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• Sortie du 11 octobre : Vive l’anarchie !

L’anarchie du jour, elle a commencé pour moi par le choix des fringues : une tenue de fin d’été pour un 11 octobre très frisquet, ça fait désordre. Ciel très gris, vent de nord-est bien glacé, thermomètre en berne, tout ce qu’il fallait pour qu’un estivant attardé se les gèle pendant l’essentiel de la balade. Et il n’a pas réussi à se réchauffer, l’estivant. C’est de ma faute. Mea maxima culpa, comme dirait le pèlerin de Champi.

Mais ce qui ne fut pas de ma faute, c’est le joyeux bordel qui a régné ce matin : si on avait voulu démontrer que rouler groupés est un défi permanent, on ne s’y serait pas pris autrement. Il y a des jours comme ça, on se dégroupe à qui mieux mieux. Au pied de la longue montée de Morey, je les ai pourtant titillés, les cadors, en leur disant, chiche, on reste tous ensemble : ça a marché… pendant 20 mètres, 30 peut-être, et puis que voulez-vous, c’est si peu naturel d’en faire moins quand on a l’habitude d’en faire plus… Bref, on a fait comme d’habitude, on s’est éclaté.

Ensuite, c’est fou ce qu’il y avait de fourmis dans les jambes : même sur du plat, elles créent vite des écarts, les fourmis, sans que derrière ça joue pour autant les escargots. Arrivés à bon Port (sur Seille), le mauvais plan recommence : l’impatience est telle chez les quelques énervés du jour que, même pour quelques mètres de retard, quelques malheureuses secondes, il n’y a pas moyen de les convaincre et de recoller les morceaux. Si bien que ces énervés, on ne les reverra pas. Ils auront le renfort de ceux qui, un à un, se détachent sur la belle petite route qui mène à Griscourt. Probablement que les uns et les autres comptent sur la pause pour que s’opère le regroupement général. Mais… la pause, à ce que j’ai su, elle a été tout ce qu’il y a de symbolique : ceux de devant, ils ont posé un pied à terre, « on dirait qu’on fait la pause », ô la bonne blague, et sont repartis aussi sec !

Résultat : pas de regroupement, du monde dans la pampa, du chasse-patate en veux-tu en voilà. Heureusement, derrière notre vélo-balai du jour, l’expert Michel, veille et s’emploie à ne perdre personne. Aussi, après la pause, la vraie pause (effectuée près de Dieulouard), c’est un vrai deuxième groupe (de 10 unités), comme on n’en avait pas vu depuis longtemps, qui s’est formé et qui a pu rentrer en bon ordre : heureuse compensation au désordre régnant ! Comme quoi l’anarchie a ses bons côtés.
Mais il ne faudrait pas en abuser. Sinon, ce ne sera plus de l’anarchie, ce sera la chienlit !

« Chienlit », ah le joli mot, longtemps oublié, ressuscité par le Général, à nouveau oublié, et redécouvert ces jours-ci. Le mot est à l’origine masculin et désigne un personnage du Carnaval de Paris (le grand Rabelais y fait allusion) : il porte une chemise de nuit et il a le derrière barbouillé de moutarde – c’est pourquoi il s’écrivait aussi « chie-en-lit »… n’est-ce pas fort parlant ? Se faire traiter de chie-en-lit n’était donc pas un compliment. Devenu féminin, le mot désigne la pagaille, le désordre. Le fourbi, le grand n’importe quoi.

A votre place, les Randos, je ferais gaffe : ne vous exposez pas à être traités de chie-en-lit ! Ce n’est pas très classe. Et en plus, c’est un cas de divorce.

Reynald

• Sortie du 4 octobre : En attendant la ballade

Il y a balade et ballade, ce sera le thème du jour.
On peut se balader à pied, on peut le faire à vélo, dans les deux cas on se promène : à la lettre, on se porte en avant, de préférence selon un rythme tranquille ; on peut même flâner ou musarder, on prend alors du bon temps. Avec la balade, on se transporte, tandis qu’avec la ballade on est transporté : poétique ou musicale, sur ses deux ailes la ballade vous emmène ailleurs et vous touche. Souvenez-vous, vous avez sans doute appris cela à l’école :
– la « Ballade des dames du temps jadis », avec son allusion à « Jeanne la bonne Lorraine / Qu’Anglais brûlèrent à Rouen », et son célèbre refrain « Mais où sont les neiges d’antan ? »

– ou la « Ballade des pendus », signée du même François Villon (mauvais garçon et poète incomparable) et chantée elle aussi par Georges Brassens : « Frères humains qui après nous vivez / N’ayez le cœur contre nous endurcis »…

Car de poème la ballade est devenue chanson : on connaît la Ballade irlandaise » de Bourvil ou la « Ballade des gens heureux »…chantée par Gérard Lenorman.
D’où cette question qui vient à l’esprit : ne pourrait-on pas écrire une « Ballade des Randos heureux », une sorte d’hymne du club ? Allez, à vos plumes !

Mais, autre question : est-ce qu’il se balade, le Rando, quand il roule ? Prenons un exemple.
Hier matin, petite affluence au départ : nous sommes neuf à ne pas avoir manqué le changement d’horaire (8h30), neuf licenciés plus une vieille connaissance (Marc Henquel), plus un petit nouveau (Jérôme Minatel, un cyclo du Nord, désormais installé à Nancy, et qu’on devrait revoir parmi nous). Puis douze avec le pélerin musclor de Champigneulles ; puis treize avec Franck – saluons son retour, après un gros pépin de santé, et de même le retour de Georges, notre senior très émérite. Enfin, après Dombasle, nous voici seize, une fois repris les frères Collard et le fonctionnaire d’Azelot.

Ce qui nous donne un vrai peloton. Et qui mérite un vélo-balai, que je me dis : aussitôt dit, aussitôt fait, me voici balai, ça m’arrange bien, avec le rhume que je me trimballe, sûr que je vais bientôt manquer d’oxygène. Alors, autant se balader à l’arrière : mais oui, un Rando peut se balader, suffit d’attendre les attardés, de grimper les côtes à allure modérée, et de compter sur ceux de devant pour attendre à leur tour, jusqu’à ce que la jonction s’opère. Le pied. Le balai se balade.
Donc, il faudrait penser à composer aussi une « Ballade du vélo-balai »… A vos plumes !

Mais les autres, de Randos, ils se baladent, oui ou non ? Après tout, autant vous poser la question vous-même… quel est le seuil, de vitesse et d’effort, au-delà duquel vous cessez de vous balader ? Je vois d’ici l’embarras… autant de réponses que de pédaleurs.
Tout ce que je sais, c’est qu’hier après la pause, une nouvelle fois je n’ai pu compter sur un deuxième groupe pour prolonger la balade, vu que les habitués ont encore choisi de raccourcir la distance, et que le train de ceux qui ne musardent pas était décidément trop élevé. Balai j’étais, balayé je fus.

Mais ayant eu la bonne idée de crever (à Leyr, l’air vint à manquer… facile), j’ai eu le plaisir d’être secouru par une experte escouade de dépanneurs (on a mis cinq minutes pour extraire la chambre, mais faut dire que le Michelin, c’était du béton, et que la chambre collait de partout). Cet imprévu a permis aussi au Patou des Corbières de nous rattraper (on avait cru qu’il avait pris le raccourci, alors qu’il faisait du chasse-patate). Il était content, le Patou. Il a pu se faire mal ensuite, à dévaler jusqu’à Custines, vent de face et gros braquet. Faut ce qu’il faut. Faut faire chanter la meule et danser la plaque.

Ah oui, je ne l’ai pas dit, une ballade peut aussi se danser (ça vient du bas latin « ballare », d’où provient le « bal », bal du samedi soir, des vampires, des débutantes, des faux-culs… y a le choix).
Bref, chers baladeurs, vrais ou faux, devenez balladins, c’est mon invitation du jour. Ou baladins, puisque l’orthographe étant ce qu’elle est (historiquement variable et parfois fort peu logique), c’est plutôt ainsi qu’on l’écrit… si bien qu’on ne sait pas toujours sur quel pied danser.

• Sortie du 27 septembre : Le retour du tonton flingueur

Le rédac-chef m’a dit : vas-y, pour ton retour parmi les fanas de la petite reine, c’est à toi de jacter, et tu nous fais ça aux petits oignons. Je me suis pas fait prier, je vous ai torché la bafouille que voici que voilà.

Première sortie d’automne… mais je vais pas vous la jouer « sanglots longs des violons » ou « Voici que la saison décline », ça vous foutrait le cafard. Non, rien que du concret, du pris sur le vif, et du réjoui : ben oui, ça a été une bath virée, avec ciel bleu et soleil de feu. Même si au départ, on se les gèle un peu.
Affluence moyenne, j’en compte 13, des pédaleux, tout fringants dans leur habit de lumière; et 13 c’est un peu inquiétant des fois qu’on soye superstitieux. Histoire de pas se faire du mouron, on se dit que faudrait du renfort, on compte sur les gus qu’ont souvent du retard à l’allumage, ou sur ceusses qui se gourent de rencard. On verra bien, allez, en voiture Simone, c’est parti pour la bande des 13 ! Et tant pis pour ceux qui roupillent.

Qui qu’est là, que vous vous demandez ? Eh, bien, sachez bonnes gens qu’il y a là… voyons, que je n’en oublie pas :
il y a là Pierrot-la-science, Patou des Corbières, Jicé-le-Chti, Amiko-le-kostaud (monte tout sur la plaque, le zig), Minimax (mini plateau, maxi grenouille) ; et aussi : Yves le big boss de la confrérie, Mika-la-bûche (faut voir les molgoms du gazier), Gégé-l’inoxydable (qui s’est fait un gros bobo à la mimine dans un tunnel, je vous demande un peu : « c’est pas mon année », qui m’dit). Je reconnais aussi Cri-cri Kia Ki-en-veut, et pis le fameux Gaby Malto (docteur toute spécialité), Marco Credito (le mafioso du braquet), et Christian-la-belote (abandonné de ses aminches). Avec mézigue, ça fait le compte.

On aurait pu passer à 14, rapport à un coup de fil de la maison Poulaga : mais le fonctionnaire, il était en rade du côté d’Ochez, quand nous on traversait Vézelise… alors le boss et le galonné (Minimax soi-même), ils ont préféré l’attendre, le Jean-Marie, et rentrer peinards. Ils aiment ça, rouler peinards.

On n’est donc plus que 11 après le raidard de l’antique cité vézelisoise, un raidard maousse, un de ces murs… un vrai mur des lamentations, à moins que ce soit le genre de mur qu’on a envie de lapider des fois que Satan il serait caché dedans (j’ai vu ça à la télé, y ‘avait foule, mais je sais plus où ça se passait, les mecs… vous, vous savez p’t’être). Mais le plus raide dans l’histoire, c’était le vent qu’on s’est pris en pleine poire, une soufflante à vous décorner les boeufs, un mistral de par ici… un mistral perdant, qu’il aurait dit, le pote Renaud. Et pour peu qu’il se mette à souffler de côté, ce vachard, tintin pour rester groupés, ça s’éparpille faut voir comme. Interminables qu’elles sont, les montées cap à l’est, vers Crantenoy et plus loin vers Ferrières : il en faut du jarret, pour fendre la bise et rester au contact. Mais grâce au Pierrot et à l’Amiko, y a tout de même un peu d’abri pour les faiblards.

Sur la fin, la bande des 13 (qu’étaient plus que 11) s’est encore dégraissée, le Patou filant vers un repas de famille (qu’il a prétendu), et le Gégé décidant de rouler à sa main, si je puis dire. Quant au Jicé, du côté de Tonnoy, il a préféré aller se grimper le col du Minou, vu que ça lui donne des frissons, ce col doux, on peut pas le lui reprocher. On l’a revu plus loin, il était aux anges. C’est ce qu’il y a de bien avec le vélo, d’une façon ou d’une autre on prend son pied : suffit d’être un peu maso. Ou carrément maso. Ou moyennement maso. Bref, y a le choix.

C’est bien pourquoi j’ai repiqué au truc, moi aussi j’aime me faire mal pour me faire du bien. A une condition : garder l’équilibre, faire gaffe à ne pas tomber ! Pas tomber, jamais, nulle part, ni en plaine, ni en montagne, et pas même dans un tunnel. Maso mais équilibré, c’est la devise du cyclo.
Le pote au secrétaire

• Sortie du 20 septembre : Passe l’été, vient l’automne

Dernière sortie estivale de l’année, fraîcheur et grisaille automnales au départ de la balade du jour. Une sortie de transition, en quelque sorte. Eh oui, il faut déjà faire son deuil de l’été, et se consoler comme on peut : il y aura encore de belles journées ensoleillées, et des paysages tout en couleurs. Il y aura de belles et franches pédalées, et de moindres efforts à fournir, puisque les parcours iront diminuant. Passera l’hiver, reviendra le printemps… mais si le temps des saisons est cyclique, celui des cyclistes, hélas, ne l’est pas : un an de plus, c’est ce qui nous attend tous, et ça finit par compter… Trêve de mélancolie ! Un mot sur l’escapade matinale.

Eté Automne

Belle affluence, 19 au départ, puis 21, une fois récupérés les deux partants plus matinaux, Yves et Bernard (il y en avait bien un troisième, qu’on a aperçu tout à la fin, mais Jean-Yves est définitivement devenu un éclaireur qui n’éclaire que lui). Une première moitié de parcours vallonnée, et donc un peu difficile à gérer. Mais somme toute, ça ne se passe pas trop mal : le vélo-balai Christophe fait bien son boulot, ceux de devant mettent parfois la pédale douce, on s’attend, on rejoint Crézilles tous ensemble pour la pause, par la très charmante route forestière d’Ochey. Et cela après avoir traversé la énième brocante de l’année… C’est fou cette manie qu’on a d’étaler ses vieilleries et de traquer la bonne affaire. Peuvent pas faire du sport, les Français, le dimanche matin ? Comme tout bon Rando qui se respecte, en somme.

Après la pause, deux groupes, selon l’habitude, et s’immiscer dans le premier, c’est risqué, c’est ce que je me dis, j’y vais quand même, mais avec l’idée de créer le moment venu un groupe 1bis, ce qui se produira entre Fontenoy et Aingeray. Avec la complicité du très sage Patrick et du très amical Amico. Le retour ne sera donc pas trop douloureux, les dernières grimpettes s’effectueront sur un tempo raisonnable. Du moins en ce qui nous concerne, mais je ne doute pas que les Kostauds se seront tiré une bonne bourre, sinon c’est même pas la peine de sortir la bécane, tandis que les sages du deuxième groupe auront eu tout loisir de tailler une bonne bavette – au risque d’arriver assez tard, puisque la longueur du parcours et son dénivelé (105 km et 968 m escaladés à mon compteur), la crevaison de Christian également, n’auront permis à personne, je pense, d’être rentré pour midi.

Mais il fallait bien qu’on profite à fond de la dernière sortie de l’été !
Reynald

• Sortie du 13 septembre : Une leçon de sagesse

Non, je ne vais pas vous chambrer : la pluie était annoncée, vous êtes restés à la maison, vous avez été sages, vous n’avez pas pris le risque de vous enrhumer, ou de glisser sur la chaussée… Vous vous êtes préservés pour des jours meilleurs. Des prudents, des sages, vous dis-je, des modèles de sagesse !

Donc, si on vous traite de gros dégonflés, de pantouflards, ou pire de velléitaires (j’y vais, j’y vais pas), n’en croyez rien, ignorez, dédaignez, restez calmes. Et même, si vous êtes venus à Brabois sur le coup de 8h et que vous avez trouvé l’atmosphère humide, au point de renoncer, dites-vous que vous avez donné ainsi un mémorable exemple de sagesse.
Et si vous n’en êtes pas convaincus vous-mêmes, répétez aussi longtemps qu’il le faudra : non, je ne suis pas un gros dégonflé !

Des pas sages, des imprudents, il y en eut quatre sur le grand parcours pour représenter le club, et quelques-uns peut-être sur le petit (Max et Joseph étaient là dès 8h). Quatre et non six, puisque les très sages Gaby et Christian s’avisèrent que la bruine s’était mise à baigner le départ de la randonnée. Autant dire que je me suis retrouvé en bonne compagnie : Pierre le Maître des parcours, Michel le VVB (le Véli Very Best), Amico l’Ami des Randos – auxquels s’ajoutent deux émérites VVV, Jacques Kempf, le Tchatcheur intarissable, et Gérard Conreaux, qui, si j’ai bien compris, s’est lui aussi pris récemment une grosse gamelle.

Ce qui donnait une équipe de six pédaleurs (des imprudents, oui, vous avez tout compris, des pas sages, ou, allez savoir, des pas dégonflés) ; un petit groupe où les rôles étaient distribués au mieux : Pierre, Michel et Jacques pour prendre les relais, les deux convalescents pour les suivre, et Amico dans le rôle du berger veillant à ne perdre personne.

Toutes les conditions étaient réunies pour qu’on assiste à cet événement rare : des costauds qui réussissent à rouler en dedans quand ça grimpe, un rythme régulier, sans le moindre à-coup, un groupe qui reste uni tout du long … Un petit miracle, et un exemple à suivre. D’autant que ce parcours d’une bonne centaine de bornes était bigrement vallonné (en partant de Nancy, et donc en me tapant la montée de Brabois, cela m’a fait près de 1500 m de dénivelé !).

Un parcours agréable, souvent forestier, et, j’allais oublier l’essentiel pour tous ceux qui ne mirent pas le nez dehors, ou pas longtemps, un parcours quasiment sans pluie : la bruine du départ devient une franche averse lors de la descente sur Maron, et puis… et puis, plus rien, que du sec, au point qu’on enlève les impers dès Pierre-la-Treiche, et qu’on ne les remettra pas. Seul bémol, à l’arrivée, même scénario qu’au départ, la bruine est de retour, et la plongée sur Nancy est bien humide.

Les bénévoles de l’Aremig n’ont guère de chance, leur manifestation se passe rarement sous le soleil.
Et avec tous ces sages qui ne veulent pas se mouiller…

• Sortie du 6 septembre : Une échappée au long cours

Première sortie de septembre, première fraîcheur. Des retours de vacances, quelques réapparitions, dont celle du commissaire-qui-roule, et celle de Radio-Tour, ce dernier après plusieurs années d’abstention (il a pris du poids, mais il dévide toujours le même refrain). Une vingtaine d’amateurs au départ, avant que le peloton ne s’effiloche : VVV Gégé trouve que son vélo manque de nerfs et s’en retourne bientôt, le président doit rentrer vite pour raison familiale et ses fidèles lieutenants l’accompagnent.

Puis survient l’incident du jour vers le km 38, un peu avant la charmante bourgade de Barbonville (où la double allée de beaux arbres à l’entrée n’a pas encore subi la bitumisation galopante des bas-côtés qui ravage les communes rurales) : Cri-cri-six-cylindres est victime d’une crevaison, le peloton amenuisé l’assiste, vient le moment de gonfler la nouvelle chambre, et comme je m’avise qu’il y a là nombre de costauds qui ne vont pas manquer de carburer ensuite pour rattraper le temps perdu, je prends un peu d’avance, de même que Patou des Corbières.

Et nous voici tous deux pédalant, devisant, cheminant peinardement, en attendant que les Kostauds nous sautent sur le râble. La jonction devrait se faire lors de la montée vers Charmois. Mais rien de tel ne se produit : on se dit qu’on ne roule pas si mal, le vent arrière aidant. On s’approche d’Einvaux, le vent est devenu défavorable, on traînasse, mais toujours pas de jonction : on se dit que d’autres ont dû crever, que des garnements ont jeté des punaises sur la route (après notre passage). On pioche ensuite comme on peut dans les incessants coups de cul du parcours (mon compteur affichera 1120 mètres de dénivelé à l’arrivée), mais nous autres échappés ne sommes toujours pas repris, du côté de Méhoncourt (mais on court ?), de Romain, puis de Haussonville (on s’y hisse) : on se dit que derrière ils exagèrent, qu’ils n’en fichent pas la rame, ou qu’ils en ont plein les bottes.

Dans la belle descente sur Velle, on freine un peu, on leur laisse une chance, mais toujours rien, pas un pour nous rattraper, pas même un Gaby : on se dit qu’ils ont dû céder à la tentation, celle de s’arrêter et de marchander dans les brocantes et autres rutilants vide-greniers qui parsèment le parcours. Tant pis pour eux, on continue, on avale la côte de Benney, on dévale la descente sur Ceintrey, on se pousse du col à Pulligny, et on les imagine, les traîne-savate, suant et suffocant pour nous rattraper enfin… Frolois, on ne fait que le frôler (en préférant l’autre rive du Madon), on file sur Bainville, on se retourne, toujours rien. On rentre par Brabois, trop certains qu’à Maron on ne retrouvera personne. Tant pis, on aura fait 60 bornes en tête, tranquilles, efficaces, un peu inquiets tout de même pour nos petits camarades.

Ma rapide enquête du début d’après-midi me rassurera : rien de grave à l’arrière, Cri-cri avait re-crevé, puis son pneu arrière avait fait des siennes, et le groupe avait perdu plus de temps qu’il n’aurait fallu pour mettre un terme à notre échappée au long cours. Aussi bête que cela. N’empêche, on aura vérifié qu’il suffit de rouler régulièrement pour arriver à bon port. Quant au mythe des costauds, m’est avis qu’il a pris  du plomb dans l’aile.

• Sortie du 30 août : En progrès

Après la sortie du retour (en ce qui me concerne), la reprise continue… et la surprise se répète : à défaut d’avoir la socquette légère, la bonne surprise c’est de ne pas être à la ramasse, et de parvenir tant bien que mal à suivre les petits camarades. Même les grimpettes ont été hier matin moins laborieuses, et le tempo souvent assez vif du peloton était supportable. C’est vraiment le bon côté des arrêts prolongés : on fait des progrès à chaque sortie, on se sent de mieux en mieux, on profite à fond du plaisir de tourner les jambes… Pourvu que ne revienne pas trop vite la sensation de plafonner ! Celle d’avoir déjà retrouvé ses bonnes vieilles limites. Mais n’en demandons pas trop, et carpe diem !

Le retour, ce fut aussi celui de quelques vacanciers : 8 têtes nouvelles par rapport au dimanche précédent, quelques 19 pédaleurs au départ, ou presque, puisqu’il faut d’abord rattraper la nouvelle avant-garde du groupe, non plus Jean-Yves mais Joseph, qui se plaît à s’échapper en solo dès potron-minet. En deux semaines, c’est donc la quasi-totalité des licenciés que j’aurai eu le plaisir de revoir.

Gérard se doit à ses invités du jour et tourne casaque le premier (ses invités, j’ai idée que ce sont de valeureux vieux cyclistes, des obsédés de la pédale, du cul sur la selle, et de la main au panier… mais ne me faites pas dire ce que je ne dis pas). Joseph, ensuite, nous salue bien. Voici donc le peloton réduit à 17 unités, mais pas pour longtemps : à l’approche de la côte d’Uruffe, pourtant bien modeste et agréablement ombragée, les habituels amateurs de raccourcis filent droit sur Vaucouleurs. Mais sans prévenir, ce qui ne se fait pas : devant, on s’inquiète, Amico part même à leur recherche, on temporise, jusqu’à ce qu’on se rende à l’évidence. A la pause d’Ugny, toujours personne. Et moi qui comptais sur un deuxième groupe pour rentrer selon un tempo raisonnable…

C’est à Pagny qu’on retrouve les 4 resquilleurs, en train de faire le plein à la station-service, le plein d’eau. Il faut dire que le soleil commence à cogner très fort. Les costauds, eux, n’ont pas soif, ils embrayent, ils en rajouteront même un peu, à ce que j’ai su, en passant par Liverdun, histoire de compenser leur excès de vitesse.

Derrière, pas d’excès de cette sorte, mais un exploit : le grand Max a fait le pari qu’il tiendrait l’équilibre en roulant à 2 km/h, et c’est vrai, j’en témoigne, il y est parvenu… Il a réussi à rendre les faux plats de la fin de parcours tout à fait interminables. Et ceci malgré un vent favorable qui risquait à chaque instant de le précipiter vers l’avant. Les costauds devraient en prendre de la graine : rouler petit petit, c’est possible. La vérité, c’est que Patrick et moi, on n’a pas été capables d’observer ce tempo improbable, on a fini par s’échapper, sans le vouloir.

A l’arrivée, 105 km au compteur, et 928 mètres d’ascension : c’est bien ce que je pressentais, pour une reprise, cela aurait pu être pire. Et j’en viens à penser qu’on devrait toujours se ménager de longues pauses pendant l’année, rien que pour le plaisir de s’y remettre et de progresser.
On se console comme on peut.

• Sortie du 23 août : Le retour

Eh oui, tout a une fin : une convalescence de plus de trois mois, et un silence presque aussi long. Donc, était venu pour moi le temps de rejouer des manivelles et, par voie de conséquence, du clavier. C’est mon destin : quand je pédale, je cause. Quand je m’abstiens, je me tais, n’ayant rien à raconter, ça paraît logique. J’ai donc le plaisir de vous saluer tous, ceux que j’ai vus ce matin, et ceux qui n’étaient pas là.

Je ne pensais pas revenir aussi vite (façon de parler), après seulement deux sorties cette semaine, 65 km seul, et 85 km dans le sillage protecteur de Jean-Luc. Mais ces deux essais m’avaient plutôt rassuré. Et le parcours de ce matin était d’abord longuement plat, l’idée étant de ne pas effectuer la suite en totalité. J’avais aussi parcouru un bon nombre de kilomètres durant mes trois semaines de vacances, sur ma bicyclette de promenade. Mine de rien, comme elle est lourde et équipée de pneus assez larges, ça finit par faire travailler les guibolles. Mais que du plat, pas la moindre montée.

Ce fut donc un grand plaisir que de renouer avec le peloton des mordus. Si j’avais pu douter d’avoir retrouvé le bon rendez-vous, le doute a été vite dissipé : on m’accueille avec quelques plaisanteries grasses, l’un des présents parle d’une sortie récente à 35 km/h, un autre prend immédiatement les devants, à la Gaby, et précisément c’est ce cher Gaby qui joue les éclaireurs. Je suis bien chez les Randos. Tout est comme avant, sauf le beau vélo tout neuf de Pierre, le bronzage de quelques gambettes et la coquette moustache du Président.

Et les costauds demeurent les costauds, tandis que les amateurs de raccourcis continuent de raccourcir. Si bien que le peloton d’une quinzaine de membres se sépare en plusieurs groupes dès Maidières, avant même la pause, et que la longue mais assez facile montée vers Viéville s’opère en petits paquets. Ensuite, le cap est mis sur Jaulny. Sauf pour bibi, et pour Nono. Et ça, c’est la bonne affaire du jour : au lieu de rentrer seul, contre un vent de plus en plus vif, me voici abrité, encouragé, bichonné par le généreux pèlerin de Compostelle. Quelques poussettes dans les côtes ne sont pas de refus, car le difficile c’est bien de se remettre à grimper. Et sur la route de Thiaucourt, puis de Mamey et de Martincourt, puis de Manonville (on fait ce choix plutôt que celui de la Petite Suisse), et jusqu’à la sortie de Dieulouard, ça ondule, ça manque de plat.

Mine de rien, notre « raccourci » s’avèrera plutôt longuet : 104 km pour moi, et 800 mètres de dénivelé. Pour une reprise, ça fait beaucoup. Mais fallait bien fouetter la bête ! Sinon, on s’écoute, on rechigne, on renonce, on grossit, on déprime… la pente fatale !
Donc, la bête n’est pas morte, la forme va revenir, et la fin de saison sera magique !

J’espère que de votre côté vous ne serez pas trop rincés par vos exploits estivaux : manquerait plus que ça que je sois obligé de vous attendre et de vous pousser !

Reynald

• Un 200 km mémorable (14 mai)

Trois semaines plus tard…

La grande randonnée de l’Ascension avait bien commencé : la pluie, ce n’était qu’une faible bruine, pas de quoi décourager le randonneur moyen. Mais elle avait tout de même dissuadé l’un des 21 inscrits, JMS, le pharmacien de Vence. Manquait aussi à l’appel Franckie l’arracheur de dents, qui se plaignait du dos. Les pilotes de la camionnette, eux, étaient bien là, François et Valéry allaient veiller sur nous. Même un peu humide au départ, la journée promettait d’être belle. Les cyclos allaient prendre leur pied.

Le début du parcours est très plat, l’allure est soutenue, on rattrape assez vite le retard pris au départ. Tout baigne. Un peu trop, même, ça mouille de partout, vu que beaucoup n’ont pas songé à monter les garde-boue. À l’approche des Vosges, le relief devient plus vallonné ; à Saint-Quirin, il faut slalomer entre les stands de la grande foire annuelle qui est sur le point d’ouvrir ses portes. On découvre la belle petite route qui mène à Abreschviller, via Vasperviller, qui a l’avantage de nous épargner la longue côte de la route directe. Avant les grosses grimpettes du jour, ce n’est pas négligeable. On rejoint ainsi la piste cyclable, on hésite à la prendre, on la prend, et on enregistre les deux premières crevaisons de la journée. Mauvais présage ? On arrive par petits groupes à l’Auberge du Bel Air, le petit-déjeuner est prêt, il est copieux et aimablement servi. On est dans les temps, les choses sérieuses vont commencer.

Hélas, deux fois, trois fois hélas, voici qu’une fausse bonne idée me traverse l’esprit : donner un coup de pompe à mon pneu arrière, au motif qu’il est très légèrement dégonflé. Le problème est que la pompe a pour effet de le dégonfler tout à fait. Et pas moyen d’y parer ; on essaie trois pompes différentes, rien n’y fait. On se résout à changer la chambre, Pierre et moi, et on laisse le peloton partir devant, estimant qu’on fera la jonction lors du regroupement prévu sur les hauteurs du Donon. Sauf que la 2ème chambre ne résiste pas au gonflage, elle éclate, on le prend mal, le stress monte. La 3ème chambre, pas moyen de la gonfler, on s’énerve, on démonte, on s’aperçoit qu’elle est copieusement fendue. D’où vient cette malédiction ? La 4ème chambre est la bonne, semble-t-il. On part à l’assaut du Donon avec une demi-heure de retard. Pierre tire la morale de l’affaire : le mieux est l’ennemi du bien. Il a raison : si je n’avais pas touché à mon pneu arrière, on serait monté avec le groupe, et peut-être sans encombre. Pire : la veille, par précaution, j’ai mis un pneu neuf à l’arrière, l’ancien ayant déjà fait plus de 5000 bornes, sans être pour autant très abimé ; un pneu qui n’avait jamais crevé, et que j’aurais mieux fait de conserver ! Oui, le mieux est l’ennemi du bien.

Malgré le stress, le palpitant qui bat un peu trop fort en ce qui me concerne, nous grimpons, en sachant qu’on ne rattrapera pas le peloton, mais si tout va bien, en ne nous arrêtant pas, nous ne devrions pas arriver très en retard au restaurant. Sauf que survient une nouvelle alerte : mon pneu arrière ne tourne pas rond… on l’examine, il a l’air bien positionné, mystère. Dans la descente sur Schirmeck, j’ai un peu la trouille, je sens mon pneu qui tape, il ne ferait pas bon qu’il éclate. Nous entamons la montée vers le Struthof et les cimes du Champ du feu à 11h10, on pense possible d’arriver à la Serva vers 12h30, pour un peu ça baignerait… mais bientôt, mon pneu arrière est à plat. Nous n’avons plus de chambre de rechange, la voiture « suiveuse » est invisible, je regonfle, je parcours une centaine de mètres, et rebelote. Une seule solution : rouler sur la jante… Ce qui rend la grimpette nettement moins facile, mais, haut les cœurs, on n’est pas là pour se prélasser.

Ainsi, je me fais l’essentiel de la montée « dans le dur », d’autant que la roue arrière continue de taper fort. Un peu plus tard, je comprendrai que la chambre prêtée par Pierre est munie d’une très longue valve réservée aux jantes larges, et que sur la mienne, la tête de la valve fait un bourrelet qui empêche la roue de tourner rond. Péniblement, mais sûrement, je me hisse jusqu’à la route du sommet. On touche au but, le restaurant n’est plus très loin, je dis à Pierre de ne plus m’attendre et d’aller chercher du secours. Ce qu’il fait, sauf que cinquante mètres plus loin, il s’arrête à son tour : non, ce n’est pas une blague, c’est une crevaison ! Donc, nous voici tous les deux en carafe, sans chambre de rechange, dans le brouillard, et la camionnette n’est toujours pas revenue vers nous. On se dit qu’elle a dû rater la route du restaurant. Bingo, c’est bien ce qui s’est passé. Quand elle arrive enfin, Pierre vient d’achever de coller une rustine, à l’ancienne, stoïquement. Cette fois, on n’est pas mécontent de monter dans la caisse. Et de rejoindre enfin nos petits camarades.

L’ambiance est bonne, on se fait « chambrer », c’est le cas de le dire, le moral se regonfle. Après tout, ce n’est pas si grave, on a eu la poisse, ça arrive, mais on a le sentiment d’en avoir fini avec les ennuis. Georges est de la fête, à défaut d’avoir pu rouler avec nous. Nul doute que l’après-midi s’annonce sous de meilleurs auspices ; d’ailleurs, le soleil commence à percer, et de sa part, percer est une bonne chose. Grâce à Didier, le super-mécano, mon pneu arrière se trouve équipé, dans les règles de l’art, d’une nouvelle chambre à air. Ce pneu tout neuf ne semble pas avoir trop souffert d’avoir été martyrisé. Ça baigne !

Remonter sur la route du Champ du feu, passer le col de la Charbonnière, dégringoler vers celui de Steige, filer vers la route de Blaise, monter doucement vers Saales, grimper le col du Las, tout cela est un jeu d’enfants. Ou presque. Le soleil aidant, la randonnée de l’Ascension tient enfin ses promesses pour tout le monde (mais Gégé, un peu juste, a-t-il dit, s’est offert un raccourci, et on ne le reverra pas).

Et puis, et puis… voici que Pierre crève à nouveau (sa rustine qui a mal tenu ?). Pour éviter un scénario très prévisible, j’aurais dû ne pas m’arrêter, d’autant que nous sommes six à le faire. Mais Pierre m’a tellement secouru ce matin que je ne me vois pas me défiler. Et bien sûr, à peine remontés sur les biclous, nous menons grand train, je suis parfois à la limite de la rupture, je m’accroche, je fais beaucoup d’efforts, et l’on retrouve le peloton lors de l’arrêt prévu à Baccarat. Rebelote : les retardataires se font chambrer, je suis à nouveau à la fête, c’est mon jour. Mais enfin, voici la petite troupe réunie, cette nouvelle péripétie aura apporté un peu de piment à une deuxième partie qui en manquait un peu… On sait y faire, chez les Randos.

Comme il est tard et que les forces ne sont pas épuisées, les costauds se font un plaisir d’assurer un tempo très soutenu. Vraiment très soutenu, si bien qu’à l’approche de l’arrivée, je suis de ceux qui réclament qu’on ralentisse l’allure. On en est à 185 km parcourus environ, on s’est tapé dans les 2300 m de dénivelé, il semble sage de terminer une sortie Audax à moins de 35 km/h. Devant, ça ralentit un poil, mais pas pour longtemps, l’odeur de l’écurie est la plus forte. On approche, Lunéville ne sera plus très loin une fois passée la charmante bourgade de Saint-Clément… Clément, il y a des mots comme ça qui résonnent. Clément, clémence… ça a un petit côté rassurant.

Le peloton ralentit légèrement, ce qui paraît prudent. Mais les distances se réduisent entre les vélos, et en voici un devant moi, à ma gauche, qui me semble se rabattre quelque peu vers moi, peut-être n’ai-je pas anticipé la petite vague qui se forme. A ma droite il y a des vélos tout proches, impossible de me déporter de ce côté, pas suffisamment en tous cas pour éviter le scénario qui s’est dessiné en une fraction de seconde… pousser un cri n’y change rien, sinon que ça avertira peut-être ceux qui me suivent. Ensuite, le film s’accélère, je touche une roue arrière, mon vélo se sépare de moi, je n’ai plus rien pour me soutenir, et donc je me vautre, je me ramasse, je prends une fameuse pelle. A terre, c’est d’abord « arrêt sur image », je sais que j’ai pris un gadin, je suis conscient, je voudrais esquisser un geste, murmurer un mot : pas moyen, rien, ça ne répond pas. Un gros court-circuit. C’est contrariant. Je ne me souviens pas avoir déjà éprouvé cette sensation fort singulière. Faudrait pas que ça dure, je finirais par m’inquiéter, et les copains aussi, qui doivent me trouver bizarre.

Et puis les sensations reviennent, je sens mes douleurs, c’est plutôt bon signe, je ne suis pas paralysé, j’entends le doc Jean-Michel estimer que je n’ai pas la clavicule cassée, voici une bonne nouvelle. Gaby, qui aime à comprendre, me demande de lui expliquer ma chute, faudra qu’il patiente… On me dit que les pompiers vont arriver, je sens des gouttes sur mon front, si en plus je me prends une rincée, tout de même faut pas charrier. La caisse des pompiers, ce sera un vrai tape-cul, et leur brancard, il sera du genre rembourré avec des noyaux de pêche. Ce sera au bout du compte le pire moment de cette aventure imprévue. La suite, les dégâts, vous connaissez (fractures du bassin, quatre côtes cassées, luxation de l’épaule).

J’ai su plus tard que vous vous êtes pris une grosse averse avant d’arriver aux voitures. Désolé, je vous aurai décidément retardé au cours de cette belle journée pleine de promesses. Au moins ces promesses ont-elles été tenues pour la quasi-totalité du groupe. C’est une consolation. Quant à moi, faut croire que ce n’était pas mon jour.

Ce qui me chagrine maintenant, c’est de penser à toutes les sorties manquées depuis ce funeste 14 mai, et à celles que je vais manquer dans les prochaines semaines. Et dire que dimanche, le 7 juin, c’est mon projet de 300 km qui va tomber à l’eau ! Ce n’est pas juste, je proteste. Qu’est-ce que j’ai fait au Bon Dieu ?

« Tu n’avais qu’à pas tomber »… je crois entendre Saint-Clément me le répéter chaque jour. Chers amis, entendez son message : tomber, il ne faut pas !
Reynald

 

 

 

• Sortie du 10 mai 2015 : Latina chronica

Je vais dédier cette chronique à Christian, le Mousse de Bouxières, qui s’est mis depuis quelque temps à agrémenter nos sorties de citations latines. Et comme les langues anciennes sont menacées par la nouvelle réforme des collèges, ce sera une manière de les défendre, hic et nunc, une manière pas très sorbonnarde, il est vrai, mais il faut bien se faire comprendre. Donc, mêlé à quelques citations authentiques, c’est du latin de cuisine que je vais vous servir. Ne vous étouffez pas.

Ainsi, dixit Mussus Bouxierus, nous étions, ab initio, au départ de Nancy intra muros, quelques vingt homines pedalandi : Ave  Caesar, qu’ils ont dit en me voyant arriver, roulaturi te salutant ! Un peu plus tard, on a récupéré un revenant, Patrick le kiné, dit Patricius Digitalus (pour les raisons que l’on sait), et sur la fin le gloriosus GG VVV à peine redescendu du Mont Ventoux. Mais de façon prématurée, on avait perdu extra muros notre batavus amicus, Bert-Jan ayant eu la mauvaise idée de s’échapper avec l’inconnu du jour, un certain Roberto vêtu de bleu – comme je venais de lui faire remarquer, au Robertus caeruleus, que sa façon de ne pas jouer le jeu des relais était un peu bestialis et merdica, je n’ai personnellement pas regretter qu’on l’ait perdu. Vous allez me dire qu’il n’est pas le seul à se foutre des relais comme de l’an quarante : veritas horribilis, je vous le concède, aeternalis bordelus, dirais-je même, et on a beau le répéter ad infinitum, que dalle, ça ne marche pas, nihil advenit. Et il en sera ainsi in saecula cyclarum. Ita vita est. Dommage, car l’union fait la force : virtus unita fortior.

Mais l’incident a fait de la peine au velo-balayandus du jour, Christophus Primus Kiabus, qui aurait aimé ne pas égarer l’une de ses brebis, surtout au moment de traverser la sancta villa du regretté pape de Clémery, le diabolicus Clément XV : vade retro satanas, qu’il lui a dit, Mussus Bouxierus, touche pas à cet agnus Dei pedalandus, même s’il a péché envers le club des Cycli Randonni Nanceiani ! Déchargé de sa fonction après la pause, il s’est consolé, Christophus Hexacylindrus, en animant la furiosa partita manivellarum à laquelle s’est livré le premier groupe, gloriosa cohortis fortium. Dans cette débauche d’énergie se sont distingués ex aequo Petrus Mathematicus, Nativitus Musclor, Johannes-Lucius Medicus, JC Princeps, Mickaelus Faber (qui étrennait son superbe Cannondale), Gabius Maltosus, Philippus Deslandarum (autre revenant), JM Schwobaldus, sans oublier Mussus Latinissimus Bouxierus. Quant au scriptor randonnus emeritus lui-même qui vous raconte tout cela, il a fait ce qu’il a pu pour s’accrocher au char velossimus.

Et le scriptor ne peut donc rien dire du groupe de l’arrière, sinon qu’ils devaient être sept à musarder peinardement, plus peut-être l’éternel pédaleur errant et solitaire, que j’ai un instant aperçu, mais je ne sais plus où.

Comme il y a deux jours, le temps était parfait, la campagne riante, la pédalée souple, l’humeur joyeuse… Gloria in Excelsis Velo … Carpe diem, amicus cyclistus, n’aie pas de regret, ne manque pas de si beaux moments, car tempus fugit, memento mori, memento quia pulvis es.
Et si tu m’as bien compris, tu ne manqueras pas l’irremplaçable grande évasion ascensionnelle de jeudi prochain, le traditionnel 200 km Audax, le summum bonum de l’année, le nec plus ultra. Et ne l’oublie jamais : In velo veritas. Amen, amène-toi !
A jeudi, donc, et gaudete !
Renaldus Scriptor