Archives de l’auteur : Reynald

• Sortie du 30 mars : Monts et Jardins

Une sortie sous le signe du passage à l’heure d’été : il faisait donc très beau. Il est vrai que cela devient une heureuse habitude en 2014.

Et une sortie tout en « monts et jardins », grâce à notre hôte, « Laxou ça roule », qui avait une nouvelle fois bien fait les choses : quelques monts (la grimpée de Laxou pour commencer et finir, le toboggan de Sexey, le mur de Maron) et beaucoup de jardins, sans compter la campagne lorraine, semblable déjà à un vaste et beau jardin fleuri.

Une bonne vingtaine de Randos ont tenu à en être, ce qui fait un très honorable taux de participation. D’autant, sur le plan qualitatif, que plusieurs convalescents étaient présents, plus un VVF en piètre état (un valeureux vétéran fêtard, n’est-ce pas Gégé) et un VVM fatigué (M comme marcheur) qui avait, la veille, usé ses semelles en Alsace et abusé de la tartiflette.
En revanche, ni M. Hénart ni M. Klein ne s’étaient déplacés pour nous expliquer comment ils vont transformer Nancy et ses environs en fabuleux domaine cyclable. Dommage.

Le coup de pédale était vif, l’élan était pris, jusqu’à ce qu’une crevaison le brise, l’élan. Entre nous, crever avec un pneu neuf, c’est du vice, vous ne croyez pas ? Ou de la pure malchance ? Mais tout le monde attend et ça repart. Puis ça se sépare : plusieurs ayant déploré, dès la semaine dernière, la modestie de la distance, l’idée d’ajouter une petite boucle avait fait son chemin. Un tout petit bout de chemin, faut croire, puisque nous ne fûmes que six à rallonger le parcours… Ils étaient passés où, les volontaires, les dévoreurs de bitume, les affamés ? Il est vrai que ceux qui avaient à haute voix clamé leur souhait d’un parcours plus long avaient réglé le problème en ne venant pas… Bulletin blanc, en somme. Ce qui est bien une façon de s’exprimer. Ouais, une façon…

Je peux donc vous dire que la rallongette de Foug fut fort agréable, la végétation y était encore plus avancée, les foules s’étaient massées dans les villages pour nous acclamer, les barrières de la piste du canal avaient été ouvertes, le vent était favorable dans les deux sens. Le rêve, quoi.
Du gros peloton qui n’en a pas profité, je ne peux, en revanche, rien dire. Sauf que ses membres avaient tout englouti du buffet de Chaudeney, ne nous laissant que des miettes. Moralité : ce sont ceux qui pédalent le moins qui mangent le plus. Tout s’explique.

Attention, la semaine prochaine le rendez-vous est à 8h. A la passerelle de Champ-le-Boeuf. Passerelle dont j’ai appris grâce au descriptif de « Laxou ça roule » qu’elle s’appelait « la passerelle Mickaël ». Recherche faite, cela renvoie au nom d’un enfant tué en 1992 en voulant traverser l’autoroute A 31. Ce qui m’a rappelé qu’avant que la route elle-même qui longe l’autoroute ne soit construite (jusqu’au niveau de la zone de loisirs de la forêt de Haye), on sortait à vélo de Nancy et on y rentrait en empruntant les bandes d’arrêt d’urgence, frôlés par les voitures et les camions. Une folie !

Bonne semaine,
Reynald
PS : en pièces jointes, deux autre photos ramenées du voyage en Inde. Deux usages singuliers des machines à pédales.

Inde 1Inde 2

• Sortie du 23 mars : Retour (du printemps)

Le retour, enfin, en ce qui me concerne, débarrassé du mal de dos qui avait prolongé mon absence (merci à ceux qui m’ont donné des noms de spécialistes, même si pour cette fois les choses sont rentrées dans l’ordre d’elles-mêmes, médicaments et petites séances de marche aidant).

Une vingtaine d’amateurs a participé au scrutin cycliste du jour, d’autres se sont abstenus ou ont pédalé blanc, parmi lesquels notre marcheur céleste, le grand Isol Nono, Gérard, pris par coupe de Lorraine de VTT, Christian, victime d’un mauvais calcul (bon rétablissement à lui), outre quelques assesseurs dévoués et quelques pêcheurs à la ligne. Ce qui fait tout de même une majorité de sortants, qui ont tantôt mis tout à droite et tantôt tout à gauche. A vélo, impossible de choisir, faut sans cesse jouer l’alternance.

Parmi les pédaleurs de cette première sortie printanière, un peu fraîche, une surprise : un étrange étranger, rien moins que l’Homme invisible. La première fois que je le voyais, je dois dire, le célèbre héros qui voit sans être vu. Mais impossible de deviner l’identité de l’être qui se cachait sous ces étonnantes bandelettes blanches. Au demeurant, pas mauvais dans l’exercice du pédalage, l’Homme invisible. La prochaine fois, qui nous fera l’honneur de participer à notre escapade : Tarzan, Obélix, d’Artagnan ?

Péripéties :

On a perdu en route les Coaltar Brothers, du côté de Saffais, là où ça fait mal, faut dire, même si on a évité de justesse la fameuse grimpette. Je parle de ceux qui comme moi se sont plantés à Vigneulles et ont bien failli se la faire, la montée de trop.

La cassure qui s’en est suivie, ceux de devant n’ont pas eu l’air de la remarquer, ce qui m’oblige à observer que l’absence de vélo-balai a été préjudiciable. Le procédé a fait ses preuves en janvier et février : pourquoi ne pas persévérer ?

Plus loin, la pause a été prolongée grâce à une opportune crevaison. Et comme on n’avait pas décidé de faire deux groupes, ce sont les côtes de la sortie de Lunéville qui ont fait le tri. Le trio, en fait : les maboules de devant (pressés peut-être de déposer leur bulletin dans l’urne), ceux de derrière qui ont coupé au court, échappant ainsi aux bosses bien pentues de la route de Sommerviller, et les valeureux solitaires qui ne voulaient à aucun prix échapper à ces escalades, Jean-Yves et moi-même… qui avons donc formé un groupe de deux jusqu’à Nancy, avant la séparation finale. Ce qui fait une grosse réduction du peloton par rapport au départ.

Il est vrai qu’on est condamné à terminer seul, au bout de la course, qu’on soit parti à 10, 20 ou 30… C’était ma réflexion philosophique du jour.

Bonne semaine

PS : un petit mot vous livrera bientôt les précisions utiles sur la randonnée « Monts et jardins » organisée par « Laxou ça roule » dimanche prochain.

Sempé A deux

• Sortie du 16 mars 2014 : Chronique parallèle

Chers amis Randos,

Il fait très beau, vous vous êtes levés du bon pied, et vous vous êtes retrouvés nombreux au Parc des Expositions : en route pour Heillecourt, Fléville, la côte qui mène vers Ludres (déjà des lâchés, mais vous n’avez pas oublié de vous donner un vélo-balai, n’est-ce-pas ?)… Pierre, en tous cas, n’en fera pas office, puisque lui aussi est obligé de rouler par procuration en cette belle matinée de printemps précoce. Gare plus loin, à la grosse bosse d’Ormes-la-ville, à celle plus modeste d’Affracourt, à la grimpée d’Houdelmont également, avant la remontée sur Brabois. Mais la campagne est déjà si riante, colorée, enjôleuse, que votre plaisir culmine même quand la route est plate.

Donc, vous roulez et moi je raconte : cherchez l’erreur.

C’est qu’après trois semaines d’absence pour une excellente raison (mon voyage en Inde), me voici contraint d’en ajouter une quatrième, pour une raison beaucoup moins plaisante : une récidive de mon vieux mal de dos, qui me rend douloureuse la simple position assise, et plus encore quand elle se confond avec celle du cycliste qui tourne les jambes. J’ai fait une tentative jeudi, qui m’a permis de croiser Christian et Marcel, puis Jean-Marie et les « Pont fleuri » (moi, je me traînais, ils m’ont semblé rouler à vive allure), mais j’ai dû bien vite renoncer.

Pour le cas où vous auriez connaissance d’un excellent kiné, je précise : dans ces cas-là, je souffre d’un micro-déplacement au niveau des lombaires ; ça se remet soit de façon douce, parfois, soit de façon plus violente, par une manipulation des vertèbres. J’ai déjà eu droit à pas mal de variantes de ces méthodes, j’attends la formule-miracle. Merci de vos conseils éventuels.

Un mot sur l’Inde, à défaut que je puisse vous faire un compte rendu détaillé de la sortie en cours (Gaby, retourne-toi, ralentis ; Marco, mutualise tes efforts) : un pays fascinant, coloré, bruyant, contrasté … pour moi, qui n’avais jamais voyagé dans cette région du monde, un univers totalement différent du nôtre, où il faut laisser de côté ses jugements et ses repères. On observe, on essaie de comprendre, mais on bute sur bien des énigmes. Comme l’on se déplaçait presque chaque jour en autocar, j’ai découvert le grand délire qu’est là-bas la circulation : avec dépassements sans visibilité, véhicules à contre-sens (sur des 2×2 voies), ou arrêtés en pleine chaussée, piétons traversant n’importe où, dromadaires attelés, vaches en grand nombre (même sur les autoroutes), motos à passagers multiples (une famille de 5 membres aperçue le dernier jour) ; tracteurs, camions, tricycles, tous véhicules plus que surchargés, aucune règle de priorité, mais un art consommé de la confrontation et de l’esquive : je klaxonne, je m’impose, je frôle, et le plus souvent ça passe… Renseignements pris, l’Inde compte tout de même 130 000 à 140 000 victimes de la circulation lors de chacune de ces dernières années, les piétons et les deux-roues en représentant une bonne moitié.

La société indienne pourrait bien être à l’image de la circulation (en campagne comme à la ville) : un apparent chaos et des règles cachées qui organisent la vie quotidienne, des règles complexes, souvent fondées sur les traditions, et qui permettent que tout cela tienne mais au prix d’inégalités criantes et d’affrontements feutrés. Mais je n’ai pas une seule fois vu, dans les rues ou sur les routes, quelqu’un s’en prendre à quelqu’un d’autre, là où chez nous les injures et les coups auraient jailli à jets continus. Chacun joue le jeu qu’il sait devoir jouer. Y compris parfois celui de la malheureuse victime.

Vous l’aurez compris, faire du vélo en Inde relève d’un exercice on ne peut plus périlleux (outre que les routes de campagne peuvent être défoncées et très sinueuses). Sachez pourtant que posséder un vélo, à défaut d’une moto ou d’une voiture (réservées aux classes aisées), révèle qu’on ne fait pas partie des plus pauvres ; et que pour favoriser l’alphabétisation des filles (encore très discriminées par rapport aux garçons), certains Etats les récompensent d’une bicyclette si elles persévèrent à l’école pendant plusieurs années.

Le vélo ou le tricycle demeurent là-bas utilitaires. Ils ont en commun de ne pas être dotés de dérailleurs. Quand il s’agit de transporter de lourdes charges (marchandises ou passagers), un enfer, on marche à côté de la bécane. Si vous connaissez un jeune homme (ou une jeune fille) très dynamique et qui rêve de créer son entreprise, voici une idée en or : introduire en Inde le dérailleur, ne serait-ce qu’un petit dérailleur trois vitesses ! Bien des peines en seraient soulagées.

Je n’ai rien dit de la grande gentillesse de ceux que nous avons croisés ou rencontrés, ni de la beauté des temples, des palais, des anciens forts… Ce sera pour une autre fois, j’ai déjà été anormalement long pour une petite chronique du dimanche.

Tiens, c’est pour vous l’heure de la pause : vous allez vous séparer en deux groupes, les costauds et les contemplatifs ? Bonne fin de balade, heureux pédaleurs (munis de dérailleurs 30 vitesses et d’engins ultra-légers).

A dimanche prochain, je l’espère, si j’ai trouvé le sorcier du dos qui fait des miracles,

Reynald

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