Brève mise au point, pour commencer : mon allusion aux « énervés » de dimanche dernier n’a pas plu aux intéressés. Je le regrette. Toutes mes excuses. Toutefois, je continue de penser qu’on aurait pu se regrouper du côté de Port-sur-Seille. Certes, ça lambinait quelque peu à l’arrière, mais prendre parfois le temps de discuter, ou de lever la tête, ça fait aussi partie des charmes du vélo en groupe, n’est-il pas vrai ? Et puis, le ton de ma chronique était plutôt léger, comme presque toujours, je chambre volontiers, mais en évitant de dramatiser ou de blesser quiconque. Sourions plutôt de nos petits travers, de ceux de Pierre, Paul ou Jacques comme des miens.
Il reste que sur le fond j’ai toujours prôné moi-même que chacun y mette du sien : savoir pédaler en dedans quand il le faut pour les uns, faire l’effort de rester au contact pour les autres (du moment que le profil du parcours s’y prête). Autrement dit, ni énervés devant, ni énervés derrière…
Je m’explique : à l’origine le mot « énervé » signifiait privé de nerfs, donc de force, d’énergie – avant de prendre le sens presque opposé d’anormalement nerveux, de très excité. L’énervation fut aussi au Moyen âge un supplice consistant à brûler les tendons (appelés « nerfs ») des jambes et des genoux… Sûr qu’ensuite on n’était pas vaillant !
Pas question, vous l’aurez compris, de faire du vélo en étant « énervé », que ce soit au sens ancien du terme, ou au sens moderne. « Pas d’énervés chez les Randos ! », voici une devise qui résume l’affaire, et n’en parlons plus.
Un mot maintenant sur la sortie d’hier : 15 au départ, puis 18 une fois repris le gréviste d’Azelot (humour, je précise, des fois que…), le flingueur de pancartes convalescent, et le vénérable Georges. Jean-Mimi se propose de faire le balai, il est tout vêtu de noir, ce qui fait de lui le plus bienveillant des All black, pas comme ceux de la veille qui nous ont mis une dérouillée historique au rugby. Grâce à lui, et à la quasi-absence de côtes, le peloton arrive groupé à la pause de Moriviller : ni énervés mous ni énervés fous ; ça baigne.
Ensuite, chacun joue sa partie : le président et ses gardes du corps optent pour un petit raccourci des familles. Un peu plus loin, notre convalescent (Franck) s’offre en solo un mini-raccourci, évitant le secteur de Borville, escarpé, et bien joli. Et puis, et puis… ça dégringole sec sur Loromontzey, tant est si bien que la petite route sur la droite qu’il fallait prendre, tous la manquent… sauf bibi (merci à Franck, qui m’avait averti de la chose). Jacques et les deux Pierre seront les seuls à s’en aviser, ils me rattraperont un peu plus loin, on formera un quatuor tranquille, jusqu’à ce que Jacques s’arrête pour s’alimenter, avec l’idée d’attendre ceux qui se sont plantés… Mais ceux-ci (ce qui reste du peloton) auront filé vers je ne sais quelle destination : Villacourt ou Saint-Germain, ou Pétaouchnok, avant de revenir sur Bayon ? Le fait est qu’on ne les a pas revus, les écervelés, les perdus, qui n’étudient pas le parcours, faut croire.
Résultat des courses : 3 groupes, dont un seul qui aura fait le parcours prévu, plus Franck que le quatuor dont je faisais partie reverra sur la fin, plus Jacques qui aura attendu (et retrouvé ?) les paumés de Loromontzey… C’est rassurant, on sait briser la routine chez les Randos, on innove de semaine en semaine. Et tout cela, sans s’énerver le moins du monde.
PS : je vous joins une image représentant « les Enervés de Jumièges », d’après une légende qui veut que la femme de Clovis II ait fait « énerver » ses deux fils pour cause de trahison envers leur père… on avait le sens de l’autorité parentale, à l’époque.