La petite chronique de Reynald (5)

Le 3 mars 2025

Braguettes et cuissards : l’infortune des Lorrains

Le grand François Rabelais, dissertant joyeusement sur l’utilité des braguettes (dans le Tiers Livre, la suite de Pantagruel et de Gargantua), fait une exception qui concerne les malheureux Lorrains. En une époque où l’on ne portait encore ni pantalons, ni slips ni caleçons, la braguette était une pièce de vêtement protectrice, une sorte de coque, à l’image de celle qui faisait partie de l’armure des soldats (et qui était donc, quant à elle, en fer – on a tous vu ça au cinéma ou dans les musées). Selon Rabelais, il ne fait pas de doute que dame Nature a inspiré à l’homme l’invention de la braguette pour protéger la partie du corps la plus indispensable à la reproduction de l’espèce. Hélas, à l’en croire, certains infortunés étaient conformés de telle manière qu’ils ne pouvaient bénéficier de cette formidable invention :

« Faites exception s’il vous plaît pour les horrifiques couilles de Lorraine qui descendent au fond des culottes à bride abattue, abhorrent le manoir des hautes braguettes et échappent à tout système : témoin le noble Viardère, roi Valentin, qu’un premier mai, je trouvai à Nancy en train de décrotter, pour être plus chic, ses couilles étendues sur une table comme une cape à l’espagnole. »

Nul doute que Rabelais se serait réjoui de la moderne invention des cuissards, si précieuse pour les cyclistes de France et de Navarre, et plus particulièrement pour ceux de Lorraine, si l’on en croit la légende. 

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