Première sortie de septembre, première fraîcheur. Des retours de vacances, quelques réapparitions, dont celle du commissaire-qui-roule, et celle de Radio-Tour, ce dernier après plusieurs années d’abstention (il a pris du poids, mais il dévide toujours le même refrain). Une vingtaine d’amateurs au départ, avant que le peloton ne s’effiloche : VVV Gégé trouve que son vélo manque de nerfs et s’en retourne bientôt, le président doit rentrer vite pour raison familiale et ses fidèles lieutenants l’accompagnent.
Puis survient l’incident du jour vers le km 38, un peu avant la charmante bourgade de Barbonville (où la double allée de beaux arbres à l’entrée n’a pas encore subi la bitumisation galopante des bas-côtés qui ravage les communes rurales) : Cri-cri-six-cylindres est victime d’une crevaison, le peloton amenuisé l’assiste, vient le moment de gonfler la nouvelle chambre, et comme je m’avise qu’il y a là nombre de costauds qui ne vont pas manquer de carburer ensuite pour rattraper le temps perdu, je prends un peu d’avance, de même que Patou des Corbières.
Et nous voici tous deux pédalant, devisant, cheminant peinardement, en attendant que les Kostauds nous sautent sur le râble. La jonction devrait se faire lors de la montée vers Charmois. Mais rien de tel ne se produit : on se dit qu’on ne roule pas si mal, le vent arrière aidant. On s’approche d’Einvaux, le vent est devenu défavorable, on traînasse, mais toujours pas de jonction : on se dit que d’autres ont dû crever, que des garnements ont jeté des punaises sur la route (après notre passage). On pioche ensuite comme on peut dans les incessants coups de cul du parcours (mon compteur affichera 1120 mètres de dénivelé à l’arrivée), mais nous autres échappés ne sommes toujours pas repris, du côté de Méhoncourt (mais on court ?), de Romain, puis de Haussonville (on s’y hisse) : on se dit que derrière ils exagèrent, qu’ils n’en fichent pas la rame, ou qu’ils en ont plein les bottes.
Dans la belle descente sur Velle, on freine un peu, on leur laisse une chance, mais toujours rien, pas un pour nous rattraper, pas même un Gaby : on se dit qu’ils ont dû céder à la tentation, celle de s’arrêter et de marchander dans les brocantes et autres rutilants vide-greniers qui parsèment le parcours. Tant pis pour eux, on continue, on avale la côte de Benney, on dévale la descente sur Ceintrey, on se pousse du col à Pulligny, et on les imagine, les traîne-savate, suant et suffocant pour nous rattraper enfin… Frolois, on ne fait que le frôler (en préférant l’autre rive du Madon), on file sur Bainville, on se retourne, toujours rien. On rentre par Brabois, trop certains qu’à Maron on ne retrouvera personne. Tant pis, on aura fait 60 bornes en tête, tranquilles, efficaces, un peu inquiets tout de même pour nos petits camarades.
Ma rapide enquête du début d’après-midi me rassurera : rien de grave à l’arrière, Cri-cri avait re-crevé, puis son pneu arrière avait fait des siennes, et le groupe avait perdu plus de temps qu’il n’aurait fallu pour mettre un terme à notre échappée au long cours. Aussi bête que cela. N’empêche, on aura vérifié qu’il suffit de rouler régulièrement pour arriver à bon port. Quant au mythe des costauds, m’est avis qu’il a pris du plomb dans l’aile.