Dimanche 29 janvier :
La reprise, enfin… La température n’est pas caniculaire, certes, mais tout de même positive : il n’en faut pas davantage pour que 17 pédaleurs sortent de leur tanière, un peu fripés, un peu rouillés, et néanmoins contents. Encore bon que le mois de janvier 2017 comporte cinq dimanches, faute de quoi on aurait connu un mois blanc. Blanc comme neige, blanc comme givre, et blanc comme l’abstention. Un non-mois.
Je crois savoir que quelques givrés ont tout de même roulé en janvier comme aux plus beaux jours : c’est quoi leur secret ? La graisse de phoque sur le corps, l’éthanol dans le bidon, les chaufferettes dans les gants ? Une dose d’inconscience et une bonne assurance…?
Dommage pour eux, ils ne connaîtront pas les joies de la reprise après un long arrêt, le plaisir retrouvé, et inégalable, de se propulser vers l’avant rien qu’en tournant les jambes. On finit par l’oublier, le vélo ce n’est pas autre chose que ce petit miracle : on s’assoit sur une selle, on fait tourner les manivelles, et voici que l’on se transporte soi-même, qu’on crée un mouvement dont on est à la fois l’auteur et le bénéficiaire. Et dire qu’il y a des décérébrés pour préférer chevaucher de barbares engins à moteur… Ils ne se meuvent pas ceux-là, ils sont mus ! Outre qu’ils puent et polluent. Le cycliste, lui, il est son propre moteur, il ne fait pas de bruit, il est discret, il se coule dans le paysage, il l’honore… En plaine comme en montagne, à chaque tour de pédale, il exprime sa gratitude, son effort est une offrande, sa récompense est sous ses yeux.
Il fallait bien ce petit couplet pour commencer l’année. Ce n’est pas prendre les choses de haut, c’est inviter à retrouver une saveur que l’habitude fait oublier, une valeur que la routine banalise : la vérité est que le vélo ne ressemble à rien d’autre, et qu’il est beaucoup plus qu’un sport. Allez, en 2017 on reprend la route, on oublie la routine. On retrouve les amis, on partage le plaisir d’avancer, de monter et de descendre. Et donc de jouer du dérailleur, l’instrument démocratique par excellence : quelle que soit son opinion, le cycliste s’adapte : en plaine, il roule au centre, en montagne il passe du tout à gauche au tout à droite. Comme quoi, dans le vélo, il y a même une vertu politique. Une vertu de modération, puisqu’en descente (tout à droite) il faut freiner, et qu’en montée (tout à gauche) on ne peut que ralentir.
Hier, il y avait de beaux paysages enneigés, et on a terminé la balade sous le soleil. On va vers le mieux.
Reynald