Archives de catégorie : Actualités

• La disparition du biclou (3 décembre)

Amis du Cycle,
L’écrivain Georges Perec était un homme de défis, de défis littéraires. Entre autres exploits, il a écrit un gros roman de plus de 300 pages intitulé La Disparition : ce qu’il y a fait disparaître en premier lieu c’est la lettre E…
Oui, il a réussi à tenir la distance en se passant de tous les mots qui comportent cette voyelle, la plus fréquente en français, la lettre absolument indispensable !
La preuve : dans les quelques phrases qui précèdent, écrites au fil de la plume, je viens d’utiliser pas moins de 49 fois la lettre E (avec ou sans accents).

Ainsi, si je voulais simplement parler du vélo en évitant cette lettre, mon embarras serait extrême : vélo, bicyclette, petite reine, cadre, tube, dérailleur, valve, pneu, rustine, pompe, développement, vitesse, freins, plateau, couronne, chaîne, essieu, roue, selle, sonnette, garde-boue, casque, cycle, cycliste, pédaler, grimper, monter, descendre, etc., etc. Que d’e, que d’e !

Bien sûr, c’est une raison de plus pour essayer quand même. Et comme le froid de ce matin a contrarié mon apparition lors du RV du dimanche matin, c’est le moment ou jamais d’évoquer (en quelques mots, pour commencer)

La Disparition du biclou

Nous, amis du biclou, aimons plus qu’il faudrait nos compagnons roulants : pas un jour, pas un mois, pas un an, sans nos machins cyclants, sans nos trucs tout guidons, tout pignons, tout rayons, sans tout ça fait pour nous (Randos ou VVV). Biclous jadis lourds, à un pignon (ou trois ou cinq), aujourd’hui sans poids, sans mauvais gras, tout aluminium ou tout carbon. Ainsi, nous avons grand plaisir, ça sourit sous nos panards, ça jouit dans nos cuissards, quand nous voici sprintant, grimpant, moulinant tant, tant… qu’à la fin tout ramollos aboutissons.
Plus nous roulons, tarin au … au quoi ? non pas lui, pas ça, disons : au mistral, au sirocco, au noroît, à l’harmattan, ou au simoun, d’accord… plus nous roulons, donc, plus nous aimons ça, surtout quand nous glissons sur bons billards fort plats, sans grains, sans cahots, sans cailloux ni gravillons.
Alors, quand nos biclous vont disparaissant, froid aidant ou par matin trop chaud, nous n’avons plus qu’à languir, à souffrir, sinon à mourir.
Mon topo va finir là pour aujourd’hui, car suis tout ramolli du cabochon, tout fourbu, plus qu’à biclou, plus qu’à parcourir (pidalant) pays lorrain ou cols voisins, si ardu, si ingrat (mais jouissif) m’apparaît un si tordu travail visant à la disparition non du a, du o, ou du i, mais du plus banal outil dont toujours nous usons, nous plumitifs d’occasion ou purs animaux parlants.

R(e)ynald
PS : Perec a aussi écrit un livre beaucoup plus mince intitulé Quel petit vélo à guidon chromé au fond de la cour ? Il y est assez peu question de vélo, mais c’est très drôle. Si le froid persiste…

• Le jour d’après (26 novembre)

Un lendemain d’AG, ni l’abus de blanquette de veau ni la descente répétée du Ventoux (un vin qui tape fort) n’ont cloué au lit les convives : une bonne quinzaine de Randos repus sont au rendez-vous, auxquels s’ajoutent une poignée de VVV et quelques inconnus – dont un Patrick de Château-Salins, venu tout exprès après avoir consulté notre site : à l’en croire, on le reverra. Avec la petite nouvelle venue à l’AG (et au repas), Anne Tinquel, et avec Pierre Lemoine s’il confirme, le club amorce plutôt bien son renouvellement. Et l’affluence de ce matin peut à bon droit être comprise comme un signe de confiance envoyé à la nouvelle équipe. Dommage que les membres de l’ancien bureau n’aient pas été de la partie, c’eût été une occasion de rouler tous ensemble et d’effectuer en pédalant le passage de témoin. Mais ce n’est que partie remise, car l’hiver, hélas, va être long.Pour info, les nouveaux élus se réuniront dès demain, et vous aurez donc très vite un président tout neuf et cinq adjoints qui se seront répartis les responsabilités.

Comme il se doit en cette saison, on a roulé ensemble durant toute la sortie, en observant un tempo raisonnable. La séparation en deux groupes (dès le départ) décidée hier, ce sera pour le début de la belle saison, au mois de mars. Pour l’instant on hiberne gentiment, mais sportivement tout de même. Des promenades de santé, en somme, où l’on évite de se la ruiner, la si précieuse bonne santé.

En regardant dans le rétro, je réalise que je suis en train de boucler ma 25ème année chez les Randos… ça commence à compter. Mais tant que la santé j’aurai, je continuerai – en écoutant peut-être, on verra, les séduisants conseils de notre Jacques électrique, si vous voyez ce que je veux dire. Si cela s’avère encore plus efficace que les poussettes des bons camarades VVV (Claude P., qui était là ce matin, et Marc H.), il faudra que j’y songe, même si une batterie de je ne sais combien de watts, c’est nettement moins convivial.

Reynald

• La roue tourne (19 novembre)

Une belle petite sortie d’automne : routes humides, mais temps sec, température clémente, un ciel d’abord un peu voilé, avant que s’imposent soleil et ciel bleu, un régal… Seulement 67 km au compteur, mais près de 700 m de dénivelé : c’est que le parcours était agréablement vallonné, avec quelques belles côtes, ce qui l’a rendu tout sauf ennuyeux. Et comme les 11 présents se sont mis spontanément en mode promenade, ils ont eu tout le temps d’apprécier les couleurs de saison, sans être perturbés par l’effort.

Les futurs candidats au bureau du club étaient tous là, ils en donc ont profité pour échanger et pour peaufiner le projet qu’ils vont vous présenter lors de l’AG de samedi prochain. Un projet fait pour « tenir la route », évidemment. Seul Michel, notre webmestre, était dispensé de présence : il a le droit de se remettre doucement de son marathon de New-York. Car il y a participé, le bougre, et de belle manière. Ce qui fait que notre club fut là-bas « représenté à l’international », comme on dit désormais ! Certes, il ne s’est guère servi de son vélo, mais quand on s’appelle « Rando nancéien », les pieds peuvent bien suppléer les roues.

Parmi les présents du jour, on a eu le plaisir de revoir Pierre Lemoine, qui a troqué Ligny-en-Barrois pour Nancy, et le VTT pour le vélo de route : il songe donc sérieusement à prendre une licence chez nous, ce qui fera de lui le premier nouveau licencié de l’année 2018. Bienvenue ! Ce qui s’appelle « faire d’un(e) Pierre deux coups ». Le très jeune Guillaume (qui était également de la sortie), se partage désormais (après son succès au Bac) entre Sarrebruck et Nancy, mais il continuera de rouler avec « les vieux » et de faire notablement baisser la moyenne d’âge.

La conclusion du jour : la roue tourne, mais le club aussi continuera de tourner.
A vos pédales, camarades !
Reynald

• La beauté des choses (5 novembre)

A propos de la sortie du 5 novembre :
Il pleut parfois le dimanche : il y a quinze jours, ils furent 6 à braver la pluie, et de même il y a 8 jours. Hier, il avait plu pendant la nuit, et la pluie est revenue dans l’après-midi. Mais entre-temps, à l’heure de la balade, ô miracle, pas une goutte, des routes qui sèchent peu à peu, et du soleil pour terminer. Mais le mal était fait : Météo-France nous avait encore bassinés avec ses prévisions alarmistes.
Résultat : nous nous retrouvons à 3 Portes Désilles (Stéphane, Gaby et moi), auquel s’ajoute l’ami Marc (Henquel) ; Franck nous rejoint bientôt, si bien que c’est à 5 que nous effectuerons le parcours, en pédalant dans l’huile et non pas sous la pluie. Eh oui, dans l’huile, parce qu’à 5, inégalement en forme (Stéphane n’a presque pas roulé de toute l’année), on s’accorde sur un tempo modéré, on a tout notre temps pour lever les yeux, et on savoure notre chance à chaque tour de pédale. En outre, le vent d’ouest nous est amical pendant l’essentiel de la sortie, soit qu’il nous pousse, soit qu’il ne nous contrarie guère, grâce aux bois et aux reliefs naturels qui lui font obstacle.

Ce fut une sortie tout en couleurs, les arbres à feuilles caduques ayant le bon goût de faire de la résistance, les champs mêlant le vert tout neuf des blés d’hiver et du jeune colza aux bruns des labours et à la rousseur des chaumes. Et sur le fond vert des prés se détache le noir et blanc des vaches et des moutons (puisque ce sont souvent des têtes noires que nous apercevons). Avec les ânes aux yeux tendres et les chevaux aux robes diversement colorées, ils donnent aux paysages parcourus la tonalité la plus paisible qui se puisse rêver. Une belle image de sagesse et de sérénité. Tout le contraire de l’agressive nervosité des motorisés bruyants et incivils !
Faisons un rêve : des dimanches matin sans bagnoles, sans motos, sans énergumènes à moteur… Silence et civilité : autre définition de la pratique du vélo.

Deux mots de plus :
– Le jour de la Toussaint, il faisait assez froid mais très beau, et nous avons roulé à 10. Ce jour-là, les vivants honorent les morts, qui disent aux vivants de continuer à vivre. Vous connaissez ces paroles adressées à sa femme par un condamné à mort (condamné pour fait de résistance par les occupants allemands), des paroles magnifiées par un grand poète et mises en musique :

Adieu la peine et le plaisir Adieu les roses
Adieu la vie adieu la lumière et le vent
Marie-toi sois heureuse et pense à moi souvent
Toi qui vas demeurer dans la beauté des choses

Ce n’est pas rien que de vivre en paix et d’avoir la chance d’évoluer en silence dans « la lumière et le vent », « dans la beauté des choses », comme nous le faisons sur nos bicyclettes.

– L’AG approche (25 novembre), on va élire un nouveau bureau, quelques bonnes volontés sont pressenties, mettez-vous sur les rangs si la pérennité du club vous tient à coeur. Surtout, apportez des idées neuves, proposez des réformes, à un moment où le club doit évoluer pour perdurer.
Reynald

• Foncer dans le brouillard (24 septembre)

Dernière sortie 2017 avec départ à 8h, et première sortie de l’automne, saison de transition  : de fait, la tonalité est d’abord hivernale, il faudra attendre trois longues heures avant qu’elle devienne estivale. Fraîche, très fraîche la brume épaisse, glaciale même, au départ, dans le congélateur des fonds de Toul, et plus loin sur la piste du canal de Foug. Visibilité minimale, les merveilles du parcours se dérobent. Un long tunnel cotonneux, interminable. Quinze pédaleurs, quinze fantômes.

Et puis, ô miracle, entre Laneuville-derrière-Foug et Lucey, la brume se déchire, tout s’illumine. Le monde n’avait pas disparu, tout n’avait pas versé au néant, l’église est au milieu du village, les cyclistes ne sont pas seuls sur la terre, et dans les prés ils sont bien là les aimables compagnons, les moutons, les chevaux, et les vaches : l’une d’entre elles a choisi de paître sur le bas-côté, en liberté. Une insoumise. Mais pas de manifestation animale sur la route contre les carnivores qui pédalent. Une cohabitation harmonieuse. Un moment magique baigné de soleil qui, hélas, ne dure pas. La brume nous enveloppe à nouveau, nous redisparaissons. Il faudra attendre la dernière heure pour qu’un franc soleil nous redonne le sentiment d’exister.

Ce genre de scénario n’est pas exceptionnel, le vélo est un sport de plein air, c’est ce qui fait son charme, et parfois sa dureté. Mais ce à quoi je ne m’attendais pas, ce que j’avais oublié, c’est que le 24 septembre est le jour (ou l’un des jours ?) où se déroule la cyclosportive du club. « Foncer dans le brouillard », c’était le moment ou jamais. On n’allait pas se priver. Les fonceurs ont foncé, les flâneurs ont flâné, les autres se sont adaptés : l’essentiel dans une cyclosportive, c’est bien pour chacun de trouver le groupe qui lui convient. Une parfaite réussite, de ce point de vue.

Je me demande même si les futurs élus au bureau du club (puisqu’il va y avoir un important renouvellement) ne devraient pas s’en inspirer : faire de toute sortie une cyclosportive… Chacun pourrait choisir, dès le départ, le groupe qui convient à son humeur ou à ses forces. Un groupe parmi trois ? Cela aurait le mérite de la clarté, et réglerait une fois pour toutes le problème insoluble du tempo censé convenir à tous. Mais moi, ce que j’en dis, avec tout ce brouillard dans les yeux…
Reynald

• Fin d’été (17 septembre)

A la demande générale (ou presque) un mot sur la sortie d’hier (17 septembre) :
C’était la dernière sortie dominicale de l’été 2017, quelques-uns ont tenu à ne pas la rater : Gégé, Pierre, Marc, Patrick, Franck, Nono et moi, ce qui fait sept ; lors de la pause sur les hauteurs de Château-Salins se sont ajoutés à ce considérable peloton Gaby et Christian, qui, semble-t-il, s’étaient d’abord égarés du côté de Brabois… pour avoir oublié le correctif sur le lieu du RV. Le stade Picot, c’était tout de même plus logique. Et sur la fin, on a eu le renfort de Jacques et de son engin électrique. Ce qui porte à dix le nombre des cyclos de l’été finissant. Comme quoi être et avoir été, c’est possible.

Matinée très fraîche d’abord, de superbes effets de brume lorsque le soleil a commencé de percer, puis une belle lumière bleutée pendant tout le reste de notre parcours. Un tempo raisonnable, qui permet à chacun de respirer et d’échanger à loisir. Comme il se doit, les côtes creusent quelques écarts, il faut parfois attendre les pas pressés, le vacancier Nono (qui a durablement remplacé le sport par le tourisme) ou l’affairé Franck (qui joue de la roulette plus souvent que de la manivelle). Et des côtes, on en a grimpé de belles. Celle de Bézange n’est qu’un aimable hors d’œuvre, celles qui conduisent à Château-Salins comptent pour du beurre (un peu salé tout de même, le beurre). Mais celle qui suit cette salinade, c’est une vraie de vraie, faut pas chercher à l’avaler trop vite, sinon ça pique : route large et amples courbes, c’est à peine si on l’impression d’avancer.

Cela dit, elle est fort courtoise, la salinette, à côté de la traîtresse qui lui succède, à la sortie de Jallaucourt (dir. Bioncourt) : route étroite et rude, mal revêtue, pentue à souhait, le genre de talus dont il convient de ne pas abuser. Pour nous dédommager de nos efforts et de notre effroi, nous aurons la joie pour finir de nous mettre sous la pédale la rectiligne et franche montée d’Amance (côté cimetière). Il était grand temps de réhabiliter cette stimulante escalade trop longtemps boudée. Christian s’en est dispensé, mais je présume que c’est parce qu’il l’effectue chaque semaine, en voisin. Quand on aime les forts pourcentages, on ne compte pas.

Vous, je ne sais pas, mais moi (en vieillissant) j’aime de plus en plus les parcours vallonnés  : la platitude du plat, très peu pour moi. C’est d’un ennui ! Et c’est malsain, car sur le plat le rythme a tendance à s’emballer (les mauvais grimpeurs tiennent là leur revanche), ce qui n’est pas bon pour le palpitant. En revanche, les reliefs, l’alternance de l’effort et de la roue libre, voilà la bonne formule, le juste équilibre. Notre humaine condition, en somme : le repos et la fatigue, le rire et les larmes, le rose et le noir, le oui et le non. Des hauts et des bas : c’est tout le vélo, et c’est la vie.
Reynald

• Mirabelles et groseilles (27 août)

Ce qui s’annonçait : dernière grande sortie 2017 (départ à 7h30), « rares averses » selon Météo-France. Deux raisons pour ne pas se lever ? Peut-être… Des raisons insuffisantes pour les 9 bienheureux du jour, qui se sont levés, et qui ne l’ont pas regretté : temps doux, vent discret, routes tranquilles, bleus horizons et campagne verdoyante. Une sortie estivale comme on les aime, longue et vallonnée, où le plaisir et l’effort se conjuguent au mieux. Selon mon compteur, 121 km et 1228 m de dénivelé, sur un tempo allègre et bien supporté par tous.

Certes, on s’est parfois perdus de vue, mais toujours retrouvés : c’est que pour Ochey (après Thuilley), il y avait la voie directe, la route des mirabelliers (le long de la base aérienne), prise par Gérard, Guillaume, Amico, Marcel et moi, et la voie indirecte, celle des deux grands côtés du triangle, empruntée par Pierre, Christophe, Marco et Gaby. Ce qui va générer chez ces derniers un peu de trouble, au point qu’ils auront la gambette trop molle pour nous rattraper avant la pause de Vannes… Une plaisanterie à moitié appréciée. Rien de dramatique, toutefois, et je dirais même : un gain de fluidité pour chacun des groupes, une facilité plus grande à trouver le bon tempo.

Autres péripéties : du côté d’Uruffe, Gégé et Amico disparaissent mystérieusement, le fantôme du sinistre curé hante nos esprits, une guêpe s’attaque à Gaby, des soins lui sont prodigués, puis le pédalage reprend ses droits, tandis que les disparus d’Uruffe ne donnent toujours pas signe de vie. Ils ont fait un détour par Rigny ? Pas du tout, Amico finira par surgir de l’arrière tel un diable, mais sans Gégé, qui aura choisi d’écourter la balade. Comme Marcel avant lui. Puis à Toul, Christophe et Gaby coupent vers leurs pénates. C’est donc à 5 (et non pas à 9) que nous attaquerons le toboggan qui conduit à Villey-le-Sec et que nous avalerons la dernière grimpette du jour (la remontée sur Brabois).

Impression dominante : le plaisir pris aux petites routes très charmantes qui relient Germiny à Thuilley, puis (après le raccourci des mirabelliers) Ochey à Moutrot et Moutrot à Blénod, et de même Uruffe à Blénod. Et le plaisir de pédaler dans l’huile (ou presque) pendant l’essentiel de la sortie, tout en prenant le temps de bavarder. Tranquille randonnée !
Il n’a manqué qu’un peu de temps pour déguster mirabelles et groseilles, et qu’un peu de pluie pour rafraîchir les chaudières. Soyons optimistes, ce sera pour la prochaine fois.
Reynald
PS : Guillaume m’a demandé l’origine de la dénomination « Thuilley-aux-Groseilles ». Rien trouvé sur le sujet. Mais je note que dans le blason de la commune, il y en a, des groseilles ; et des abeilles, et un caducée. Devoir de vacances : analysez et commentez la conjonction de ces trois motifs.

• Crever ou ne pas crever (20 août)

Partir, c’est mourir un peu. Partir à vélo, c’est crever parfois. Et pédaler souvent, c’est crever à coup sûr. Si bien qu’aucun habitué du vélo ne peut prétendre y avoir échappé. Tous nous avons crevé et tous nous crèverons encore. Aussi longtemps que nous roulerons sur des pneus crevables, nous crèverons. Ce qui me rappelle le slogan fort bien vu d’un antique réparateur de pneus : « Vous pouvez tous crever !!! » (voir la pièce jointe).
A quand les pneus pleins, légers, aussi confortables qu’increvables ? Allez, les « startupers », remuez-vous les méninges, inventez-nous ça, le créneau est prometteur. Le caoutchouc, c’est aussi ringard que le pétrole. Il est grand temps de passer à l’éco-pneu, au pneu durable !

Vous l’avez compris, la sortie du jour ne fut pas exempte de crevaisons. Sous la bruine (dimanche dernier), sous l’orage (le 15 août), aucun pneu ne s’était dégonflé. Par beau temps, mais sur une chaussée encore humide des averses de la nuit, c’est fou ce que les silex se collent à la gomme. Christian fait les frais d’une petite pierre à peine la balade commencée, et à mi-parcours c’est Pierre qui s’y colle (mouais… j’ai déjà fait pire comme jeu de mots). Anecdotique ? Pas du tout : vu qu’on a un peu plus de 100 bornes à se taper, faut rattraper le temps perdu – car on a beau avoir la paluche habile chez les Randos, changer une chambre ça prend du temps, beaucoup de temps parfois.

Donc, une première fois, on accélère, on met la gomme (mouais…) Rouler en-dessous de 35 km/h, ce serait lambiner. Et la seconde fois, on en remet une couche, puisqu’on a tout perdu du retard qu’on avait à peine comblé. C’est ainsi qu’une aimable partie de campagne se transforme en course de catégorie Z : Z comme « z’en peux plus », z’en peux plus d’essayer de m’accrocher à la roue des « crevards », des bouffeurs de bitume, des forcenés du chrono.

Dans ce cas-là, une seule solution : arrêter de se crever la couenne, ralentir, faire baisser le cardio. S’en remettre au gruppetto. Le gruppetto Corbières-Champagne, le Patou et moi si vous préférez, un piccolo gruppetto, vu que les autres postulants, ils avaient depuis belle lurette tourné casaque. On se contente d’un petit 30 km/h, ce qui est tout de même plus raisonnable, et beaucoup moins crevant.
Du même coup, je ne peux rien vous dire des dératés qui se sont bougé la carcasse (ils étaient 9), ni de ceux qui avaient choisi d’en faire moins (ils furent 5). Je ne sais pas non plus si les uns ou les autres ont récidivé en matière de crevaison. C’était le bon jour en tout cas, autant en profiter.
Moralité : on ne meurt qu’une fois, mais on peut crever souvent.
Reynald

• Soleil et feu d’artifice

Mardi 15 août (fête de l’Assomption) :
Après la grisaille et la bruine de dimanche, grand soleil, belle lumière et feu d’artifice final ! De vrais petits veinards. Douze heureux pédaleurs, les mêmes que dimanche moins Guillaume, Gaby et les frères Collard, mais plus Bernard, Yves, Jérôme, et en cours de route Patrick Corne (qui espère cette fois renouer durablement avec le vélo).

Une belle matinée d’été, avec vent favorable pour commencer, mais quand la route pique au sud, on sait à quoi s’en tenir sur ce que sera le retour : un peu plus musclé. Qu’à cela ne tienne, l’euphorie estivale nous propulsera. Les vaches nous regardent passer d’un air attendri, c’est très encourageant. Les moutons ont mieux à faire, on les comprend. Christophe se lance dans un long argumentaire sur la Kia hybride : on ne demande qu’à le croire, on retient qu’avec les primes à l’achat, ce pourrait être une bonne affaire. L’hybride, c’est précisément ce qu’on pratique à ce moment-là sur nos machines : huile de genou et énergie éolienne.

Bref, ça baigne, et quand vient le moment d’affronter durablement le vent de face, on s’organise, on s’attend, on a le plaisir d’exercer sa force. Le groupe présidentiel a coupé au court, plus loin Jicé choisira d’aller droit sur Drouville plutôt que de se coltiner le détour par Serres. De même, Patrick C. abrégera le séjour dans la centrifugeuse. Et à l’approche de Serres, on voit les quatre costauds qui se sont détachés oublier de prendre la route de Drouville. Un classique chez « les têtes dans le guidon ». C’est ainsi que le peloton s’est réduit à trois unités (Gégé, le Patou et moi), avant que Marcel ne nous rejoigne (il s’est avisé de son erreur).

Et voici que sous nos yeux incrédules se prépare le grand feu d’artifice final… une imposante masse de nuages bleu nuit, bientôt striée d’éclairs, a soudainement envahi l’horizon. Le vent s’est encore renforcé, il risque de chasser l’orage qui se prépare et de nous faire manquer l’apothéose. Ce serait dommage. A Haraucourt, Gégé et Marcel mettent le cap sur leurs chaumières, tandis que le Patou et moi-même choisissons d’achever le parcours complet (en allant droit sur Varangéville).
Ce qui s’est alors passé pour les autres petits veinards de cette belle matinée d’été, je ne puis rien en dire. Mais quant à nous deux, en voici un résumé : à peine sortis du village, nous sommes cueillis par des rafales monstrueuses, qui nous clouent quasiment sur place et tentent de nous pousser au fossé. Les éclairs redoublent, le tonnerre gronde, de grosses gouttes cognent sur les casques, et puis… et puis le ciel déverse enfin ses flots. Inondés nous sommes, balayés, brinquebalés, alors que la visibilité s’est de beaucoup réduite, et que les bourrasques ont transformé le faux-plat en une véritable ascension. Malgré tout on progresse, on mouline, on envoie de l’eau, la descente sur Varan n’est plus très loin. Pas question de s’abriter, ce serait de la pure dégonfle !

Vous l’aurez compris : on a pris un pied géant ! Pas connu ça depuis l’enfance, quand on faisait exprès de se prendre des trombes d’eau sur le paletot et de rouler dans d’énormes flaques. Je l’ai toujours pensé, le vélo c’est un truc d’enfance. Et donc le meilleur remède pour ne pas vieillir trop vite.
Aussi, le Patou et moi, c’est fou ce que ça nous a rajeunis, et réjouis, ce grand feu d’artifice final. Je ne doute pas qu’il en a été de même pour nos compagnons.
En plus, pour une deuxième sortie après la reprise de dimanche, les jambes ont tenu bon. Un peu raides, mais vaillantes. Au compteur, 105 bornes, plus de 800 m de dénivelé, et une arrivée presque ponctuelle.
Vive le vélo, on ne le dira jamais assez.
Reynald

• A fond la forme !

Cela s’est passé un 13 août :
Retour aux affaires pour moi, après des vacances normandes, très vertes, assez fraîches et même un peu humides. Transition toute trouvée en terre lorraine : pour se rendre au RV de 7h30 hier matin, il faut mettre l’imper (ou le ciré), puisqu’une petite bruine a pointé son museau. Comme on dit en Normandie, « La pluie ? Rien à cirer ». Autre blague locale offerte aux touristes : « On a eu du beau temps, c’était un jeudi » (voir la pj).

La question qui me vient alors que tombent les premières gouttes : y aura-t-il des amateurs par ce temps frais, pour cette mienne reprise, après plus de trois semaines d’arrêt ? Ma dernière sortie c’était le 20 juillet au départ d’Haroué, par un temps très gris, même que les six courageux du jour avaient pris une bonne drache en matinée, avant que le soleil ne s’impose : faut dire que c’était un jeudi !

Eh bien, oui, nous voici pas moins de neuf au rendez-vous : même Gégé, qui craint pourtant l’humidité, est là, de même que le convalescent Marco et le Patou revenu des Corbières, plus Jean-Claude, Guillaume (Losfeld), Christophe, Gaby, et Marcel (de retour des Alpes). En fait, il ne pleut déjà plus. Très vite, on enlèvera les impers. Plus tard, la bruine sera si fine qu’on ne les remettra pas, et je ne serai pas le dernier à apprécier à sa juste valeur l’effet de brumisateur dont on bénéficiera continûment dans la seconde partie de notre longue sortie. Une vraie gâterie. Comme quoi, si la bruine n’existait pas, il faudrait l’inventer !

L’autre question du jour pour moi, c’était : combien de temps vas-tu tenir après une aussi longue interruption ? Résolution : rester dans les roues, pédaler en dedans, ne pas donner un coup de pédale de trop, laisser les costauds s’ébrouer dans les côtes… C’est ainsi que la pause est atteinte (du côté de Réchicourt-la-Petite) sans la moindre alerte. Ensuite, les quatre plus pressés auront la bonne idée de se faire la belle, si bien qu’à l’approche de Blanche-Eglise (le point le plus éloigné du jour), c’est dans le confort du gruppetto que le retour s’amorce : Gége, Jicé, Patou, Marco, que voici de bons compagnons pour revenir de cette humide et bien agréable escapade en Moselle ! Le tempo sera raisonnable, on va se relayer, les embruns nous épargneront la surchauffe… que demander de plus ?

Tant de bonnes conditions réunies font qu’au lieu d’avoir des jambes de plus en plus lourdes, j’aurai personnellement la socquette de plus en plus légère, sur le plat comme dans les côtes. Un pur plaisir, et non pas la galère redoutée. Un peu étrange, même, mais je le jure, je n’ai rien pris d’illicite ! Que du cidre et du pommeau (apéritif à base de jus de pommes et de calvados). Et le bilan, c’est à mon compteur : 119 km, près de 1000 m de dénivelé (et une moyenne approchant les 26,5 km/h, alors qu’on a parfois musardé). J’ai idée que la fin de saison sera jouissive. Qu’il fasse soleil ou qu’il bruine.

Un mot de plus : pendant quelques kilomètres, ce sont 12 Randos qui ont roulé ensemble, une fois établi le contact avec les frères Collard et Jean-Marie B. qui nous avaient devancés, et avant que ceux-ci ne choisissent de rentrer plus tôt au bercail. Nul doute qu’avec le soleil revenu, nous serons encore plus nombreux demain, pour fêter sportivement le 15 août (et si Météo France n’exclut pas le retour de « pluies éparses » entre deux éclaircies, ne vous laissez pas intimider).
RV parc des expos à 8h.