Je vais dédier cette chronique à Christian, le Mousse de Bouxières, qui s’est mis depuis quelque temps à agrémenter nos sorties de citations latines. Et comme les langues anciennes sont menacées par la nouvelle réforme des collèges, ce sera une manière de les défendre, hic et nunc, une manière pas très sorbonnarde, il est vrai, mais il faut bien se faire comprendre. Donc, mêlé à quelques citations authentiques, c’est du latin de cuisine que je vais vous servir. Ne vous étouffez pas.
Ainsi, dixit Mussus Bouxierus, nous étions, ab initio, au départ de Nancy intra muros, quelques vingt homines pedalandi : Ave Caesar, qu’ils ont dit en me voyant arriver, roulaturi te salutant ! Un peu plus tard, on a récupéré un revenant, Patrick le kiné, dit Patricius Digitalus (pour les raisons que l’on sait), et sur la fin le gloriosus GG VVV à peine redescendu du Mont Ventoux. Mais de façon prématurée, on avait perdu extra muros notre batavus amicus, Bert-Jan ayant eu la mauvaise idée de s’échapper avec l’inconnu du jour, un certain Roberto vêtu de bleu – comme je venais de lui faire remarquer, au Robertus caeruleus, que sa façon de ne pas jouer le jeu des relais était un peu bestialis et merdica, je n’ai personnellement pas regretter qu’on l’ait perdu. Vous allez me dire qu’il n’est pas le seul à se foutre des relais comme de l’an quarante : veritas horribilis, je vous le concède, aeternalis bordelus, dirais-je même, et on a beau le répéter ad infinitum, que dalle, ça ne marche pas, nihil advenit. Et il en sera ainsi in saecula cyclarum. Ita vita est. Dommage, car l’union fait la force : virtus unita fortior.
Mais l’incident a fait de la peine au velo-balayandus du jour, Christophus Primus Kiabus, qui aurait aimé ne pas égarer l’une de ses brebis, surtout au moment de traverser la sancta villa du regretté pape de Clémery, le diabolicus Clément XV : vade retro satanas, qu’il lui a dit, Mussus Bouxierus, touche pas à cet agnus Dei pedalandus, même s’il a péché envers le club des Cycli Randonni Nanceiani ! Déchargé de sa fonction après la pause, il s’est consolé, Christophus Hexacylindrus, en animant la furiosa partita manivellarum à laquelle s’est livré le premier groupe, gloriosa cohortis fortium. Dans cette débauche d’énergie se sont distingués ex aequo Petrus Mathematicus, Nativitus Musclor, Johannes-Lucius Medicus, JC Princeps, Mickaelus Faber (qui étrennait son superbe Cannondale), Gabius Maltosus, Philippus Deslandarum (autre revenant), JM Schwobaldus, sans oublier Mussus Latinissimus Bouxierus. Quant au scriptor randonnus emeritus lui-même qui vous raconte tout cela, il a fait ce qu’il a pu pour s’accrocher au char velossimus.
Et le scriptor ne peut donc rien dire du groupe de l’arrière, sinon qu’ils devaient être sept à musarder peinardement, plus peut-être l’éternel pédaleur errant et solitaire, que j’ai un instant aperçu, mais je ne sais plus où.
Comme il y a deux jours, le temps était parfait, la campagne riante, la pédalée souple, l’humeur joyeuse… Gloria in Excelsis Velo … Carpe diem, amicus cyclistus, n’aie pas de regret, ne manque pas de si beaux moments, car tempus fugit, memento mori, memento quia pulvis es.
Et si tu m’as bien compris, tu ne manqueras pas l’irremplaçable grande évasion ascensionnelle de jeudi prochain, le traditionnel 200 km Audax, le summum bonum de l’année, le nec plus ultra. Et ne l’oublie jamais : In velo veritas. Amen, amène-toi !
A jeudi, donc, et gaudete !
Renaldus Scriptor