n’existait pas, il faudrait l’inventer, je ne le vous fais pas dire.

J’observe qu’on a tendance à se laisser moins abuser par les prédictions pessimistes de la météo : l’annonce répétée de l’arrivée de la pluie n’a pas dissuadé le gros de la troupe de mettre le nez dehors. On était quinze au rendez-vous, puis seize sur la route avec le renfort de Jean-Marie B. à la sortie de Dombasle (où il avait pris des nouvelles de notre ami Jean-Claude (Collard), victime d’un accident domestique : prompt rétablissement à lui). La pluie, elle a fini par percer la brume dans la dernière heure, mais sous la forme d’une bruine légère tout ce qu’il y a d’agréable. Les cyclistes sont comme les belles plantes, faut les arroser de temps en temps.

Mais la brume, elle, a quelque peu gâché la partie « montagneuse » de la sortie : sur les hauteurs d’Amance, pas moyen de profiter du panorama. Et ce n’était pas le moment de battre des records de vitesse dans la descente, humide et opaque. Mettons sur son dos, à la brume, le fait que le peloton ait ensuite fondu de moitié, c’est si vite fait de se perdre de vue. Mais il est vrai qu’on avait perdu quelques unités lors de la pause, pause prolongée par une crevaison, ce qui fait que ceux qui étaient partis en éclaireurs ont dû s’étonner de ne pas nous revoir. Remarque :  on devrait songer à vérifier ses pneus lors de la pause, puisque c’est toujours au moment de repartir qu’on s’aperçoit qu’un pneu s’est dégonflé.

Devant, dans le final, on n’était donc plus que huit, huit costauds… ou plutôt, sept costauds et demi, vu qu’il y en avait un qui était obligé de garder des forces pour rédiger ce compte rendu (au lieu de faire une bonne sieste, comme tout le monde). Auparavant, un bon tempo, m’a-t-il semblé, pas trop mou, mais rien de trop. Sauf dans les côtes, bien sûr, il y a toujours quelque chose de trop pour certains quand ça monte. Trop de pente, trop de vitesse, trop de poids. C’est ainsi, il y a souvent quelque chose de trop dans le vélo. Ceux qui ont fait le dernier VVV de l’ami GéGé dans les Vosges auraient des choses à dire sur le sujet. Nous, on s’est contenté d’un peinard parcours de plaine (un PPP, en somme).

Innovations technologiques remarquables : Marco DAB a acquis un compteur qui lui indique qu’il fait du vélo quand il fait du vélo. Formidable, non ? A un moment donné, il ne savait plus s’il était en train de nager ou de courir, hop, un coup d’oeil sur son compteur, et le voilà rassuré. Quant à Gaby Malto, il nous a fait envie avec ses rétros sur les poignées de frein, on aime tellement savoir ce qui se trame dans notre dos. Pour la prise de relais c’est épatant, on peut vérifier que les petits copains sont dans la roue. M’est avis que notre Gaby, ce matin, a dû l’oublier parfois, qu’il avait deux beaux rétros, si vous voyez ce que je veux dire…

On se revoit la semaine prochaine ? Bien sûr, et je pense aussi aux absents du jour, qui ont hâte de retrouver la communauté du Cycle.

• Sortie du 14 septembre : Pour la bonne cause

Le club a été très convenablement représenté lors de cette manifestation à but caritatif : nous étions 9 sur le grand parcours, plus Jean-Yves (par intermittence) à pédaler pour une bonne cause ; pour ce qui est du parcours moins long, dont je n’étais pas, je ne sais pas exactement, mais j’ai aperçu Jean-Marie B., Bernard C., Georges (venu d’abord « s’échauffer » sur le début du 100 km), Dominique (mais il avait manifestement raté le second départ)… et deux anciens licenciés (Michel S. et Eric B.). D’autres ?

A nouveau, le soleil a brillé par son absence : pas de brouillard, cette fois, mais un ciel bien couvert ; température douce, vent d’est assez vif, des grimpettes, dont celle de Coyviller – de quoi se faire mal, y a pas de doute (1300 m de dénivelé pour le 100 km, en partant du bas de Nancy). Un parcours pas très original, faut bien le dire, sur des routes habituelles, vers l’est puis vers l’ouest (avec deux passages à Haraucourt et Crévic, ce qui permettait aux organisateurs de ne proposer qu’un seul lieu de ravitaillement – ce qui peut se comprendre).

Quelques notations :
Cette fois, le beau vélo tout neuf d’Amico a été opérationnel, pas de chaînon manquant, pas de déraillement.
Nono progresse en descente à chaque sortie, ça se confirme, mais c’est au détriment de ses montées… Faut dire qu’il avait oublié son bidon, celui qu’il remplit de bons « produits ». Michel Vélibest, notre technicien du web, pédale bien en ligne, et c’est très efficace : il possède son métier à fond, cet homme-là.
Patou des Corbières essaie de mouliner aussi vite que le Cabri des Alpes (Dominique, un VVV qui voltige en montagne), et plus  la pente est raide, plus les manivelles s’emballent, faut voir ça.
Moi, je préfère monter plus gros : ce que je ne comprends pas, c’est pourquoi je monte moins vite. Sauf en pulsations cardiaques : ceci pourrait expliquer cela ?

Jalabert ne nous a pas accompagnés : il signait un bouquin au « Livre sur la Place » ; un bouquin écrit en langue de bois ? Je suis un mauvais esprit : quand je lis certains de ses propos, ça me fait rire. Exemple, sur Armstrong en 2012 : « c’est quelqu’un qui a toujours fait du bien au vélo. Je suis persuadé que c’est un immense champion. » Autre exemple, en 2013, lors de son audition devant le Sénat : « Chez Once le soir des étapes, le médecin nous faisait un soin, une récupération, mais on ne savait pas vraiment ce que c’était. Une relation de confiance s’installait avec les docteurs, et on ne posait plus de questions. On était soigné, je n’ai jamais dit le contraire. Mais était-on dopé ? Moi je crois que non … « 
C’est touchant une telle confiance faite à ses médecins, une confiance aussi aveugle.

 

Et puisque j’ai l’humeur rieuse, je vous fais cadeau de ce formidable slogan qu’avait trouvé un réparateur de pneus pour proposer ses services : « Vous pouvez tous crever ! » (voir l’image).

Crevaison

• Sortie du 7 septembre : De la buée sur les lunettes

La formule du jour, c’est « Circulez, il n’y a rien à voir » : on a circulé (109 km au compteur), et on n’a rien vu. La faute au brouillard. Épais, le brouillard. Tenace, la brume. Compacte, la purée de pois. Humide, le smog. Bien caché, le soleil – tout juste entrevu lors de la dernière demi-heure. On n’a donc rien vu, si ce n’est les maillots flamboyants du peloton, l’asphalte sous nos roues, les pancartes aux carrefours : le minimum pour ne pas s’égarer dans le buvard et pour ne perdre personne en route.

Personne, ou presque : sommes partis à 16, Amico a dû renoncer dès Toul, la faute à son beau vélo tout neuf, trop neuf, un maillon de chaîne qui se fait la valise ; et comme Gérard devait se contenter d’une brève « infiltration » parmi nous, il a pris lui aussi le chemin du retour, histoire de n’en avoir pas plein le dos. Donc à 14, on s’est retrouvés, la tête non pas dans le guidon, mais dans la brumasse. L’avantage, c’est qu’on ne voyait pas quand ça montait, on le sentait à peine, d’ailleurs, vu que le parcours était du genre plat. A quelques côtes près, au début et à la fin.

Mais des dernières grimpettes, tout le monde n’a pas profité, vu que le raccourci présidentiel était opportunément placé à la sortie de Tremblecourt, et avant le col de Rogéville – où les molosses du club ont roulé sauvage, faut bien le dire, une bande de jeunes qui se la jouent grave, sans pitié pour les aînés. Le respect se perd. Mais était-ce une raison pour que des solides gaillards comme le Mousse de Bouxières ou Patou des Corbières profitent du raccourci ? Le premier avait fait du terrassement la veille, il est vrai, et le second était sorti rincé (une fois de plus) de la sortie des psychopathes du samedi matin (des descendants des « Saint-Pierre », qui ne dépassent pas le 40 km/h sur le plat mais qui se tirent une bourre d’enfer dès que ça monte). Pat, sois raisonnable, garde des forces pour nos belles sorties dominicales !

Étaient de retour pour la sortie du jour le fringant Vélibest et l’élégant Nono – à qui nous devons ce jeu de mots qui tue : nous cyclistes, on est des « cent-dents »… On ne se sent donc pas stigmatisés. Avec mon triple, j’en ai même 295, des dents (117 à l’avant, 178 à l’arrière – impressionnant). Mais toujours pas de réapparition de la Grenouille (on s’inquiète, Max : t’as perdu ton vélo, t’as une grosse panne de jambes, t’es fâché ?), ni de quelques autres. La faute au brouillard, probablement. Ce qui vaut mieux que brouille ou embrouille.

Tiens, fait soleil maintenant : je referais bien le parcours en sens inverse, pour voir ce qu’on n’a pas vu ce matin. Pas vous ?