La petite chronique de Reynald (4)

Le 29 janvier 2025

Maurice Barrès, pionnier de la bicyclette (suite)

La dernière fois, nous avions laissé à Toul les deux vélocipédistes de Maurice Barrès. Une précision : il s’agit bien de deux personnages de roman, mais imaginés par l’auteur d’après sa propre expérience, puisqu’il a lui-même effectué une partie du long périple qui mène de Bussang à Coblence. 

Le lendemain de l’étape de Toul, la chaleur étant très forte (nous sommes en juillet 1889), ils ne sont remontés sur leurs machines qu’à 6 heures du soir, pour rallier Pont-à-Mousson (60 kms) – en suivant toujours le cours de la Moselle, alors parsemé d’auberges mosellanes et d’invitations à la promenade. À Bouxières-aux-Dames, l’un d’eux fait une chute sans gravité. Près de Custines est évoqué le sort des vignerons pauvres, conduits à entrer à l’usine (les aciéries de Pompey) – il y est aussi question d’un de leurs amis né dans cette commune qui s’est rendu coupable d’assassinat.

Vous vous souviendrez donc des risques encourus lors du passage dans ces deux cités qui vous sont familières, Bouxières et Custines. Est d’ailleurs rappelé en cette occasion le vieux proverbe lorrain : « Il ne faut pas se moquer des chiens avant d’être sorti du village ». Sage parole à retenir également ! De même que la notation finale dans le récit de cette étape : gare à « la fatigue nerveuse chez un cycliste mal entraîné ». J’avoue que je me sens visé, moi qui viens de m’octroyer une abstinence cycliste de deux mois.

Dès le lendemain il leur faut franchir la frontière allemande, au prix de longues formalités. Très patriotes, ils guettent à Metz les signes de « résistance à la germanisation », ils se réjouissent d’entendre parfois parler le français (qu’on n’apprend plus à l’école), spécialement quand ils se mettent en quête d’un mécanicien pour faire réviser leurs vélos. Les étapes suivantes les mènent à Sierck, puis à Trèves en passant par Remich, par de belles routes plates bordées de poiriers et de pommiers, et dans une atmosphère de vacances – d’où cette remarque pleine de bon sens, que je me suis souvent fait un plaisir de citer, au risque de me faire mal voir – mais j’assume : « A quoi bon pédaler si vite ? » … Oui, à quoi bon ?

La petite chronique (3) : Le cycliste lorrain