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• Un peu de tenue ! (13 novembre)

Halte au massacre de la langue française ! Faisons taire l’odieux usurpateur qui s’était indûment emparé de cette chronique ! Finissons-en avec ce style relâché, argotique, effroyablement populaire qui vous a été infligé ! Un peu de tenue, que diable, redonnons à notre belle langue ses lettres de noblesse…

Les preux chevaliers de la bicyclette se sont pressés en foule au rendez-vous dominical. Ce n’est pas que les prévisions météorologiques fussent mirobolantes, de malséantes averses pouvaient même survenir, mais comme certains membres de la confrérie s’étaient abstenus lors des excursions précédentes par crainte de subir un désagrément par trop humide, ces derniers avaient choisi ce matin de donner la préférence à la voix de la passion sportive plutôt qu’à celle de la peureuse raison. Le risque qu’ils prirent n’était pas chimérique puisque sur le chemin du retour une averse assez drue les surprit. Ils en furent quittes pour un refroidissement passager qui ne devrait pas entraîner de funestes conséquences pour leur précieuse santé.

Ils furent donc nombreux à s’élancer sur les routes alors sèches de la campagne lorraine, dix-sept coursiers flamboyants aux tuniques multicolores, puis pas moins de vingt une fois rattrapée l’avant-garde de l’escouade, et même vingt-et-un quand le sieur Lhoner, victime d’une confusion initiale (il se raconte qu’il est coutumier du fait), en eut terminé avec son errance solitaire. La cohorte pédalante était donc de belle taille, l’humeur était joyeuse, l’entente régnait entre les vénérables anciens et les jeunes impétrants, les plus véloces réfrénant leurs ardeurs, les plus fragiles prenant abri derrière les plus énergiques. Une leçon d’harmonie et de cordialité. Il faudrait ajouter une leçon de tolérance, à en juger par la liberté concédée à chacun de contribuer, en fin de randonnée, à l’éparpillement général. Pour cette fringante communauté, la cohésion durable est un impératif et la dispersion finale une récompense.

Selon l’étrange et antique rituel qui est le leur, ce fut à proximité d’un vieux cimetière qu’ils se restaurèrent d’abondance : nul doute qu’ils témoignent ainsi de l’attachement qu’ils vouent à leur terroir et à ceux qui les y précédèrent, en même temps qu’ils se préparent avec philosophie à l’échéance que nul n’élude. Ces hommes tout en muscles ont aussi une âme. En un temps où bien des valeurs sont foulées au pied, c’est là le constat rassurant dont ils offrent l’inestimable exemple. Mon illustre confrère, le regretté Maurice Barrès, qui fut le héraut de la terre lorraine en même temps qu’un pionnier du vélocipède, eût trouvé en ces hommes de haute vertu le motif d’un profond réconfort.

Le chroniqueur ne peut que se réjouir chaque jour davantage d’appartenir à une telle confrérie : c’est pour lui rendre hommage qu’il s’est fait un devoir de l’évoquer en des termes qui fassent honneur à la langue française, le plus cher trésor de notre commun patrimoine.
Reynald
PS : l’AG approche, les élections aussi : ne manquent plus que vos candidatures.

• L’usurpateur (11 novembre)

J’ai repiqué au truc, j’ai chopé le virus, because le scribe qui m’a fait une réclame d’enfer sur les bienfaits du pédalage en plein air (à ne pas confondre avec l’exercice en salle, où plus que tu pédales et plus que t’avances pas, un vrai truc de dingues en plus que ça schlingue la sueur que c’est à tomber). Bref, je suis remonté sur mon biclou, pas d’armistice pour les braves, que je me suis dit, et tant pis si je prends une rincée (faut dire que miss Météo, elle était pas jouasse), qui roulera verra ! De fait, on n’a pas pris une goutte sur la tronche. Et comme le scribe est un peu fatigué, je vais à nouveau usurper la fonction, c’est moi que je vais vous causer de la rando.

Au rancart, il y avait là une dizaine d’affiliés, des vieux loups de mer et des jeunots de trente berges, mais aussi une petite bande de branquignoles tout contents de venir rouler avec des as du guidon. On a vu tout de suite que c’étaient pas des pros vu que l’un deux a trouvé le moyen de crever avant même d’enfourcher sa machine ! Et vu qu’ils ont mis un bon quart d’heure pour changer la chambre et trouver le procédé qui permet de la gonfler. Comme tontons gonfleurs, y a mieux, mais comme mectons gonflants, sont champions !

Ceci dit, j’ai pu jacter avec les gaziers, et m’est avis qu’ils sont plutôt sympas, dans l’ensemble. Ils disent qu’ils sont des « vévévés », avec un petit air mystérieux, j’ai rien pigé, mais j’ai pas insisté. Probable que c’est une secte d’illuminés de la pédale, un peu berzingues mais inoffensifs. On m’a dit que que l’un d’eux était un toubib du genre rabelaisien, qu’un autre était un ancien brasseur chasseur de pancartes, un autre encore un sophiste de première qui adore faire le Jacques. Un peu baroque comme compagnie, mais franchement il y a pire. C’est pas les Amerloques qui me diront le contraire, avec ce qu’ils viennent de se ramasser (vont pas rigoler longtemps, les trumpistes à casquette rouge, ils n’auront ni le beurre, ni l’argent du beurre, mais la gueule de bois, ça c’est tout vu).

Sinon, sachez bonnes gens qui restâtes au coin du feu, que le Pierrot est revenu, qu’il a fait un bout de chemin avec nous, histoire de refaire du muscle ; et le batracien aussi qui, lui, tient déjà une forme d’enfer, fallait le voir se secouer la carcasse, un vrai démon. Sachez encore que Gégé-la-saulxure, on l’a croisé, ce qui laisse penser qu’il faisait le parcours dans l’autre sens : faut en conclure que son fameux « le parcours c’est sacré » ça vaut dans un sens comme dans l’autre. Cherchez pas à comprendre, vous allez vous démonter les boyaux de la tête. Quant à Maître Marcel, il était un peu fumasse, vu qu’au départ le Cri-cri avait cru malin de ne pas nous faire passer par Pompey, ce qui expliquerait qu’il nous ait attendu pour que dalle, comme de juste. M’enfin, il a fini par nous tomber sur le paletot, et il en était tout guilleret, ça faisait plaisir à voir.

Mézigue, j’ai jeté un œil sur la cambrousse, j’espérais que ce serait une splendeur : il est vrai qu’elle était pleine de chouettes couleurs, mais ça manquait de lumière. Ce sera pour la prochaine fois, et comme vous en serez tous, au lieu de vous calfeutrer comme des croulants, vous la reverrez la lumière, bande de taupes !
L’usurpateur

• Un revenant (6 novembre)

Le scribe m’avait dit : pourquoi que tu ramènerais pas ta fraise chez les Stroumpfs à pédales, histoire de renouer avec tes aminches et de voir la trombine des jeunes pousses ? Ben oui, pourquoi pas, que je lui ai fait. Alors, rendez-vous à Marcel Picot, chez les footeux (des footeux de première, soit dit en passant, des gaillards durs au mal, faut voir ce qu’ils sont capables d’encaisser). C’est donc un revenant qui va vous mouliner la bafouille du jour.

Malgré la menace de flotte, y’ avait foule, une bonne vingtaine d’obsédés du dérailleur. Les habitués, et aussi le grand Max qui faisait son retour, grenouille au vent, comme d’hab’. Et des nouveaux, Guillaume, un gamin d’à peine 18 piges, Jérôme le rouge (c’est de sa tunique que j’ cause, pas de ses idées, au cas qu’il en aurait), Pascal Le Charpenté (pas sûr d’avoir bien saisi son patronyme), Steph’ le Mitard (je vous demande un peu), Olivier Le Paroissien… Du sang neuf, même qu’il manquait un Nicolas et un autre Guillaume, des jeunots qui ne donnent pas leur part au chien, à ce qu’il paraît. Bref, font une cure de jouvence, mes vieux potes… enfin, vous me comprenez, les vieux, ils vieillissent quand même, c’est le peloton qui rajeunit. De retour, c’était le cas aussi de l’ami Pierrot, après plus de deux mois d’arrêt rapport à un dos en vrac. La poisse, mais bien content de frétiller à nouveau des manivelles.

De la flotte, on a eu un peu, quelques gouttes au début, rien de méchant, même si le Mousse, à peine humide, il manigançait déjà de rentrer à Bouxières… un mousse qui craint l’eau, entre nous, c’est pas banal. La vérité c’est qu’à peine mouillés on était secs. Et même très secs pour quelques-uns dès que ça grimpait. Sont pas tous des papillons ou des gazelles, les Randos, ou alors c’est que certains confondent le frein et l’accélérateur à l’approche des hauteurs, la trouille de manquer d’oxygène, probable. Ce matin, au-dessus de 300 mètres, ça piochait dur. Mais les Randos sont sympas, ils attendent les gaziers en déroute, ils laissent une chance aux traînards. Solidaires avec les pas solides ! Alors, comme ça, on était encore un bon paquet lors de la pause du cimetière – oui, n’ont pas changé sur ce point, une vraie manie, « on se reverra au cimetière » qu’ils disent… pour sûr qu’on s’y reverra, mais c’est peut-être pas la peine de s’entraîner, ça se fera tout seul, rien ne presse.

Après la pause de Luxure (de Lixières ?), une fois les outils remballés, on se cogne le vent dans la poire et des faux-plats pas plats pour un rond. C’est la fête au lactique qui monte dans les guibolles et au moral qui descend dans les chaussettes… Alors, forcément, y a des solidaires qui manquent d’air, et des écarts qui se creusent. A l’arrière, ils n’en ont rien à secouer, vu que « les derniers seront les premiers », comme il l’a dit, le natif de Nazareth (Yeshoua Ben Youssef, de son vrai nom ; si vous me croyez pas, adressez-vous à son père).
Mézigue, sur la fin, je surveille mon palpitant, je ralentis, je précautionne. Faut dire qu’avec ma vieille bécane, 20 ans d’âge, une antiquité que j’avais ressortie pour l’occasion, et qui pèse son poids, ça nous faisait 90 balais à nous deux. Un record. Et si je prétends à un petit coup de reviens-y chez les randos pédaleurs, faut que je me ménage, l’hiver sera long, on a bien le temps, avant d’aller faire les zazous dans les zigzags voziens (mais promis, on y retournera, en montagne : je me suis laissé dire que le scribe, le toubib et le cantonnier allaient s’occuper de l’affaire).
Allez, à la revoyure !

PS : vous avez le bonjour du scribe, qui me dit de vous rappeler qu’il y a des élections prochainement (au bureau du club) et qu’il faudrait bien que quelques-uns s’y collent : c’est pas le tout de pédaler, faut se dévouer ! Faut candidater ! Faut mettre des huiles dans les rouages (ça, c’est flatteur, ça devrait vous décider) !

• Deux en un (Toussaint)

Sorties des 30 octobre et 1er novembre :
Des lecteurs frustrés m’ont dit leur déception de n’avoir pas eu leur très attendu compte rendu dominical : me voici tenu de raconter à présent deux choses à la fois. Je pourrais tenter une synthèse, mais on n’y comprendrait rien. Une rapide comparaison tout de même : 14 participants dimanche, 12 aujourd’hui, dont 8 récidivistes, il me semble : Marc, Jean-Claude, Gaby, Gégé, Guillaume (Losfeld), Marcel, Patrick et moi-même, 8 valeureux qui avaient savouré le grand soleil d’avant-hier et qui n’ont pas craint la brume tenace de ce matin. Dans les deux cas, on a presque réussi à rouler tous ensemble d’un bout à l’autre. Presque.

Dimanche, les droitiers ont pris à droite à Ormes-la-ville au lieu de prendre à gauche pour Crantenoy, comme le prescrivait le parcours, et comme indiqué sur la pancarte : mais lire une pancarte, mémoriser le parcours et tourner à bon escient, il faut croire que ça fait beaucoup. Donc, long moment de flottement, nous ne sommes que trois (Franck, Patrick et moi) à profiter de la très charmante petite route qui monte vers Crantenoy, puis de celle qui descend sur Haroué, et qui offre une vue plongeante sur le château. Dommage pour les droitistes écervelés, qui finiront par comprendre leur erreur. Un premier regroupement (avec les rouleurs) du côté de Tantonville, un second (avec les promeneurs) avant la pause de Laloeuf, et voici le peloton reconstitué.

Ou presque, puisque manquent à l’appel Jean-Claude et Amico, Eric et Olivier : ces deux-ci, on les reverra, mais pas ces deux-là, pour des raisons que la raison ne peut connaître. Quant à Gégé, on sait que pour lui « le parcours, c’est sacré » : mais, à l’usage, ce que l’on comprend c’est ce que c’est son parcours qui est sacré. Rebelote aujourd’hui, un petit tour et puis s’en va. Mais personne ne le lui reprochera, le temps froid et lui ne sont pas bons amis. Et le côté sympathique de l’affaire, c’est qu’il tient à participer aux sorties du club.
Pour ce qui est de la fin de la balade, on aurait pu rester groupés, on a bien failli y réussir… mais le vent qui souffle de face, le tempo qui n’en fait qu’à sa tête, que voulez-vous, il y a des impondérables.

Ce matin, ce bon vieux tempo fut le plus souvent supportable pour tout le monde, et quelquefois un peu moins, dans le long toboggan qui mène vers Ochey, dans la rude côte de Thuilley. Mais, faute de se prélasser au soleil, on a plutôt bien préservé la chaleur du petit peloton. On a ainsi inauguré la longue série des brèves sorties d’hiver, avec départ à 9h. Des sorties d’entretien (en théorie), sans prétention autre que d’éviter les dangers de la saison : on se relâche et on s’empâte, on engraisse et on régresse.
Allez, on tiendra bon, par tous les saints du paradis (diront les uns), par tous les valeureux du vélo (diront les autres) !
Reynald
PS : demain, 2 novembre, ce sera la fête des morts. Les membres du club qui les ont connus auront une bonne pensée pour Jacky, Annie, Michel et François.

• L’hiver avant l’heure (23 octobre)

Il se confirme que la transition entre l’été et l’hiver se fait attendre : température à peine positive au départ, des prés couverts de givre, des mains et des pieds bien glacés. L’hiver avant l’heure. Bref, il faisait froid, et les plus frileux se sont abstenus. Amico par exemple, la faute à son métabolisme d’Italien du sud ; Noël, dit Nono, parce qu’étant né dans une crèche bien chauffée, le froid est pour lui un calvaire ; le président et ses fidèles gardiens, principe de précaution oblige (on ne met pas en danger l’état-major du club) ; Jérôme, Guillaume G., Stéphane, et pas mal d’autres pour cause de vacances au soleil… Ils diront que j’invente, que je fabule, qu’ils avaient de bonnes raisons de s’abstenir : ne les croyez pas, le chroniqueur dit toujours la vérité.

Des pas frileux, il y en avait dix-sept au départ, puis quinze sur le parcours complet, Elektrik Jack ayant mieux à faire que de se geler longuement les batteries, et Gégé le Doyen étant tenu d’écouter ses bronches dès que le froid revient (mais on le reverra sur la fin, qui avait surmonté sa gêne respiratoire). Aux habitués s’était joint un petit nouveau, qui m’avait contacté la veille : Pascal Charpentier, qui vient de quitter la Bourgogne pour la Lorraine, un amateur de triathlon, pas mécontent de trouver un groupe pour ce qui est de la partie vélo de son sport. Mais s’il y a des amateurs de course à pied (Michel, par exemple) ou de natation (Gaby ?) pour faire équipe, qu’ils se déclarent. Attention tout de même, le gaillard bourguignon me semble bien affûté, et si son crawl et sa foulée sont aussi efficaces que son coup de pédale, ils vont ramer, les prétendants.

La solution étant de rouler bon train pour se réchauffer quand la congélation menace, le peloton a évité de lanterner, sans excès toutefois, histoire de ne pas larguer tout à fait les handicapés du jour, à commencer par le Patou de retour de ses Corbières chéries. Il avait manifestement abusé du cassoulet et du pinard local. Faut dire qu’il avait aussi dépensé une partie de ses forces avec les forçats du samedi matin (ceux qui depuis un demi-siècle font et refont inlassablement le même parcours la tête dans le guidon – cherchez l’erreur). C’est à noter, avant la dispersion habituelle de la toute fin de sortie, on a réussi en rouler en groupe avant comme après la pause. Un seul groupe. Philippe, Jean-Marie (le pharmacien de Vence) et autres mauvais esprits, révisez vos idées fausses, venez retrouver la chaude ambiance du club, au lieu d’aller vous commettre avec des pédaleurs à peine recommandables.

Vous aurez noté que dimanche prochain vous serez passés à l’heure d’hiver, pour peu que vous ayez songé à tripoter vos horloges et vos montres. C’est-à-dire ? Souvenez-vous : en octob-re on re-tarde d’une heure les instruments (alors qu’en av-ril on les av-ance). Donc, si vous voulez profiter d’une heure de sommeil en plus et ne pas arriver une heure trop tôt au rendez-vous, faites le nécessaire.
Espérons qu’on aura l’heure d’hiver sans l’hiver, même si aujourd’hui l’automne s’est faite discrète. Encore que le soleil se soit assez vite montré et que l’on n’a pas eu froid bien longtemps. Ce qu’on aura subi, ce n’est jamais qu’un leurre d’hiver. Que les frileux et les vacanciers se le disent !

• Sortie du 16 octobre : Le coup du chevreuil

Brouillard et fraîcheur au départ, franc soleil ensuite, pour une bien agréable sortie d’automne, tantôt très roulante, tantôt vallonnée. La jeune garde est là, le lycéen Guillaume, l’étudiant Nicolas (qui n’est pas l’ami du précédent, je corrige, mais son oncle, du haut de ses 20 ans), Jérôme, Stéphane, et aussi Romain, le fils de Jean-Michel … si bien que notre petit Pierre, ex-benjamin du groupe, réalise qu’il vient de basculer dans les seniors, et que les plus âgés se consolent en se réjouissant d’être là, tout simplement, en bonne santé, toujours vaillants, à commencer par le vénérable Gégé, de retour d’un séjour méditerranéen riche en kilomètres parcourus et en grimpettes avalées.

Seize nous sommes d’abord, avant d’être rejoints par trois unités errantes, ce qui fait 19, et même 20 si l’on compte l’éternel éclaireur aperçu en fin de balade (le très solitaire Jean-Yves). Consigne est donnée aux gros rouleurs de veiller à la cohésion du peloton, Marco et Gaby se dévouent pour jouer les capitaines de route, et le dispositif fonctionne plutôt bien jusqu’à la pause de Pulligny. Ensuite, l’accord se fait pour que la côte de Ceintrey opère la séparation en deux groupes. Devant, on roule ensemble, les côtes qui suivent ne creusent que de petits écarts, et on décide d’un petit détour par le fameux col du Minet, histoire d’ajouter quelques efforts et de ne pas rentrer trop tôt.

Mais ce n’est ni ce col ni ce minet qui auront effrayé le peloton : c’est, à proximité de Pierreville, un chevreuil traqué par des chasseurs (on venait d’entendre des coups de fusil), déboulant à toute vitesse, frôlant les roues de ceux qui roulaient à l’avant, et passant à deux doigts d’une voiture qui arrivait en sens inverse. Une brève rencontre, qui ne fut pas « renversante », heureusement. Mais mieux vaut col du Minet que coup du Chevreuil. Le premier vous fait monter, le second peut vous faire descendre.

Passant par Benney, on a eu une bonne pensée pour Cyrille, le fils de Jean-Luc et de Chantal, après son malheureux accident. Une autre bonne pensée avait été adressée lors du départ à Joseph, convalescent, mais dont Yves nous a donné des nouvelles plutôt rassurantes, et de même s’agissant de Georges, notre très apprécié doyen, qui a pu remonter sur son vélo.

Un mot encore : je viens de regarder le dernier tour de circuit du championnat du monde sur route, disputé dans le désert, et plus précisément pour ce qui est du circuit, sur une île artificielle, elle aussi déserte : ils ont eu de la chance, les coureurs, pas un seul spectateur pour les gêner ! Une idée vraiment géniale : du sport à huis clos dans le désert. Qu’est-ce qu’on attend pour attribuer les Jeux Olympiques au Quatar ? Les jeux universels du Pétro-Dollar, ça aurait le mérite d’être clair. Des mauvaises langues prétendent qu’un prochain Mondial de foot s’y déroulera, au Quatar… Dites-moi que c’est un canular, un cas nullard, une  grosse Quata !

• Sortie du 9 octobre : Coup de froid, coup de jeune

Quel contraste, mes amis ! Après une très longue période de beau temps, un été qui ne voulait pas finir, le basculement est spectaculaire : un petit 6° au départ, en ville, et un peu moins dans la campagne ; tenue d’hiver de rigueur pour les 14 courageux du jour, sauf pour Stéphane, jambes à l’air comme si de rien n’était. D’autres, manifestement, ont dû craindre les premiers frimas et se sont abstenus. Dommage, le parcours, souvent roulant, parfois gentiment vallonné, n’était pas désagréable. Après Bayon surtout, il empruntait des petites routes sinueuses et bien propres à réchauffer les organismes. On y a retrouvé les deux éclaireurs du jour, Jean-Marie B. et Jean-Claude C. Ce qui a porté à 16, tout de même, le nombre de pédaleurs sur la route : pour une première sortie quasi-hivernale, ce n’est pas si mal. La vérité est que le petit coup de froid du jour fut très supportable, et si quelques gouttes de pluie sont tombées en fin de matinée, ce ne fut qu’une pissée de moineau.

Au nombre des 16, un nouvel invité, Nicolas, un ami de Guillaume Gebel (le benjamin du peloton, revenu en 3e semaine), et à peine plus âgé que lui. Il a une vraie morphologie de grimpeur, ce Nicolas, ce qui tombe bien, puisqu’étudiant à Mulhouse, il a fait des ballons vosgiens son terrain de jeu. C’est dire que le peloton des Randos avait une nouvelle fois pris un coup de jeune, et qu’il a fallu s’organiser pour réguler l’allure. Après un départ un peu trop canon, Nono et Gaby ont joué les capitaines de route avec succès, chacun a pu suivre, ou revenir sans trop de peine une fois passées les plus longues côtes. Ou non sans peine, me souffle Olivier, qui eut du mal à trouver la bonne carburation. Disons qu’il se confirme qu’il va falloir trouver de nouvelles solutions pour gérer au mieux la disproportion des forces. Que le club rajeunisse est une excellente chose, qu’il faille s’organiser en conséquence est devenu une nécessité.

Un peu d’histoire : Bayon a été une belle cité fortifiée, implantée entre la Moselle et l’Euron ; elle a subi les invasions barbares, en particulier hongroises (des ancêtres d’un certain Sarko, probablement), et fut, elle aussi, en partie détruite sous le règne de Louis XIII, pour cause de non-allégeance au royaume de France. Les tableaux peints par Jean-Baptiste Claudot vers 1800 (voir pj) donnent encore une idée de sa calme beauté d’antan. C’était avant l’âge du béton, du bitume et de l’automobile. Pour un peu, on en aurait la nostalgie.

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• La mousson d’automne (25 sept. 2016)

Première sortie d’automne, dernière grande sortie avec départ à 8h ; dès la semaine prochaine on passe à 8h30, les jours raccourcissent et nos parcours aussi. Mais pour moi ce sera parcours zéro dimanche prochain, car je causerai littérature du côté de l’abbaye de Seuilly, sur les terres du grand François Rabelais – dont au passage je vous livre cette pensée toujours actuelle :
« Ami, vous noterez que par le monde y a beaucoup plus de couillons que d’hommes, et de ce vous souvienne. »

Une bonne pensée au passage pour le moine rabelaisien des Dolomites, alias le Toubib décoiffant.
A dire vrai, on ne s’aperçoit guère que l’automne est venu tant la douceur perdure, et la lumière. Certes, un peu frisquet au départ, mais si agréable ensuite, pour les 20 pédaleurs du jour, dont, et c’est un petit événement pour notre bien vieux club, un amateur d’à peine 18 ans qui souhaite ne plus rouler seul (il a déjà l’expérience d’un club FFCT). Le jeune Guillaume Gebel s’est, ma foi, très bien adapté, même si sur la fin il était tout à fait rincé (sa distance habituelle, c’est plutôt 80 km). La semaine prochaine, ou la suivante, nous accueillerons un autre jeune homme, Juan Lasso, 27 ans. Avec Stéphane, Jérôme et son « frère », l’autre Guillaume, le club a donc bien entamé une cure de rajeunissement. Je dis bien : « le club ».

Le grand moment de la sortie, ce fut non seulement l’ascension de la Butte de Mousson, mais le fait d’avoir poursuivi l’effort jusqu’aux ruines de l’ancien château. Une idée d’Amico, qui fit l’unanimité, du moins chez ceux qui s’étaient hissés jusqu’au village. Quatre y avaient renoncé, hélas pour eux (mais, que voulez-vous, « les invités », les « faut que je sois rentré de bonne heure »), et un cinquième (l’homme de Dinard) dut rebrousser chemin, faute de disposer d’un développement approprié à la rude, à l’infernale grimpette de Mousson. Autant cette pente est rébarbative, hostile (et mal goudronnée, qui plus est), autant le panorama qui se découvre tout au sommet mérite absolument le détour (et il n’y a que du 12% maxi sur la fin, contre les 17-18% de la Butte, ce qui est presque reposant). Il n’y a pas de meilleur endroit pour admirer les vallées de la Seille et de la Moselle, et le site de Pont-à-Mousson dans son entier. Je propose qu’on y repasse l’an prochain, par beau temps, mais de préférence en montant par le côté Lesménil, ce sera moins dissuasif.

Je sais, certains seraient frustrés : le truc, le hochet, le titre de gloire, c’est de monter de gros raidards, ou des cols bien longs, bien durs. Et de pouvoir ensuite en parler. De même que le Ventoux fait le vantard, la Mousson fait mousser.

L’ancien château de Mousson, bâti au Moyen âge, résume une page d’histoire universelle : symbole de résistance au pouvoir central, en une époque où la Lorraine n’est pas encore française, il fut démoli sur l’ordre de Louis XIII et de Richelieu, en même temps que d’autres châteaux de la région et que les fortifications de Nancy … une forme de terrorisme d’État. Rien que de très banal. A partir des quelques ruines qui subsistent, il nous reste à imaginer la splendeur de la construction sur cette hauteur.

Un dernier mot : à l’avant, quand personne ne fait office de capitaine de route, quand personne ne prend sur lui de réguler le tempo, c’est un peu la foire… ça va vite, ça attend, ça repart sec, ça attend à nouveau. Et peu importe que, comme aujourd’hui, le retour s’effectue contre le vent. Ce serait si simple et tellement plus confortable de s’y prendre autrement … Mais je sais, le mal est sans remède. A moins que de bonnes âmes se mettent un jour, et tour à tour, à jouer les capitaines de route avisés ?
Reynald

• Sortie du 3 juillet : Les carrefours

Le départ dès 7h30 a permis à nouveau d’emprunter des routes plus lointaines, au-delà de Landécourt et de Franconville, dans les marges de la plaine des Vosges. On a pu d’ailleurs en apercevoir la fameuse ligne bleue, et le massif du Donon. Le parcours concocté par Pierre Valois, qui avait inclus malicieusement un petit détour par le village du même nom, était fait de petites routes bien agréables, parfois vallonnées, mais sans grande difficulté. Une vraie réussite.

Tout le monde n’étant pas en vacances, ce sont 18 gros travailleurs du cycle qui ont profité de cette longue et belle sortie, dans l’harmonie la plus totale : sauf erreur de ma part, les 18 sont restés groupés de bout en bout, les uns se permettant tout au plus de ralentir parfois la cadence et de prendre quelques raccourcis, les autres s’arrêtant ou ne s’arrêtant pas lors de la crevaison du jour, ou lors de la perte de quelques éléments. Ce qui prouve simplement qu’il ne faut pas en rester à une conception trop étroite de la notion de groupe… Disons qu’il y a des groupes compacts et des groupes qui le sont moins. Ayons l’esprit large. Et admettons qu’aux carrefours on puisse se tromper de route.

Il est vrai que pour parcourir 120 bornes et se taper 1000 m de dénivelé en respectant les horaires, il ne faut pas trop lambiner. Mais s’obliger à rentrer pour midi lors d’un très estival dimanche de juillet, m’est avis que c’est un peu bêta. Prendre le temps d’apprécier chaque kilomètre parcouru, chaque point de vue sur les champs et les bois, les vaches et les moutons, sur les villages et les églises, ce n’est pas une mauvaise façon de faire du vélo, me semble-t-il (pas comme ces tarés qui nous ont doublé sur la fin, la tête dans le guidon, et qu’on a vu se disloquer un peu plus loin).

Ces jours-ci, plusieurs hommes célèbres ont disparu, Michel Rocard, le cinéaste Michael Cimino, l’humaniste Elie Wiesel. Les médias en parlent d’abondance ; mais, à quelques exceptions près, ils ont souverainement ignoré la mort (à l’âge de 93 ans) de l’un des plus grands poètes français contemporains, Yves Bonnefoy. Comme un clin d’œil, je me permets de recopier ici cette petite réflexion qu’il a proposée sur les carrefours. Vous savez, les carrefours, qui sont une réalité si problématique pour les cyclistes que nous sommes (on va où, tout droit, à gauche, à droite ? T’es sûr, pas de regret ?) :

J’ai souvent éprouvé un sentiment d’inquiétude à des carrefours. Il me semble dans ces moments qu’en ce lieu ou presque : là, à deux pas sur la voie que je n’ai pas prise et dont déjà je m’éloigne, oui, c’est là que s’ouvrait un pays d’essence plus haute, où j’aurais pu aller vivre et que désormais j’ai perdu.